Test | Sid Meier's Civilization VII
18 avr. 2025

Pour le meilleur et pour le pire

Testé par sur
Sid Meier's Civilization VII
  • Éditeur 2K Games
  • Développeur Firaxis Games
  • Sortie initiale 11 févr. 2025
  • Genre Stratégie tour par tour

Après des années sans nouvel opus et un sixième épisode au contenu gargantuesque, Sid Meier's Civilization VII arrive enfin. Avec une entrée difficile auprès des joueuses et joueurs – des notes décevantes sur sa page Steam –, cette suite a la lourde tâche de réitérer l'expérience classique qui a posé les bases du genre. Philosophie assez connue parmi les fans, Firaxis Games garde son habitude : ⅓ de bases, ⅓ d'évolutions et ⅓ de nouveautés. Après toutes ces heures passées sur Civilization VI, il reste difficile d'envisager en quoi une suite peut proposer une nouvelle expérience.

L'histoire

La licence Civilization résonne dans la tête de beaucoup de joueuses et joueurs. L'idée parle d'elle-même : l'histoire des civilisations. Tout en puisant son contexte dans l'histoire de l'humanité, Firaxis Games propose une nouvelle fois sa machine à uchronie. C'est à vous de décider de réécrire l'Histoire comme vous l'entendez, en proposant votre propre what if ? à chaque nouvelle partie. Le concept phare de Civilization est de vous placer à la tête d'une civilisation afin de l'amener au sommet de la gloire en faisant face aux obstacles. Ses mécaniques narratives racontent l'histoire de l'humanité, guerres, famines, catastrophes écologiques, enjeux politiques et tant d'autres événements. Jusqu'ici, la série avait habitué à ne choisir que sa civilisation. Égypte, Inde, Allemagne, États-Unis, Australie ou encore Inca, les précédents opus en proposent un large panel. Le titre se veut tiré de l'Histoire pour son contexte et motiver sa proposition de jeu, mais profite de la portée ludique du médium jeu vidéo pour briser la logique qu'on prête à ses connaissances historiques. Cette fois-ci, en plus de choisir un peuple, vous choisissez un dirigeant. Benjamin Franklin peut désormais être à la tête de l'Égypte par exemple, vous laissant profiter des bonus de chacun. Firaxis Games est resté dans son idée de tordre la réalité pour y insuffler du fun. Rappelez-vous cette anecdote sur Gandhi dont un bug a mené à un dirigeant étonnement belliqueux... dans le jeu évidemment !
Un générateur d'uchronie

Le principe

Une nation enfermée par ses voisins....

Père du genre tel qu'il est à présent connu, Civilization conserve sa base 4X. Pour rappel, les quatre X correspondent à explore, expand, exploit et exterminate. Les grands principes sont simples : une carte découpée sous forme de cases et des actions à réaliser en tour par tour. Vous dirigez vos villes, déplacez vos troupes, exploitez les ressources et négociez avec vos voisins. Au fil d'une partie, de nouvelles découvertes vont vous permettre d'avancer d'ères en ères afin d'échanger le gourdin contre la bombe atomique. Les conditions de victoire restent sensiblement identiques à ce que vous connaissez de la série : le triomphe militaire, culturel et scientifique. La victoire religieuse est cependant troquée contre la victoire économique et ses conditions bien à elle. Civilization VII rate l'occasion de proposer une victoire écologique qui pourrait correspondre aux enjeux modernes actuels. À chaque âge, une sorte de journal vous permet de suivre les différentes étapes de victoire. Pour gagner, il ne faut plus atteindre une certaine valeur du score spécifique à la victoire, mais valider différents objectifs. Évidemment, le multijoueur est de la partie, si tant est que vous et vos amis avez un planning assez flexible. Car oui, Civilization VII reste le jeu chronophage que vous attendez !
Civilization VII garde les bases de ses aînés

Les évolutions

Chaque nouveau citoyen vous permet d'aménager une nouvelle case.

Cette nouvelle itération de Civilization voit sa gestion des villes entièrement remaniée. Dans la même idée que d'avoir poussé leur ambition visuelle, ce nouveau gameplay permet une évolution continue de vos cités. Les bâtisseurs ont disparu – plus besoin de gérer leurs charges de construction – et laissent leur place à un aménagement de cases à chaque nouveau citoyen. Une notification vous invite à sélectionner l'endroit que vous souhaitez afin de profiter des ressources et avantages de la case. Rapidement, vos territoires vont se densifier jusqu'à ce que le manque de place vous pousse à remplacer d'anciens bâtiments par de nouveaux. La ruralité laisse place à une urbanisation plus intense, à l'instar du cheminement de l'humanité. Par ailleurs, vos colonies se présentent sous différents statuts. Avant de devenir des villes, elles seront d'abord des communes. Plus compliquées à aménager, car demandant de l'or plutôt que de la production, elles vous laissent le temps de les faire grandir avant de les convertir en villes. Enfin, le comportement des cités-états est différent de ce que vous connaissez si vous avez l'habitude de la série. Celles-ci peuvent être pacifiques ou bellicistes, mais vous laissent l'opportunité d'investir en elles une nouvelle ressource – l'influence – pour prendre la cité sous votre elle. À l'issue de cet investissement, vous pouvez choisir d'en être suzerain ou de l'absorber dans votre nation. Parmi les autres changements notables, la possibilité de naviguer le long des rivières permet des manœuvres tout à fait différentes des précédents opus. Vos unités navales peuvent maintenant traverser les continents. Vos sous-marins ne se retrouveront plus forcément bloqués au milieu de lacs.
Une gestion des villes entièrement remaniée

Les nouveautés

L'usure de guerre fait son apparition.

Outre la possibilité de choisir sa synergie de dirigeants et civilisations, Civilization VII regorge de nouveautés. Le plus grand changement est assurément le système d'âges. Auparavant, les différentes époques étaient rythmées selon les âges d'or et les avancées technologiques. Ici, la transition est nette, vous voilà dans une nouvelle étape de jeu qui impose même un chargement pour mettre à jour la partie selon les nouveaux enjeux. Trois grandes ères composent une partie : l'Antiquité, l'âge de l'Exploration et l'ère Moderne. Un choix curieux en ce qui concerne l'époque moderne qui aurait largement pu être découpée en deux. Elle représente des changements structurels majeurs, de la vapeur aux technologies futures, tout en passant par le nucléaire. Il reste à espérer un éventuel changement en ce qui concerne l'avenir de cette dernière ère.


La diplomatie est elle aussi remaniée par le simple ajout d'une nouvelle ressource déjà citée précédemment : l'influence. Bien que la plupart des actions diplomatiques soient similaires aux autres épisodes de la série, de nouvelles opportunités font leur apparition. Assez proche de ce que Civilization VI faisait avec les types d'alliances, vous pouvez dorénavant conclure des traités variés, de la culture à la nourriture, de la science à l'économie. Vous devez dépenser une valeur fixe d'influence pour proposer un traité, mais avez le choix d'en dépenser ou non pour avoir plus ou moins d'avantage lorsqu'une civilisation étrangère vous fait une proposition. Il en va de même pour imposer des sanctions ou se donner un avantage en temps de guerre. Car la guerre évolue elle aussi avec un système d'usure de guerre. Le temps est un nouvel élément à prendre en compte dans vos conquêtes. Ces dernières sont par ailleurs bien plus agréables avec l'ajout du commandant. Maintenant, vos troupes peuvent être empaquetées dans votre unité de commandement pour des déplacements plus aisés. Avant un combat, vous pouvez sortir et mettre en place vos unités. Ces commandants peuvent débloquer de nouveaux bonus apportant de nouvelles mécaniques de combat, vous poussant à adopter différentes formations pour profiter de ces avantages.
Civilization VII regorge de nouveautés

Pour qui ?

L'écran de choix d'une nouvelle civilisation est austère.

Ce nouvel opus de la saga Civilization s'adresse s'adresse à un large public, au risque de froisser certains habitués. En tant que néophyte, vous avez là une version modernisée qui pourrait totalement convenir. Il est à noter qu'après toutes ces années, Sid Meier's Civilization VI reste l'expérience ultime avec un jeu complet, alimenté par toutes ses extensions. Si toutefois vous avez fait le tour du sixième opus, cette suite offre un vent de fraîcheur. Il faut tout de même s'attendre à ce que l'avenir de Civilization VII ne se fasse pas sans nouveau contenu, pour espérer égaler ses ancêtres.


Civilization VII présente une sorte de paradoxe en ce qui concerne l'ergonomie. Certaines évolutions offrent un gameplay plus agréable, comme l'ajout des commandants pour les déplacements de troupes, alors que d'autres fonctionnalités sont absentes. Elles peuvent sembler futiles, mais l'impossibilité de sélectionner plusieurs recherches à la fois ou encore les panneaux de gestion de villes trop simplifiés amènent à une dissonance entre cette envie de simplification et ce manquement en termes d'expérience utilisateur. Par ailleurs, la direction artistique ne peut que vous laisser nostalgique de ce qui avait été fait sur Civilization VI. Tout est terne et d'une désuétude à toute épreuve.
Une ergonomie décevante

L'anecdote

Les villes restent très détaillées.

Civilization V et VI ont été pour moi des jeux doudous. Ce sont ces jeux que vous relancez régulièrement et dans lesquels vous retrouvez votre zone de confort. Le plaisir est de retour sur cette suite, mais la sensation d'une direction artistique en deçà du précédent opus me rappelle ma première approche de Civilization VI. À l'époque, fervent joueur du cinquième épisode, je n'ai pas été emballé par cette esthétique cartoonesque et son interface. Avec le temps et le recul, j'adore cet univers qui correspond parfaitement à cette idée de traficoter l'histoire de l'humanité. Après un certain temps, je ne retrouve pas cette prise de recul sur ce nouvel opus qui s'est dirigé vers des visuels datés dont je ne comprends personnellement pas les choix artistiques. Civilization VII reste pour moi à garder dans sa besace en attendant d'être au niveau de ses aînés.
La direction artistique manque de saveur
Les Plus
  • L'expérience Civilization
  • Des ajouts et évolutions cohérents et jouissifs
  • La synergie entre dirigeants et civilisations
  • Le nouveau système de combat
  • Les opportunités diplomatiques
Les Moins
  • L'ergonomie en deçà de ses aînés
  • La direction artistique convenue et son interface désuète
Résultat

Rien ne se perd, tout se transforme. C'est de cette manière que la philosophie de développement des Civilization se fait : ⅓ de bases, ⅓ d'évolutions, ⅓ de nouveautés. Et c'est aussi ce concept de gameplay qui rythme les piliers ludiques de Sid Meier's Civilization VII. Les passages d'ère font évoluer ce que vous possédez déjà, et les aménagements modernes recouvrent peu à peu les bâtisses plus anciennes. L'idée de ce nouvel opus est assurément cohérente, tout en conservant vos habitudes si vous êtes joueur ou joueuse de la série. Évidemment, ne proposant que le jeu de base sans des années d'ajout de contenu, l'expérience n'est pas aussi complète que ses aînés. Mais jouer à ce nouvel opus est un plaisir, tout de même marqué par une ergonomie bancale. La principale déception réside finalement dans une direction artistique assez convenue et une interface utilisateur quelque peu désuète.

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