Test | The Legend of Zelda : Echoes of Wisdom
08 oct. 2024

Quand Barbie devient Ken

Testé par sur
The Legend of Zelda : Echoes of Wisdom
  • Éditeur Nintendo
  • Développeur Nintendo
  • Sortie initiale 26 sept. 2024
  • Genres Action, Aventure, Réflexion, Rôle

C'est le monde à l'envers : pour la première fois dans un jeu Zelda, vous incarnez... Zelda. Le petit elfe vert Link s'est fait capturer comme un gros nul. C'est donc à vous, la princesse esseulée, de botter des culs et de sauver Hyrule dans ce jeu d'aventure-action tout choupi. Le tout avec élégance, grâce et subtilité : vous dupliquez tout ce qui vous entoure (lit, caisse, arbre) et tout ce qui bouge (chauve-souris, fantôme, serpent) pour vous battre ou pour... pioncer. Au choix.

L'histoire

Catastrophe ! La princesse Zelda s'est transformée en Ronflex. Où qu'elle aille, elle dort. Le roi fait un briefing dans la salle du trône ? Elle pionce. Ganon l'attaque avec ses boules de feu ? Elle ronfle entre deux salves. Une cave avec des fantômes ? Hop, elle sort un lit de sa poche telle une Mary Poppins de pixels et tape un petit roupillon. La narcolepsie est une arme : elle permet de recharger ses cœurs. Et ce sera bien nécessaire dans cette aventure improbable où Link s'est fait happer par une faille démoniaque, et où c'est à Zelda de sauver Hyrule. Pour une fois.
Zelda tape Ganon entre deux siestes : pourquoi ne s'est-elle jamais libérée toute seule avant... ?

Le principe

Saleté de lundi matin.

Sortir un lit à tout moment pour recharger sa vie, c'est pratique. Mais impossible de frapper Ganon et ses sbires avec. Pour survivre, vous devez capturer des ennemis et les utiliser comme des Pokémon de combat : il faut les vaincre d'abord puis copier leur "écho", utilisable ensuite à l'infini. C'est la grande particularité du jeu, et elle est un peu clivante : Zelda n'a aucune arme de base. Rien, nada. Sa seule chance de survie, c'est souvent l'esquive ; en empilant des objets "copiés" pour passer au-dessus des gardes. En créant des échos de steaks pour distraire les cochons armés. Et surtout en dupliquant les ennemis tués. Les débuts sont laborieux, au point de vous faire regretter l'absence d'attaques directes. Puis plus vous jouez, plus vous vous constituez un catalogue d'objets et de monstres à combiner. Mention spéciale au requin, très dur à battre mais tellement pratique pour nettoyer les étendues d'eau ensuite.
Il y a plus de 125 échos mémorisables dans le jeu – dont un nounours !

Les échos

Trouvez VOTRE solution pour atteindre ou activer à distance l'interrupteur à gauche.

Autre écho très quali : le loup, redoutable avec ses esquives et sa vitesse d'attaque (demandez à Ganon). Ou ce chevalier dont l'armure résiste à la plupart des projectiles. Bref, à vous de trouver le bon ennemi pour chaque situation, sachant que les combats sont un peu mous. Les ennemis (et du coup vos échos) n'attaquent que toutes les trois secondes en moyenne : alors oui, c'est lent. Il faut ruser en créant un nouvel écho aussitôt après une attaque (c'est instantané). Ou en perturbant vos ennemis : vous pouvez "accrocher" les monstres avec un faisceau vert et les bouger pour aider votre écho (ou mieux, pour les lâcher au-dessus d'un trou). Autre option : vous attacher à eux et les laisser vous traîner. L'intérêt ? "Copiez" une araignée : elle vous permettra d'escalader les falaises les plus abruptes, quitte à atteindre des zones normalement inaccessibles. Youhou ! Zelda marche sur les arbres !

Et puis, il y a les puzzles, nombreux. À la complexité très progressive. Ventilateurs qui vous poussent dans le vide (hop, créer des caisses vous abrite), interrupteur emmuré (hop, un fantôme traverse les parois), mur trop haut (hop, trampoline). Il n'y a pas de problèmes, il n'y a que des échos comme disait Virgile. Mention spéciale aux premiers donjons qui vous apprennent à utiliser tous ces échos et à ré-flé-chir. Exemple avec un interrupteur et une statue inaccessibles, placés derrière une grille. Bon sang mais c'est bien sûr : il suffit d'"accrocher" la statue avec le faisceau vert de Zelda et de la traîner jusqu'à l'interrupteur. Facile. Puzzle suivant : même chose, mais l'interrupteur est en hauteur et la statue au ras du sol. Ah, ah ! Sachant que l'interrupteur suit TOUS vos déplacements, quelle est la solution... ?
Seule entorse aux échos : la (brève) transfo en épéiste bleu pour attaquer directement

Pour qui ?

Les ralentissements sont très nombreux, avec les tornades de ce boss par exemple.

Cette liberté, cette richesse, cette difficulté progressive, c'est vraiment ça, le talent de Nintendo. Ah il sont bons, les bougres. Vous pourriez vous dire, depuis 1986, il y en a eu des jeux Zelda. Ils se ressemblent tous. Mais non : les échos changent radicalement la façon de jouer. Vous invoquez des objets pour résoudre des énigmes (ou tout simplement sauter par-dessus un mur). Vous collectionnez des monstres que vous invoquez ensuite pour combattre. Vous trouvez vos propres solutions à tous les problèmes rencontrés. Un fragment de cœur perché en haut d'une colonne ? Vous invoquez une araignée et vous vous liez à elle pour l'atteindre. Ou vous créez des cubes d'eau pour nager dedans verticalement. Ou vous empilez des objets. Comme dans Tears of the Kingdom (mais sans jauge d'endurance, alléluia). Un régal, terni uniquement par des grosses chutes de frame rate encore plus présentes que dans le remake de Link's Awakening hélas.
L'école du gameplay, mais pas de la technique

L'anecdote

La déco de ce donjon devrait vous rappeler quelque chose.

Echoes of Wisdom s'inspire énormément de la Super Nintendo et de son épisode emblématique, A Link to the Past. La carte du monde est quasi identique avec de grands classiques comme le village Cocorico, la forêt sacrée au nord, le désert à l'ouest, etc. Vous retrouverez des donjons au même endroit, comme le Temple de l'Est. Leur contenu change, bien sûr, et Echoes of Wisdom emprunte aussi aux jeux plus récents avec l'ajout des Gorons, des Zoras et des chevaux (pas très maniables). Sans oublier les failles qui rappellent énormément le Dark World, ou les easter eggs comme l'attaque des poules façon Hitchcock. Tout est familier tout en étant différent, ce qui est fantastique pour les vieux joueurs comme moi. C'est le plus bel hommage à ce joyau des années 90 depuis le fantastique A Link Between Worlds.
Village Cocorico, ranch (Lon Lon ?) : ce Zelda multiplie les clins d'œil
Les Plus
  • Les échos changent la façon d'explorer, de se battre et de résoudre des énigmes
  • La collectionnite marche à fond : plus vous avez d'échos, plus vous avez d'options
  • Le monde ouvert accessible d'emblée, que vous fassiez la quête principale ou non
  • Les innombrables surprises comme le costume de chat
  • Les failles avec leur topographie chamboulée
  • Tous les clins d'œil aux précédents jeux, dont la Super Nintendo
Les Moins
  • Les ralentissements et chutes de frame rate
  • Les combats mous au début, le temps de trouver les bons échos
  • Le cheval pas super maniable (il avance tout seul)
Résultat

Quel dommage que des ralentissements et des chutes de frame rate gâchent la fête : Echoes of Wisdom est un petit bijou d'inventivité qui renouvelle complètement la série. L'invocation d'échos pour dupliquer montres et objets, couplée à l'impossibilité de se battre directement (hors transformation en épéiste très temporaire), vous force à réfléchir autrement. Comment vaincre ce sorcier qui lévite ? Cette méduse électrique ? Ce scorpion qui se cache dans le sable et réapparaît dans votre dos ? Sans parler des puzzles très bien fichus, dont certains vous demanderont de cogiter (un peu) et de passer en revue vos innombrables échos pour trouver le plus adapté (beaucoup). Plus qu'une réussite : une masterclass.

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