Test | Les Chroniques de Riddick
24 sept. 2004

Testé par sur
The Chronicles of Riddick

Vous n'avez pas tout suivi et c'est normal, après tout c'est la guerre des licences et Vin Diesel n'est pas vraiment un acteur connu. Ou alors, pas suffisamment, enfin moins que Jacques Chirac par exemple. Enfin bref, à l'origine, il y avait un petit film de série B, Pitch Black, pas mauvais d'ailleurs. Ensuite, chronologiquement, enfin d'après la chronologie de l'univers qui n'en était pas encore un remarquez, à l'époque, il y eut un film d'animation, Dark Fury. Et un jeu, Riddick. Puis un film, Les Chroniques de Riddick. Voilà, c'est un peu comme avec Matrix, Animatrix et Enter the Matrix, c'est la mode en ce moment : une même licence envahit tous les supports, histoire de créer du buzz, de la confusion et au final, un joli paquet de thune.

Moi Méchant, puis Gentil

A l'origine, Pitch Black est un bon petit film de série B, le genre de production qui s'assume et qui, sans péter plus haut que son budget, arrive à stresser un peu, à effrayer à peine et à divertir beaucoup. Le plus marquant, ce ne sont pas les espèces d'aliens qui attaquent dès que la nuit tombe, pile avant une éclipse solaire ; ce sont les cinq premières minutes du film, très bien conçues, la voix basse de Vin Diesel et son personnage de gentil salaud, qui pense à lui avant de penser aux autres. Ce tourne un peu en eau de boudin avec Dark Fury, l'anime de 30 mn dans lequel il protège une gosse et un moine alors que tous les spectateurs le supplient à genoux de les égorger direct. Surtout la gosse, insupportable. L'anime réalisé par Peter Chung (Aeon Flux, Alexander, Matriculated dans Animatrix) est un étalage de visage laids et de scènes d'action musclées, dont une évasion en gravité zéro et un combat final époustouflants. Vin Diesel tient le bar avec sa grosse voix et quelques répliques qui font mouche (une seule, en fait) mais le personnage de Riddick perd de sa substance à force d'aider les autres au lieu de les planter égoïstement. C'est pire avec le film Les Chroniques de Riddick où il sauve l'univers, rien que ça, histoire de foutre définitivement Bruce Willis au chômage.

Beau comme un Diesel

La bouffée d'air frais, enfin la giclée de sang salvatrice, c'est le jeu qui nous l'offre. Là, enfermé dans la prison de Butcher Bay, Riddick redevient le salaud qu'il a toujours été. Il tue des centaines de mecs pas tous armés, se cache dans le noir, brise des nuques, joue les loups solitaires, bref, un pur bonheur. Oh, il y a bien un passage où il escorte un pauvre gars en le protégeant, mais tout le monde a le droit de faire des erreurs. La vue subjective est très bien exploitée, les combats à mains nues aussi. C'est la première fois que ça marche vraiment, après l'inégal Breakdown. Ce qui fait plaisir surtout, c'est la brutalité de Riddick. Sa force évidemment, l'impression de puissance quand on le voit grimper une caisse sans tortiller du cul comme Lara C., balancer un direct en plein portrait ou saisir le canon scié d'un garde qui s'apprêtait à faire feu pour retourner l'arme et lui décoller la tête. Ca tient à peu de choses, une modélisation impressionnante, vraiment, une animation soignée, des bruitages convaincants et une belle voix mâle, encore, évidemment.

Court c'est bon

En fait, le seul vrai défaut du jeu apparait après quelques heures, quand on le termine en fait : diantre, c'est court. Une petite huitaine d'heures, dix pour les moins doués, suffisent pour en faire le tour ; après, il y a bien quelques bonus (images, vidéos) pour grignoter quelques minutes de rab mais c'est pas terrible. Non, pas de multi, pas de online, puisqu'on vous dit que le gars Riddick est un solitaire. Ca vous plairait de jouer le rôle du garde qui se fait briser la nuque ? Non, bon alors. Quelques petites fautes d'étourderie sont aussi bien pénibles, surtout liées à des scripts qui foirent. Un garde repère Riddick caché dans le noir par exemple, ou n'entre pas tant qu'on n'a pas pris tel objet, bloquant la porte, ou disparaît purement et simplement... ça fait un peu désordre pour un jeu console, aussi court de surcroît. Et puis la prison, pour chipoter, c'est bien mais un peu étouffant. On a beau se balader, visiter l'infirmerie, les égouts, c'est pas toujours très varié. Il n'empêche, rien qu'à cause de sa réalisation exceptionnelle pour de la Xbox, pour sa vue subjective vraiment subjective et pour son univers aussi glauque qu'impitoyable, Riddick mérite le détour. Pas le grand déménagement qui oblige à prendre la direction de l'Allemagne, non, juste la petite excursion champêtre, le week-end en amoureux, main dans la main, poing dans la gueule.
Les Plus
  • Super beau
  • C'est Vin Diesel !
  • Vue subjective très bien exploitée
Les Moins
  • Trop court
Résultat

Avoir vu Pitch Black, Dark Fury ou Les Chroniques de Riddick, ça ne sert à rien. Ca ne vous aidera pas dans le jeu et le jeu ne vous apprendra rien de bien nouveau. De toute façon, Dark Fury ne parle pas du jeu ou de la prison de Butcher Bay, à peine citée dans le film. Le seul pont entre tous ces supports, c'est un personnage secondaire commun à l'animé et à la suite, un chasseur de prime. Super. C'est vraiment marketing, donc, ce faisceau de supports. On ne peut même pas dire que l'univers est le même tant les décors sont différents : une planète hostile dans Pitch Black, un vaisseau dans Dark Fury, une prison dans le jeu et une ville dans la suite. Avec quatre personnages en commun, ça fait quand même gros prétexte ; la nouveauté par rapport à Matrix, c'est que là au moins chaque produit est plutôt réussi. Champagne.

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