Test | Silent Hill 2
17 oct. 2024

Au cœur de vos ténèbres

Testé par sur
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Silent Hill 2
  • Éditeur Konami
  • Développeur Bloober Team
  • Sortie initiale 8 oct. 2024
  • Genres Action, Aventure, Horreur, Survival

Survival horror iconique sorti en 2001 sur PlayStation 2, Silent Hill 2 fait l'objet d'un remake. Graphismes entièrement refaits, sound design hallucinant, utilisation exemplaire de la DualSense sur PS5, ray tracing sur PC : tout est fait pour vous en mettre plein la vue. Mais est-ce que le cœur du jeu fonctionne toujours autant, plus de 20 ans après ?

L'histoire

Bienvenue à Silent Hill, petite ville paisible située au bord d'un lac. Nous sommes ravis de vous accueillir ! Oui, même vous James, qui avez reçu une lettre de votre femme décédée. Et qui avez deux-trois trucs à vous reprocher, pas vrai (clin d'œil) ! Rien de mieux qu'un petit séjour ici pour oublier vos démons votre quotidien chargé et profiter d'un séjour relaxant.

Des rangées de maisons rustiques et pittoresques émaillent ce magnifique paysage de montagnes. Lorsque vient le crépuscule, la surface du lac de Toluca brille de mille cadavres feux. Silent Hill vous séduira et vous apportera la paix éternelle. Votre séjour ici sera à coup sûr agréable et vous laissera des souvenirs inoubliables. Fuyez James, votre femme est vivante morte !
Est-ce vraiment votre Mary qui vous invite à Silent Hill... ?

Le principe

La vue de dos trop rapprochée emprunte beaucoup aux survival horror récents.

Dès que vous récupérez un flingue, ce remake vous fait penser à Resident Evil 2 Remake. Même vue de dos (très) rapprochée, même réticule de visée qui met une seconde à se stabiliser sur un ennemi, mêmes énigmes un peu lourdingues à base d'objets à récupérer partout... Reste une grosse différence, qui va vous sauter aux yeux dès les premiers pas : l'ambiance. Là où les Resident Evil tablent souvent sur l'action, Silent Hill 2 fait plutôt dans le malaise permanent. Et dans la violence psychologique : sévices, agressions, maltraitance, des thèmes que les autres jeux évitent soigneusement.

La particularité de cet épisode, c'est cette audace. Il aborde des thèmes traumatiques et violents qui peuvent sincèrement déranger les plus sensibles. Un disclaimer bourré de spoilers s'affiche d'ailleurs à chaque partie. À raison, tant le jeu maintient une pression constante. Manette en mains, le sound design est magistral – musiques crispantes, radio qui grésille à l'approche d'ennemis, respiration lourde de James en bout de course ou après un combat... L'impression de jouer un personnage hitchcockien, lambda et dépassé par les événements, donne une coloration particulière au jeu.
Une jeune fille charmante vous accueille dans le cimetière...

Pour qui ?

Maria ressemble à votre femme, version délurée. Son adresse préférée en ville ? Le strip club... !

Vous avez aimé Alan Wake II ? Ses troubles psychologiques, son héros torturé, ses bascules entre monde réel et double infernal ? Ses déplacements leeeeents, ses allers-retours pénibles ? Parfait ! Silent Hill 2 est fait pour vous. N'espérez pas un survival horror typé action : James n'est pas Leon Kennedy, c'est un citoyen lambda qui crache ses poumons après un sprint. Et qui ahane dès qu'il a mis le moindre Lying Figure au tapis, ces créatures enfermées dans une camisole de chair.

Pour peu que vous passiez outre la maniabilité un peu rigide, et la course beaucoup trop lente vu le nombre d'allers-retours imposés, vous tomberez peut-être sous le charme vénéneux de cette ville mystérieuse, brumeuse, où les drames et les vicissitudes du passé remontent lentement à la surface de votre conscience. Au-delà de sa beauté plastique et de sa direction artistique dantesques, c'est un jeu au sous-texte extrêmement violent qui ne vous laissera pas indifférent. Ni indemne. Un peu comme Heavy Rain, aussi. Reste qu'il faut surmonter les archaïsmes du level design, avec ses intérieurs pénibles.
Un héros lambda plongé dans l'horreur absolue

L'anecdote

Les combats de boss sont réussis ratés. Surtout si vous n'avez pas économisé vos munitions...

J'ai failli lâcher la manette après deux heures de jeu (sur la dizaine requise pour le finir), à force d'errer dans les appartements répétitifs de Wood Side puis de Blue Creek. Pourtant tout avait bien commencé : le début du jeu m'avait happé avec son ambiance sonore incroyable, son atmosphère singulière – l'arrivée en ville et la première rencontre surnaturelle sont une masterclass. Mais une fois la résidence Wood Side atteinte, rien à faire : les trois étages composés chacun d'une dizaine de chambres trop similaires, puis le passage à une version bis du bâtiment, ont freiné puis éteint mon enthousiasme. La principale raison... ? Des énigmes à tiroir, prétextes à des allers-retours plombant (réparer une balance avec trois figurines pour obtenir une des trois aiguilles de l'horloge qui elle-même...). Ce jeu souffle en permanence le chaud et le froid.

Comme Alan Wake, James court lentement. Beaucoup trop pour des énigmes qui vous demandent de crapahuter tout le temps – surtout que le jeu vous oblige à contourner en permanence des portes fermées et des grilles. Le tout avec une carte qui ne vous dit jamais si vous avez récupéré tous les objets d'une pièce, contrairement à celle de Resident Evil 2 Remake – seuls les objectifs sont annotés, et ce n'est pas toujours suffisant. J'ai bien fait de persévérer, cela dit, poussé par le scénario, les personnages. La rencontre avec Maria donne un coup de fouet au jeu. Tout comme le retour aux rues brumeuses, après les couloirs répétitifs. Ensuite, c'est à nouveau le drame : le jeu continue d'alterner intérieurs claustrophobiques avec énigmes Fedex (l'hôpital Brookhaven, la prison de Toluca, l'hôtel Lakeview...), et rues embrumées. Si vous n'avez pas aimé les déplacements lambins de Alan Wake II, ni les combats de boss brouillons, passez peut-être votre chemin : Silent Hill 2 a les mêmes travers.
Plastique moderne, ossature vieillotte
Les Plus
  • Le sound design, magistral
  • L'ambiance incroyable, oppressante
  • La réalisation, notamment sur PC
  • L'utilisation magistrale de la DualSense sur PS5, de son haut-parleur notamment
  • Les thèmes abordés – matures pour certains, clivants pour d'autres, dérangeants pour tous
Les Moins
  • Le level design daté avec ses allers-retours lambins pour résoudre des puzzles
  • La carte qui manque cruellement d'indications
  • Les combats de boss brouillons
Résultat

Silent Hill 2 ne va pas vous laisser indifférent. Son atmosphère unique, à la fois mélancolique et angoissante, doit beaucoup au sound design : musiques glaçantes, radio crachotante quand les monstres approchent, couloirs sombres à peine éclairés par votre lampe torche... Sans parler des thèmes ultra glauques abordés de façon très crue et mature par le jeu. Plus de vingt ans après, le bond technologique est remarquable. Dommage que le level design rappelle un peu trop les jeux des années 90-2000 avec ses allers-retours répétitifs, sa carte pas très claire et ses déplacements ultra lents. Plus ses boss éponges à balles. Des archaïsmes clivants, qui ne choqueront pas les fans du genre mais qui risquent de lasser les autres... Vous êtes prévenus.

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Tribune libre