Test | Loco Motive
01 janv. 2025

Le crime était loin d'être express

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Loco Motive

Un meurtre à bord du Reuss Express ? Et vous voilà accusé ? Mais vous n'êtes qu'un naïf avocat, propulsé malgré vous sur le devant de la scène, qui plus est dans un costume un peu trop voyant. N'est-ce pas là un stratagème pour vous mettre une cible sur le dos ? Prenez votre souris, embarquement immédiat pour Loco Motive, le plus chic des point & click.

L'histoire

À bord du Reuss Express, le plus chic des trains des années 1930, la vénérable Lady Unterwald s'apprête à annoncer à qui elle compte léguer son immense fortune et son empire ferroviaire. Sa vielle sœur, des deux neveux abrutis, son concurrent, son médecin, son avocat, un agent du gouvernement, un auteur de polars en perdition, et une société secrète sont pendus à sa bouche quand soudain... le train passe dans un tunnel. Lorsque la lumière revient, vous l'avez deviné : Lady Unterwald git dans une marre de sang. Stupeur et tremblements ! Qui a osé pousser mamie un peu plus vite dans les orties ?

Pour résoudre cette enquête, vous revivez les faits selon trois points de vue : Arthur, l'avocat de Lady Unterwald, un scribouillard pas très à l'aise sur le terrain malgré sa carrure de gorille, aussi naïf qu'un lapereau mais déterminé comme jamais à blanchir son nom. Puis Herman, enquêteur amateur, auteur de romans d'espionnage sur le déclin. Et enfin Diana, agente secrète infiltrée dans le train pour sa première mission contre l'avis de son patron. Vous voyez un peu le topo.
Un double héritage

Le principe

Naviguez dans de multiples intrigues loufoques.

Chacun des trois personnages vous permet de vivre les quelques heures précédant le meurtre : ils ne se connaissent pas et évidemment chacun sert son propre objectif avant que tout déraille. Après la mort de Lady Unterwald, le jeu bascule dans un système croisé en naviguant d'un personnage à l'autre, ce qui n'est pas sans rappeler la mécanique de quelques célèbres titres fondateurs comme Day of the Tentacle. Tout au long de l'aventure, Loco Motive reste fidèle aux éléments moteurs d'un bon point & click : interagir avec d'autres personnages via des dialogues à choix multiples, dans le but d'obtenir des informations ou déclencher des actions ; collecter des objets – et ce de manière logique, votre inventaire ne fourmille pas d'objets absurdes et c'est tant mieux – ; et les combiner entre eux ou avec des éléments du décor.

Avec ce système de narration triple, vous naviguez à la fois en terrain connu et en terre inconnue, tout au long de ce luxueux train qui donne sérieusement envie de revivre les années folles. Car selon qui vous incarnez, les personnages non joueurs n'interagissent pas de la même manière. Les cuisines, par exemple, occupées par trois cuistots franchouillards tournent à plein régime en fin de journée, avec Herman. Mais une fois le soir tombé, quand Arthur démarre son aventure, tout est à l'arrêt... Cette gymnastique temporelle donne ainsi le souffle nécessaire pour palier un environnement clos, même si l'action s'étend ensuite au commissariat et dans le manoir Unterwald, mais de manière plus limitée.
Questionnez, combinez, observez

L'ambiance

Le titre dégage une vibe LucasArts totalement assumée.

Rien dans Loco Motive n'est laissé au hasard. Le titre emprunte volontiers au grand maître LucasArts et ne s'en cache pas : les références sont nombreuses et assumées. Visuellement, le jeu colle complètement aux hits du début des années 1990 : des animations cartoonesques, des premiers plans ombrés qui découpent la scène, des dialogues fluos... Tout colle parfaitement. Le son est par contre une grosse mise à jour du genre : la bande-son jazzy vous porte tout du long sans lasser, et les dialogues, surtout, sont incroyables. Certes, le jeu n'est doublé qu'en anglais, mais quel travail ! Les personnages sont incarnés à la perfection, ce qui rend les échanges diablement délicieux à suivre.
Le doublage aux petits oignons

Pour qui ?

Un point & click ne serait rien sans son célèbre inventaire.

Loco Motive est bourré d'humour et de références culturelles. Rien que pour profiter de cette bonne humeur générale, le titre vaut le détour. Mais évidemment, son aventure reste le moteur principale. Et la trame à trois voix s'imbrique parfaitement, sans faux-pas, sans se marcher dessus. Les trois anti-héros apportent chacun leur pierre à l'édifice, sans risque de monotonie : vous raccrochez les wagons sans peine. Et même si parfois les quelques énigmes peuvent vous interpeller, il existe une aide dissimulée dans le téléphone de bord, vous permettant d'appeler un réel détective à la rescousse : sans tout dévoiler, il vous glisse un indice, voire plusieurs si vous en avez besoin. Il manque peut-être un carnet de notes pour se rappeler quoi faire après une pause de quelques jours, mais cela reste rattrapable.
10 heures trépidantes garanties !

L'anecdote

Le titre est bourré d'humour et de références.

Trois ans avant la sortie du jeu, les deux auteurs Adam et Joseph avaient participé à une game jam dans le but de réaliser un prototype du titre. Tout était déjà en place : le concept, les personnages, la mécanique générale... C'est admiratif de constater que les auteurs ont maintenu ainsi leur cap, avançant étape par étape jusqu'à une publication payante du titre. Un grand bravo ! Si vous y faites attention, vous pouvez même déceler entre les lignes de dialogue quelques piques et boutades envers l'industrie du jeu vidéo... Sans aller jusqu'au drama de Sports Story, il me semble que quelques messages sont passés dans le jeu : sur la difficulté du secteur, sur l'édition, sur la distribution, sur la rémunération difficile de cet art ingrat et populaire à la fois... le tout sans se plaindre, tout en finesse. Car après tout, comme à bord du Reuss Express, l'élégance prime !
Le méta-héritage
Les Plus
  • Le doublage extraordinaire
  • L'ambiance impeccable
  • Les énigmes bien dosées
  • Le rythme des trois personnages
Les Moins
  • Quelques bugs d'affichage
  • L'absence de carnet d'enquête
Résultat

C'est une réussite sur toute la ligne pour Loco Motive. L'ambiance années 1930, les mécaniques bien gérées, l'histoire bien rythmée, la difficulté bien dosée : tout concorde pour vous embarquer dans une aventure à pleine vapeur. Il ne lui manque que l'audio en français pour se retrouver entre toutes les mains. Un petit joyau !

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