Dans l'espace, personne ne vous entend rager
- Éditeur Fellow Traveller
- Développeur Jump Over The Age
- Sortie initiale 31 janv. 2025
- Genres Indépendant, Rôle
Vous aimez souffrir ? Si oui, Citizen Sleeper 2 : Starward Vector est fait pour vous. Dans ce visual novel de survie spatiale avec des dés, l'échec fait partie intégrante de l'expérience.
L'histoire
L'écriture
Pour échapper à Laine, il faut régulièrement changer de station – une des nouveautés de cette suite.
Le gameplay
Les dés faibles sont souvent inutiles. Pensez à votre compétence spéciale pour déclencher un reroll.
Pour compliquer le tout, chaque action est plus ou moins risquée, les plus dangereuses exigeant un dé de cinq ou de six pour éviter un malus. Il faut aussi avoir la bonne compétence : demander à un Opérateur qui a zéro Endurance d'aider à décharger des conteneurs diminue la valeur du dé inséré... Sans compter que les dés ont aussi une jauge de santé, ils peuvent s'abîmer voire casser. En bref : plus vous ratez d'actions, plus vous cumulez d'handicaps. Le côté aléatoire des dés et la difficulté extrêmement élevée, même en mode Facile, fait que vous réussissez toujours sur le fil, ce qui est grisant... mais aussi que vous échouez souvent. Sans que cela conduise à un Game Over pour autant, qui vous permettrait de recommencer la mission. Le jeu valide votre échec, sauvegarde automatiquement (il n'y a aucune sauvegarde manuelle possible), puis vous dit de prendre votre sac en jute, vos fèves, vos raisins secs et de vous casser à Montélimar. Vraiment : vous ne compterez pas les missions ratées, parfois à UN cycle (tour) près, où vous rentrez bredouille à la station la plus proche. Souvent parce que le jeu vous donnait trop de dés de un ou de deux. Frustrant. Injuste.
Pour qui ?
Faites un maximum de missions pour engranger de l'XP et devenir le plus versatile possible.
L'anecdote
Le traumatisme : rester coincé en chemin, faute de carburant.
Je me souviens avoir reposé le Steam Deck, sur lequel le jeu tourne parfaitement, et avoir pensé : en fait, je ne m'amuse pas. Mais là où j'ai senti le jeu aspirer mon âme, c'est sur les missions avec un nombre de tours limités. Comme ce bunker à percer, avec un seul équipier doté de l'Endurance nécessaire, Yu-Jin... qui tire deux fois de suite des dés inutiles. Sans compétence "Push" pour booster ses dés (vraiment, jouez la classe Extracteur). Sachant que je n'avais que cinq tours de nourriture pour faire toute la mission. Là, j'ai insulté la sauvegarde automatique qui empêche de revenir en arrière. Cela dit, une fois le jeu laborieusement fini, après quatorze heures et deux cent cycles, force est de constater que j'aime beaucoup cette suite. Les thèmes qu'il aborde : identité, possession, technologie. L'ambiance aussi, avec ces bruitages de réacteurs qui ronronnent et ces quelques notes de musique éparses. Ces personnages cassés – il y a une brutalité et une dangerosité permanentes qui évoquent immédiatement les meilleurs jeux de survie. Et qui vont vous hanter longtemps, même une fois le jeu terminé. D'ailleurs il m'obsède : je n'ai qu'une envie, c'est de recommencer une partie en Difficile, avec le mode Permadeath. Aidez-moi...
- L'écriture visual novel très réussie
- Les choix moraux à faire
- Les systèmes de jeu complexes avec les dés, comme dans un jeu de rôle papier
- La tension extrême des missions qui se gagnent ou se perdent au cycle (tour) près
- Les petites jauges à remplir partout, avec des bruitages si satisfaisants
- Toutes les interrogations sur la technologie, la conscience, la liberté, qui traversent le jeu
- Compatible Steam Deck (textes un peu petits) et macOS
- La difficulté injuste : mauvais tirage de dés plusieurs tours d'affilée, malus cumulés, coûts de nourriture et de transport...
- Sauvegarde automatique uniquement : un choix osé vu la difficulté et le côté arbitraire des dés
- Pas de traduction française au lancement
Citizen Sleeper 2, c'est un peu le conjoint toxique : vous l'aimez, mais vous savez bien qu'il abuse de vous. L'histoire est top (sauf la fin, un peu abrupte), les protagonistes attachants, les systèmes de dés complexes et l'exploration passionnante. Qu'est-ce qui cloche alors ? La difficulté, souvent injuste quand vous ramassez deux voire trois fois de suite une main catastrophique avec des dés inutiles, alors qu'il ne vous reste plus que quelques tours pour réussir une mission. Le tout avec une sauvegarde automatique impitoyable. Vous avez l'impression que le jeu vous maltraite volontairement, que les probabilités ça ne marche pas comme ça. Un peu comme quand vous ratiez deux fois de suite un tir à 90 % de réussite dans XCOM 2. À vous de voir comment vous réagissez face à l'injustice : vous allez sûrement tomber amoureux de ce jeu généreux, tout en vous détestant de l'aimer. Ah, et ce conjoint ne parle qu'anglais, accessoirement.