Test | Chicken Police: Into the HIVE!
08 janv. 2025

Un poulet sur le grill

Testé par sur
Chicken Police : Into the HIVE!

Ouvrez grand vos mirettes, voilà le retour du grand Sonny Featherland dans Chicken Police : Into the HIVE!. L'inspecteur hors-pair à qui on ne la fait pas revient après le succès mérité de Chicken Police – Paint in RED!. Cette fois, ce sont les insectes reclus du quartier de La Ruche qui sont en centre de l'enquête. Des cadavres déterrés, des membres vendus au marché noir ? Levons le voile sur cette sordide histoire de cannibalisme.

L'histoire

Comme toujours dans les polars noirs ancrés dans les années 1930, tout commence un soir de pleine lune, dans le bureau bordélique d'un inspecteur. Cette fois, c'est une insecte endeuillée qui requiert les services de Sonny, inspecteur en pré-retraite qui n'a qu'une hâte : se dorer la crête au soleil. Cette Mante religieuse n'a pas dévoré son mari : celui-ci a disparu après avoir été tué. Un vol de cadavre, en somme. Sonny se laisse embarquer, malgré le fait que les insectes vivent reclus dans un quartier isolé du reste de la ville, où les flics à bec comme lui ne sont pas les bienvenus. Il embarque avec lui son coéquipier et les voilà après quelques échanges houleux avec des gros bras à discuter avec la patronne du quartier : une araignée, qui règne en maîtresse de gang et surtout collecte tous les bruits de la ville par ses fils tendus un peu partout. Mais comme vous vous en doutez : ça n'est pas elle qui tire les ficelles. Sonny a mis les plumes dans un imbroglio bien plus important qu'il n'y paraît. Et tandis que son patron lui colle une star de cinéma dans les pattes menacée de mort par un corbeau, les deux affaires ne tardent pas à se croiser. Qui aurait pu le prédire... ? Vous évidemment, tellement tout vous tombe tout cuit dans le bec. Aïe.
Une enquête tissée de fil blanc

Le principe

Point d'exclamation + tête de poulet : pas de doute, vous pouvez parler au portier...

Dans l'ambiance sombre des années 1930, où la nuit fait les beaux jours de la pègre, Chicken Police : Into the HIVE! vous embarque dans une enquête séquencée en cinq grands chapitres. Chaque chapitre est découpé en différentes scènes : des lieux imposés à explorer, des personnages avec lesquels discuter et parfois à interroger, et en fin de journée un point sur la situation à réaliser. Mais comme vous commencez à vous en douter, cet enchaînement laisse peu de place à l'exploration. Les lieux visitables entre deux scènes de crime sont verrouillés sur votre carte, les dialogues ne proposent aucun choix : mener l'enquête se limite à appuyer sur le bouton 'suivant'. Et vous n'avez rien à retenir : les informations clés disséminées dans les tartines de texte sont automatiquement rangées dans votre carnet d'enquête.

Chicken Police : Into the HIVE! semble s'enfermer dans une simplification ultime du jeu d'aventure — abandonnant même toute notion de point & click hormis quelques objets à donner à des personnages — pour se concentrer sur un déroulé narratif plus que fourni. Au point d'en faire parfois trop. Ce personnage a encore la bulle de dialogue en surbrillance ? Vous déclenchez une ultime fois l'action, pensant pourtant avoir épuisé les sujets : ça n'était que pour entendre Sonny se dire à lui-même qu'il lui a assez parlé... Vous voyez le genre.
Enfilez vos verres progressifs

Ce qui a changé

Accrochez-vous : il suffit de retourner l'objet pour résoudre le casse-tête ! Wow !

Si vous relisez le test du premier opus Chicken Police – Paint in RED!, vous décèlerez un équilibre plus marqué entre narration et enquête. Prenons par exemple le moment de fin de chapitre où Sonny met à plat ses indices pour recoller les morceaux : il s'agit maintenant d'un texte à trous niveau CE1, tandis qu'auparavant le jeu vous demandait un peu plus de réflexion.

Par ailleurs, le titre a fait évoluer la mécanique de l'interrogatoire. Si dans le premier opus cet exercice sensible peut faire basculer l'enquête avec une appréciation claire de réussite, ici l'indicateur laisse place à un sentiment. Un genre de "good cop"/ "bad cop", qui bien sûr donne des résultats différents, mais difficilement déchiffrables pour le joueur. Vous avez mis ce personnage dans la poche, mais avez-vous les infos nécessaires ? Aucune idée.

Enfin, changement visuel : un mode couleur est disponible. Bien sûr, vous pouvez rester dans l'ambiance initiale noir & blanc, mais ce mode couleur légèrement tamisé est assez agréable pour profiter des décors et personnages richement travaillés.
Une sacrée baisse de niveau

Pour qui ?

L'interprétation étrange des smileys dans les interrogatoires.

Vous appréciez l'univers noir, les gangsters, les clans, les flics déprimés, vous avez la patience de lire l'équivalent d'une trilogie ? Installez-vous confortablement devant Chicken Police : Into the HIVE!. Mais n'en demandez pas trop : les personnages jouent à fond les clichés qui les construisent, à tel point que leurs postures et actions deviennent un peu trop prévisibles. Le premier chapitre du jeu, qui à la fois vous met dans le bain des deux affaires, met en lumière de façon trop évidente qu'il s'agit en réalité d'une seule et même histoire et que les vilains ne sont pas ceux que vous pensez. Pour un jeu à dominante narrative, quelques surprises auraient été les bienvenues. Vous débarquez dans les Chicken Police ? Préférez Paint in RED!, plus diversifié et mieux rythmé.
10 heures de roman policier

L'anecdote

Prenez un verre de whisky pour suivre les conversations.

Into the HIVE! propose des mini-jeux pour aider à faire avancer la réflexion (un tesson de bouteille à reconstituer) ou d'autres pour se divertir (une sorte de bataille de cartes "Clawville Wildcards"). C'est sur ce dernier que j'ai arraché la moitié de mes cheveux avant de lâcher l'affaire : jamais je ne gagnerai. Dans ce jeu, trois rangées, et chacun votre tour vous placez une carte avec une force d'attaque et une défense. Mais je trouve ce jeu pété comme jamais. Déjà, impossible de lire les forces des cartes dans votre main, ce qui est une erreur UX assez étonnante. Ensuite, l'adversaire est d'une difficulté incroyable (pour moi), à battre. 45 min de jeu, je ne sais combien de parties, j'ai fini par jeter l'éponge. S'il y a un trophée derrière, je ne l'aurai pas, j'ai fait mon deuil.
Les mini-jeux de l'enfer
Les Plus
  • L'ambiance unique
  • Les doublages d'exception
  • Un jeu bien dense
  • La musique jazzy
Les Moins
  • Beaucoup trop bavard
  • Les ficelles bien grosses
  • Où est l'enquête ?
Résultat

Into the HIVE! fait le choix de se focaliser sur les dialogues. Certes, le doublage est remarquable, mais quelle bande de bavards ! De nombreux échanges servent à soutenir l'ambiance, le lore du jeu, mais honnêtement personne n'en demandait autant. L'effort pour le joueur est au niveau zéro et c'est bien dommage pour la suite d'un jeu d'enquête qui avait mis la barre bien haut.

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