Test | The First Berserker : Khazan
07 avr. 2025

Ça fait du bien là où ça fait mal

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The First Berserker : Khazan
  • Éditeur Nexon America
  • Développeur Neople
  • Sortie initiale 27 mars 2025
  • Genres Action, Aventure, Rôle

Dans The First Berserker : Khazan, vous incarnez un barbare et ça se sent. Vous brisez des crânes, éviscérez des ours et empalez des lézards dans ce jeu d'action-aventure qui reprend tous les codes des Dark Souls. Ce n'est que justice : vos ennemis font pareil. Un jeu qui pourrait être vendu avec un flacon de Synthol.

L'histoire

La vie est trop injuste. Comme Caliméro, le grand Général Khazan a le seum : ce beau barbare musclé à la crinière blonde a été trahi par la cour de l'Empereur de Pell Los. Vous commencez dans une cage, en route pour les montagnes Stru, les tendons des deux bras sectionnés. Un léger handicap pour un jeu d'action. Une grosse avalanche plus tard, vous vous réveillez à moitié nu dans la neige, guéri par une entité démoniaque, Spectrelame, qui veut à tout prix vous posséder. C'est le début d'un long calvaire.
Vous incarnez Khazan, le général déchu qui va se venger (Maximus ! Maximus !)

Le principe

Double lames rapides, grosse épée lente ou lance équilibrée : à vous de choisir à tout moment.

Vous avez joué à Dark Souls ? Alors enfilez vos charentaises, ce The First Berserker : Khazan s'en inspire largement. Des épées en flammes pour sauvegarder et améliorer vos statistiques, quitte à ressusciter tous les ennemis de la zone : check. Des combats difficiles basés sur des parades et des esquives plus serrées qu'une rame de métro parisienne : check. Des pièges honteux comme un ver géant qui vous balance dans le vide (mort instantanée), un ennemi qui vous tourne le dos mais qui est protégé par un autre bien planqué, ou encore des chauve-souris qui vous font tomber d'une poutre suspendue : check et re-check. Une monnaie pour améliorer vos statistiques que vous gagnez à chaque ennemi tué mais que vous devez récupérer sur votre cadavre fumant en cas de mort : encore check. Des boss redoutables qui sont autant de murs de difficulté brutaux : check & mate. La formule est ultra connue (coucou Lords of the Fallen), mais ici elle n'est hélas pas maîtrisée pour autant.
Difficulté punitive, combats exaltants : pas de doute, c'est un Souls-like

La difficulté

Les âmes de défiance simulent les invasions spectrales des Souls like. Parfaites pour farmer.

Qu'est-ce qui fait un bon Souls-like ? Qu'est-ce qui a rendu Dark Souls III ou Elden Ring légendaires ? Leur gameplay, leur level design et leur difficulté. Rajoutons le lore cryptique, à la fois glaçant et sublime, qui leur donne un statut mythique. Sur le premier point, ce Khazan fait un sans-faute. Les combats sont nerveux, difficiles et hyper satisfaisants. Les systèmes de jeu avec compétences à débloquer, parfaits. Les boss, incroyables (voir encadré). Alors qu'est-ce qui cloche ?

Commençons par la difficulté. Les développeurs ont intégré un mode Facile plus généreux en dégâts subis comme infligés, mais qui ne règle pas le souci numéro un du jeu : des pics de difficulté très inégaux. Vous pouvez rouler sur un niveau avec votre arme favorite puis tomber sur un ennemi puissant soudain hyper résistant à vos attaques. Même chose avec les boss : même si arrivez à éviter toutes leurs attaques, les vôtres ne leur font d'abord aucun dégât ou presque. Voir une barre de vie qui fait toute la largeur de l'écran disparaître millimètre par millimètre est déprimant – vous vous laisserez parfois mourir pour revenir au point de sauvegarde et faire du leveling, et ce en Facile comme en Normal. Injuste et incompréhensible : c'est comme s'il fallait atteindre un niveau minimum pour pouvoir passer ces ennemis précis. C'est l'école Excel qui remplace l'école du skill, du get good.
Les pics de difficulté sont aléatoires – les boss bien sûr, mais même certains ennemis sacs à PV

Pour qui ?

Oui, il y a un marais. Et une grosse araignée soudain dix fois plus résistante que ses congénères.

Si vous aimez les Souls-like, The First Berserker : Khazan a pas mal d'atouts : des combats hyper nerveux, des boss incroyables et un respect touchant pour toutes les règles du genre (y compris le marais empoisonné, ce qui entre nous n'était pas indispensable). La difficulté en dents de scie ne devrait pas non plus vous faire peur : que celui qui n'a pas farmé des raies volantes dans le remake de Demon's Souls vous jette la première pierre.

Le vrai souci, c'est que plus vous avancez dans le jeu, plus le level design plan plan et la direction artistique terne rendent le farm répétitif. Dans Dark Souls III au hasard, la beauté des décors, la narration environnementale ou encore la mélancolie qui transpirait des vieilles pierres que vous exploriez sublimait l'expérience. Rien de tel dans Khazan. Les aplats de couleurs ressemblent à de mauvais filtres Instagram, sans trouvailles graphiques pour rehausser la palette de marrons, de verts ou de bleus. Il faut donc vraiment aimer la nervosité des combats et la perfection des boss pour continuer, passées les huit ou dix premières heures excitantes (sur la quarantaine environ pour en voir le bout).
Les combats sont extraordinaires, les niveaux et le le lore moyens

L'anecdote

Jeux de lumière, musique orchestrale... La mise en scène de ce boss est magistrale. Un grand moment.

Cela faisait bien longtemps que je ne m'étais pas pris autant de claques avec des combats de boss. Le jeu commence en douceur avec un yéti aux patterns très lisibles, qui reprend en plus certaines attaques de versions mini déjà croisées. Puis continue gentiment avec Spectrelame, le démon qui cherche à vous posséder et qui rappelle énormément le Penetrator de Demon's Souls (je n'invente rien, c'est son petit nom). Mais là où le jeu m'a vraiment conquis, c'est avec Vipère, l'homme lézard. Quel charisme. Quelle mise en scène. Le voir s'auto-mutiler devant vous avant d'attaquer sa seconde phase, dans une arène enneigée subitement plongée dans la pénombre... avec ses petits yeux brillants rôdant en périphérie de la zone éclairée par votre misérable lanterne... le tout avec une musique orchestrale sublime et des attaques littéralement foudroyantes... Quelle Masterclass. Un de mes plus beaux souvenirs de boss, peut-être avec la Danseuse de la Vallée Boréale de Dark Souls III, ou bien sûr Malenia dans Elden Ring. Il lui manque juste quelques répliques cultes, quelques insultes bien placées comme Tarnished ou Maidenless !
Seul regret : impossible de faire ce boss à deux comme dans la plupart des Souls-like
Les Plus
  • Les combats nerveux et lisibles
  • Les boss dignes de FromSoftware, une Masterclass
  • Les compétences dont on peut changer comme de chemise (ou d'arme)
  • Les trois types d'arme, pour varier les approches
  • Le mode Facile, même s'il reste très bancal
Les Moins
  • Des pics de difficulté très aléatoires : le farm casse la progression
  • Un level design peu inspiré, des missions qui copient-collent des niveaux
  • Une direction artistique moyenne, qui ne tutoie pas le sublime des FromSoftware
  • Pas de mode coop même pour les boss – hérésie ! Juste des invocations d'IA
Résultat

Voilà un jeu bien étrange. Il commence sur les chapeaux de roues avec les meilleurs combats du genre, à la fois nerveux et parfaitement lisibles. Avec les meilleurs boss jamais vus dans un Souls-like, tout à fait dignes d'un Dark Souls III (ah, Vipère... !). Tout ça pour finir empalé sur des murs de difficulté aléatoire : ici une araignée géante gavée de points de vie, là un ennemi qui se régénère en vous blessant... Ajoutez des niveaux peu inspirés, une direction artistique terne et un lore très classique, et l'excitation des débuts fait vite place à l'ennui. Le farming devient d'ailleurs un peu trop fréquent, même en Facile. Espérons que les développeurs reviendront avec une suite plus équilibrée, au lore, au level design et à la direction artistique plus soignés – parce que les fondamentaux du combat sont bien là.

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