Test | Split Fiction
10 mars 2025

Copains comme cochons

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Split Fiction

Dans Split Fiction, vous incarnez une ninja, un singe ou encore une fée. Mais surtout des cochons. Qui se roulent dans la gadoue. S'étirent comme un jouet. Et pètent des arcs-en-ciel. Le tout en coop, en local ou en ligne – la coopération étant au cœur du jeu, pour faire groink-groink de bonheur à deux.

L'histoire

Mio et Zoé, deux scénaristes spécialisées dans la science-fiction et la fantasy, se retrouvent enfermées dans une bulle cyber par une corporation maléfique. Elles vont voyager à travers leurs univers respectifs, en coopérant et en apprenant à se connaître au passage. Honnêtement, comme dans It Takes Two des mêmes développeurs, l'histoire, tout le monde s'en fiche. Vous serez souvent en train de parler avec votre partenaire pendant les (courtes) cinématiques, tant l'histoire et le méchant sont génériques. Ce n'est pas très grave : cette suite spirituelle est conçue pour vous faire rire à deux, chaque niveau débordant d'idées loufoques.
C'est un jeu de plateforme et de puzzle dédié à la coopération – il est impossible d'y jouer seul

Le principe

Classique : un joueur lance des fruits sur les ogres pour les distraire et faire passer l'autre.

Chaque niveau est un bonbon, ou une boîte de chocolats comme dirait Forrest Gump : vous ne savez jamais sur quoi vous allez tomber. Tantôt vous jouez une ninja dans un univers cyberpunk. Tantôt une fée. Un arbre. Ou encore des cochons (notre transformation préférée). Lister (et dévoiler) toutes les métamorphoses serait criminel, tant la découverte contribue au plaisir que procure le jeu. Mieux : chaque transformation fait l'objet de pouvoirs spéciaux à combiner pour progresser. Le triton peut nager au milieu des piranhas, tandis que l'arbre (à mi-chemin entre l'Ent et Groot) contrôle les algues dans lesquelles il doit se cacher. Plus le jeu avance et plus les phases deviennent ardues. Il faut bien se synchroniser (et parler) pour éviter de mourir.
Il faut combiner vos pouvoirs, différents à chaque niveau, pour progresser ensemble

Le multi

L'écran est toujours splitté, même en ligne, pour vous permettre de voir ce que fait l'autre joueur.

Encore que. La mort n'est pas vraiment punitive vu que les vies sont infinies. Et vous revenez automatiquement à côté de votre binôme. Si jamais vous mourez en même temps, vous ne perdez que quelques secondes de progression – le jeu sauvegarde automatiquement tout le temps. Même entre chaque nouvelle phase de boss (c'est presque trop). Ce sont plutôt les puzzles qui deviennent progressivement compliqués, comme celui avec trois oiseaux qui vous fera cogiter un moment. Ou le timing de certains sauts, quand l'autre joueur contrôle les plateformes que vous visez par exemple. Le jeu souhaite cela dit limiter au maximum la frustration, en s'adaptant en permanence au niveau des joueurs. Même si vous ratez un jeu musical par exemple, agaçant au passage votre comparse, pas de soucis : le boss vous fait passer automatiquement à la phase suivante après plusieurs échecs consécutifs...
Adeptes de gameplay exigeant, passez votre chemin : ce jeu coop est aussi méchant qu'un chamallow

Pour qui ?

Les courses-poursuites du monde cyber jouent sur la gravité : une ninja en haut, l'autre en bas.

Comme It Takes Two, ce jeu est parfait pour jouer à deux, avec un conjoint, un enfant ou son BFF. Il a un côté parodique, sympatoche, inventif, qui le rend vraiment attachant. Avec de temps en temps un petit pic de difficulté, un puzzle qui vous demande de réfléchir, avant de poursuivre avec une séquence plus rythmée. L'enchaînement des niveaux et des gameplays est incroyable de diversité et de maîtrise – même le pilotage de véhicules, souvent raté dans ces jeux qui empruntent à tous les genres, est ici très agréable. Dommage que les niveaux soient encore trop linéaires, avec quelques rares zones bonus à explorer, ou ouvertes : la plupart du temps, c'est un couloir. Varié, avec de nombreuses interactions entre les deux joueurs certes. Mais un long couloir quand même.
Le jeu en coopération parfait pour jouer avec son conjoint ou ses enfants

L'anecdote

Appuyez deux fois sur le grappin : le jeu n'enregistre qu'une commande pour vous éviter de tomber.

J'ai été agréablement surpris par l'accessibilité. Dès les premiers niveaux, vous devez sauter sur des plateformes étroites – le genre de séquence où les chutes, mortelles, peuvent s'enchaîner à la pelle. Pas ici : Split Fiction triche légèrement avec la maniabilité, imperceptiblement, pour vous faire réussir les actions. Il est très tolérant sur les timings par exemple. Le jeu aimante légèrement votre personnage sur les zones à agripper, ignore parfois des inputs erronés – comme quand vous appuyez deux fois sur la gâchette pour un grappin. 99 % des jeux enregistreraient la commande en trop et vous feraient tomber. Pas Split Fiction, qui ignore purement et simplement la pression de bouton supplémentaire. Discret. Malin. Et parfait pour maintenir le flow d'une séquence de fuite à deux.
Les contrôles sont très tolérants
Les Plus
  • Un rythme parfait : plateforme, action, puzzle, boss
  • Chaque niveau déborde d'idées
  • Maniabilité impeccable
  • Un seul jeu requis pour deux, même en ligne
Les Moins
  • Jouable à deux uniquement, en local ou en ligne : pas de solo
  • Graphismes un peu simples, direction artistique classique
  • Rejouabilité limitée : un grand couloir en ligne droite, sans bonus à débloquer
Résultat

Quelle réussite ! Varié, drôle, rythmé, ce jeu de plateforme, d'action et de puzzle coopératif est génial. Il est d'une générosité folle. Il ne se prend pas au sérieux (ah, ce paysan dont la ville est ravagée par des ogres et qui pleure la boulangerie locale !). Surtout, la maniabilité est exceptionnelle, l'accessibilité soignée. Alors oui, les graphismes sont un peu simplistes, le jeu devant tourner sur un maximum de consoles. La direction artistique un peu convenue. Et le jeu très linéaire, avec quelques rares zones ouvertes ou optionnelles. Sans objets à collectionner pour vous pousser à recommencer les niveaux. Ce n'est pas très grave. Il procure des moments incroyables et vous laissera des souvenirs chaleureux, à défier la gravité dans une ville cyberpunk ou à vous rouler dans la gadoue avec une queue en tire-bouchon. Groink-groink !

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