Test | Dragon Quest III HD-2D Remake
26 nov. 2024

Le Sommet des Vieux

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Dragon Quest III HD-2D Remake

Tiens, c'est la mode : après Sea of Stars, Triangle Strategy ou encore Octopath Traveler 2, voici un nouveau jeu de rôle à l'ancienne avec des graphismes choupi (et une difficulté de gitan). Qu'est-ce que Dragon Quest III HD-2D Remake, un jeu de 1988 quand même, a comme petit truc en plus pour se distinguer de la meute et se hisser au sommet... ?

L'histoire

Vous incarnez un héros aux cheveux en pétard qui part à l'aventure sur des musiques badaboum – pensez à la Marche turque de Mozart, le genre de mélodies orchestrales qui vous rentrent dans le crâne pour ne plus en sortir (à écouter ici). Vous êtes le rejeton du célèbre Ortéga, un chevalier sans peur et sans reproche disparu au combat. À vos 16 ans, le roi d'Aliahan vous donne 50 pièces d'or et un coup de pied aux fesses pour explorer le monde, trouver des clefs magiques, des orbes, un piaf et au final, si vous ne trépanez pas dans une pyramide maudite ou au fond d'un océan, espérer vaincre un Archidémon. C'est le début d'une grande aventure avec des combats au tour par tour aléatoires, des personnages hauts en couleur (dont beaucoup ont un pet au casque) et surtout une exploration débridée : vous pouvez aller n'importe où, et c'est vivement conseillé.
Un Archidémon à taper, un monde à explorer, trois compagnons pour vous aider : la vie d'aventurier !

Le principe

Vous pouvez automatiser les combats. Utile pour les rencontres lambda, dangereux face aux boss.

Dragon Quest III HD-2D Remake est étonnamment moderne pour un jeu NES sorti en 1988 au Japon. Sa principale caractéristique ? L'exploration. Des pans entiers du jeu sont placés un peu partout, en bonus, à découvrir en parcourant la carte à pied, en bateau ou en piaf – comme ce village elfe qui déteste les humains (au hasard : vous). Le jeu ne s'embarrasse pas de journal de quêtes : ici il faut enregistrer jusqu'à 30 conversations pour se souvenir que tel marchand a perdu sa cargaison au sud d'une montagne, ou qu'un village voisin ne donne plus signe de vie. Et pour cause, ses habitants étant tous endormis par magie. Puis c'est à vous de décider ce qui vaut le coup de faire un détour ou pas. C'est fascinant de voir un jeu laisser des morceaux scénarisés de son aventure sur le bas-côté, sans garantie que le joueur ne tombe dessus ; à la Baldur's Gate III. La satisfaction n'en est que plus grande quand vous enquêtez par exemple sur le sort de deux amoureux rejetés par leurs communautés respectives... vu qu'aucun marqueur de quête secondaire ne vient polluer la carte, contrairement à tant de mondes ouverts modernes.
Le monde est débarrassé de marqueurs de quêtes (et ça fait un bien fou)

L'exploration

Une fois le bateau débloqué, l'aventure devient encore plus ouverte.

Après, c'est un peu à la Dragon's Dogma 2 : il faut étudier la carte, choisir une direction, réécouter une conversation en chemin, en un mot : s'aventurer. Et c'est génial. Tellement différent de Final Fantasy VI Pixel Remaster ou Sea of Stars au hasard, plus directifs et linéaires. Et de quantité de jeux modernes, mondes ouverts y compris, qui vous obligent à parler à tel ou tel personnage, à activer tel ou tel script, pour qu'il se passe enfin quelque chose dans une zone à laquelle vous aviez pourtant accès (coucou Star Wars Outlaws & co). Ici, si vous voyez un donjon au loin, vous pouvez y aller. Y entrer. Tenter le boss. Même si vous n'avez pas le niveau, comme pour la pyramide. Et que vous repartez avec une main devant et une derrière (pour revenir plus fort, plus tard). À la Elden Ring en fait.
L'exploration est toujours récompensée : loot, donjons annexes, villages paumés, etc.

Pour qui ?

Il suffit d'un groupe d'ennemis coriaces pour mettre toute votre équipe par terre.

Ce choix est parfois frustrant. Perdre tout un groupe à cause de gorilles énervés, de dragons ou de flageolets magiques qui balancent des sorts de zone sur tout votre groupe, est forcément énervant. Parfois vous n'arrivez tout simplement pas à soigner vos personnages assez vite par rapport aux dégâts qu'ils prennent. Il suffit d'une mauvaise rencontre, contre des momies invocatrices de zombies hyper résistants par exemple, pour finir au cimetière des héros. C'est que le papy des jeux de rôle ne mégote pas sur la difficulté.

C'est le revers de la médaille : Dragon Quest III HD-2D Remake est un jeu de 1988 et ça se sent, avec des pics de difficulté parfois intenses. Il faut ruser, fuir les combats inutiles, utiliser la téléportation ou... les quelques nouveautés de ce remake. Comme baisser la difficulté (en mode facile, votre groupe ne peut plus mourir). Automatiser les combats (feu à volonté, économiser la magie, soigner en priorité, etc.) ; tout en les accélérant, pour expédier ceux sans enjeux. Autant de petites améliorations cosmétiques qui permettent à chacun de profiter de ce monument du jeu vidéo. Et de remettre peut-être un peu en perspective de nombreux jeux plus récents, tellement plus linéaires. Moins ambitieux.
La difficulté est épicée. Pensez à la téléportation si votre groupe est train de caner

L'anecdote

Les rois sont tous foufous. Certains échangent un bateau contre du poivre. D'autres abdiquent !

Dragon Quest III HD-2D Remake est un jeu drôle qui m'a fait rire plus d'une fois. Comme cette momie dont vous pillez le trésor et qui sort de son sarcophage. Reconnaissez que vous lootez comme un goret et que oui, c'est bien vous qui dérangez son repos éternel, et elle vous remerciera pour votre franchise avant de repartir pioncer (sans combattre). Ou ce roi fainéant qui abdique en votre faveur, dès que vous le rencontrez : si vous acceptez, vous devenez vraiment calife à la place du calife. Toutes les conversations changent, depuis l'aubergiste qui vous demande de baisser les impôts, en passant par le villageois qui se plaint de ces bons à rien d'aventuriers (sans vous reconnaître – coupez-lui la tête). Et le roi ? Il s'amuse au Colisée local dans des combats de monstres (une des nouveautés un peu bof du jeu), au milieu de la plèbe. Quand vous en aurez assez de la vie de château, vous pourrez lui rendre sa couronne. Il faudra bien pour continuer l'aventure, vu que les gardes ne laissent pas Sa Majesté quitter la ville, "pour Sa sécurité". Snif.
Faites attention quand vous répondez. Le jeu vous prend très au sérieux
Les Plus
  • La liberté d'exploration
  • La réalisation sublime
  • Les musiques réorchestrées
  • Les améliorations customisables : difficulté, combats automatiques, etc.
  • L'humour omniprésent (puff ! puff-puff !)
  • La nouvelle classe Monstrologue, les combats de "Pokémon" (anecdotiques, mais ça ne mange pas de pain)
Les Moins
  • Impossible d'annoter la carte du monde
  • Difficulté en dents de scie
Résultat

Avec ses graphismes magnifiques et ses musiques enjouées, Dragon Quest III HD-2D Remake ferait presque oublier son grand âge. Quel plaisir de se balader partout, de noter les indices mentionnés par les villageois, de tomber par hasard sur une tour à loot ou un village bonus (tous facultatifs). Les petites améliorations cosmétiques : difficulté paramétrable, combats automatisés, mission principale à afficher sur la carte, etc., permettent d'éviter la frustration liée à une difficulté souvent rude. Voilà un vieux jeune jeu qui se hisse au sommet, à côté des milléniaux dirigistes (dont beaucoup feraient bien de s'en inspirer).

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