Test | Deliver Us The Moon
31 août 2024

De la poussière dans les yeux

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Deliver Us The Moon

Presque 5 ans après sa sortie, Deliver Us The Moon atterrit sur la Switch. Pourquoi maintenant ? Mystère. Toujours est-il que ce (moon) walking sim spatial nous avait tapé dans l'œil à l'époque. Mais sur Switch, ne vaut-il mieux pas être aveugle plutôt que de voir ça ?

L'histoire

La Terre, amas de poussière au bout de ses ressources, a monté une mission lunaire pour y exploiter un miraculeux gisement permettant de délivrer une énergie quasi infinie. Cette mission a subitement coupé tout contact avec la planète bleue (enfin, beige) alors que tout semblait bien se dérouler. Au bout de quelques années sans nouvelles, cette coupure devient suspecte. Que s'est-il passé là-haut ? Un incident irréversible ? Une rébellion des colons pour garder toute l'énergie pour eux ? Une attaque extra-terrestre ? Ou tout bêtement Jean-Michel qui a juste oublié de redémarrer le routeur ? Pour en avoir le cœur net, vous, oui vous, êtes envoyé sur place, l'un des derniers représentants d'une race humaine en perdition. La fusée chargée de vous propulser en orbite va consommer une énergie monstre, mais qu'importe, vous êtes leur dernier espoir.
L'énergie du désespoir

Le principe

Ce flou généralisé intervient régulièrement et, non, le héros n'as pas bu d'alcool.

S'intégrant dans la longue lignée des walking sim, Deliver Us The Moon ne loupe aucun des poncifs du genre : aucun être humain à l'horizon, des déambulations rythmées par des mémos audio et moult portes à débloquer, le tout ponctué de quelques phases d'action propres à l'univers spatial. Mais saluons l'effort : la recette fonctionne, surtout dans une base lunaire désaffectée où l'ambiance sordide évoque un mix entre Prey et Dead Space, les aliens en moins. Vous remontez donc la trace des différents membres de l'équipe pour comprendre ce qui s'est passé, alternant entre des lieux de fête et des morgues improvisées. Ambiance.

Et pourtant. La manière dont cette histoire pourtant poignante est distillée pose problème : des mémos audio, des reconstitutions en hologrammes, ainsi que des notes papier. Les deux premiers ne montrent jamais les visages des personnages, et vous l'imaginez bien, le drame qui s'est déroulé n'est pas consigné dans l'ordre : recoller les morceaux de qui a fait quoi est tellement peu évident que le jeu vous propose un résumé des notes trouvées dans le menu pause, sorte d'aveu de faiblesse. Quant aux notes écrites, laissez tomber : elles sont illisibles sur l'écran Switch et bien trop longues en version retranscrite, notamment les échanges de mails interminables. Au final, les secrets que renferment la base semblent vous glisser entre les doigts, comme de la poussière de Lune. Dommage.
Promettre la lune, c'est bien, mais mentir c'est mal

Le portage Switch

Vous arrivez à lire votre réserve d'oxygène dans le dos, vous ?

Que s'est-il passé ? Pourquoi ce titre si joli sur PS5 / PC / Xbox X/S a-t-il été sacrifié sur l'autel de la Switch ? En termes techniques, il ne s'agit pas d'un portage mais d'un demake : adapter un titre sur un support plus ancien et/ou moins puissant. Et clairement, Deliver Us The Moon n'y gagne pas au change tant les problèmes s'accumulent au détriment de la jouabilité. En résumé : lag et lisibilité nuisent grandement à l'expérience, au point de rendre certains passages clés carrément injouables.

Comme vous le constaterez sur l'ensemble de ces captures d'écran, un flou général habille le jeu. Il ne s'agit pas d'un flou de mouvement, mais un flou bien présent tout au long de l'aventure, avec une intensité variable amenant parfois à rendre l'interface illisible (comme le nombre de secondes d'oxygène restantes, des panneaux de direction...). Même en restant statique. Si le titre voulait réaliser une campagne de prévention contre les méfaits de la myopie sévère et non détectée, pari réussi. Résultat, vous galérez à trouver le bon chemin à moins de vous coller aux panneaux, vous gérez votre oxygène au feeling, et vous ratez parfois des piles énergétiques, noyées dans une bouillie de pixels. Remarquez, cela renforce le stress et l'ambiance de survie du jeu.
Apollo 13 s'est mieux déroulé

Pour qui ?

Avec des hologrammes sans visages, difficile à suivre le fil.

Cette version Switch est une aberration vidéoludique qui ne devrait pas avoir le droit d'exister. Le titre est très bon (sur tout autre support), l'histoire tient la route, l'ambiance est là, vous avez envie d'aller jusqu'au bout. Mais la Switch, définitivement en fin de course, ne mérite pas Deliver Us The Moon. Si le titre vous tente et qu'aucun autre support ne vous est disponible, retenez-vous très fort. Conseil d'ami.
Éclipse totale sans lunettes de protection

L'anecdote

Pour le bien de tous, choisissez un autre support.

J'avoue, à un moment donné je me suis retrouvé coincé et j'ai jeté un œil à un walkthrough sur Youtube pour comprendre ce que j'avais raté. Je suis tombé sur la version PS5 et je suis tombé de ma chaise en même temps. Attendez, c'est ça Deliver Us The Moon ?! Mais pourquoi je me retrouve avec un... une... ça en mains ? Je me suis rué dans les réglages, j'ai cherché partout des paramètres pour changer quelque chose, la résolution, n'importe quoi, qui me permette enfin de voir correctement ce qui devrait être vu. En vain. J'ai donc poursuivi mon aventure de myope et une fois arrivé au dernier chapitre, celui où normalement on balance la sauce pour que la Terre ait à nouveau de l'énergie, le jeu a planté. Pouf, comme ça. Je l'ai relancé : impossible de charger ma partie. Switch éteinte, rallumée, idem. J'ai été bon pour recommencer le chapitre, qui n'est pas le plus léger. Et bam ! en plein milieu, une nouvelle fois le jeu qui plante. Alors vous savez quoi ? La Terre elle peut se brosser pour avoir de l'énergie, tant pis pour elle, hop, basta, ciao, ça sera sans moi.
L'écran noir de la face cachée
Les Plus
  • Ça l'air super sur PS5
Les Moins
  • Ultra moche
  • Des éléments du jeu illisibles
  • La Switch qui rame
  • La sauvegarde qui plante
Résultat

Ce verdict porte bien sur la version Switch. Pour le jeu "normal", reportez-vous au test dédié. Ce demake proposé pour la portable de Nintendo part sûrement d'une bonne intention, mais en voyant la catastrophe se profiler, il est incompréhensible que le projet n'ait pas été abandonné en cours de route. Résultat, même s'il est bon de viser la Lune, ça n'est pas dans les étoiles que le titre atterrit, mais dans un beau crash au sol. Du lag, des décors pixellisés au possible, un héros et une interface flous, au point de saborder le gameplay par manque de lisibilité ? Comment cela a pu passer les phases de validation ? En tout cas pour nous, c'est un échec de la mission.

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