Test | Rise of the Ronin
09 avr. 2025

Un open world brouillon

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Rise of the Ronin

Connue et reconnue pour ses jeux extrêmement exigeants, la Team Ninja a décidé de s'attaquer à l'open world. Rise of the Ronin vous propose de vous évader dans un Japon en pleine transformation dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Vous y incarnez un rōnin, un samouraï libre, sans maître. Initialement sorti en 2024 sur PS5, le jeu débarque un an plus tard sur PC et cinq années après le désormais culte Ghost of Tsushima. Propose-t-il une alternative viable face à une licence qui s'apprête à sortir un nouvel épisode encore plus épique ?

L'histoire

Vous êtes l'une des Lames jumelles, un duo de samouraïs hors pair issu d'un village secret. À l'issue d'une mission d'assassinat ratée, vous êtes séparé de votre Lame jumelle. Les années passent et vous décidez de partir à sa recherche, sentant qu'elle est toujours en vie. Une fois que vous vous êtes affranchi de votre Maître, vous devenez un rōnin et parcourez le vaste Japon. Vous vous retrouvez vite mêlé à la guerre entre le shogunat et les factions anti-shogunat opposées à l'arrivée des occidentaux sur leur sol.

En jouant à Rise of the Ronin, vous avez l'impression que les développeurs n'ont pas su faire de choix clair. L'histoire se lance avec votre Lame jumelle que vous pouvez oublier très vite tant le jeu vous présente un nombre incommensurable de personnages annexes par la suite. Vous vous passionnez même davantage pour l'évolution de certains face aux divers événements plutôt que pour votre histoire personnelle. Vous avez la possibilité de faire des choix pour influencer réellement le scénario, mais le fait que les PNJ vous demandent votre avis semble artificiel tant vous semblez être une pièce rapportée.

Votre personnage n'a quasiment pas de ligne de dialogue sauf quand il est face à sa Lame jumelle. Il devait y avoir une histoire bien plus personnelle dans le jeu qui a l'air d'avoir été délaissée au profit d'un scénario plus vaste qui lui-même ne sait pas prendre une direction claire. Tantôt vous aidez les faction anti-shogunat, tantôt vous tentez de rétablir le shogunat et aucun personnage ne semble vous en vouloir, ou alors le conflit est réglé en deux lignes de dialogue. Le premier boss que vous tentez d'assassiner dans la première mission devient un ami deux heures plus tard. À croire que personne n'était rancunier dans le Japon du XIXe siècle.

Les développeurs vous ont laissé des choix mais semblent ne pas en avoir fait eux-mêmes. À ne vouloir froisser personne, on ne contente personne. Néanmoins, ils ont implanté dans leur titre un système intéressant : vous avez la possibilité après un moment dans le jeu de revenir en arrière sur certains évènements afin de prendre d'autres décisions et donc de modifier le scénario.
Le cul entre deux chaises

Le principe

Eh bien voilà quelqu'un de lucide dans ce monde.

Rise of the Ronin est un RPG d'action en open world avec quelques notions de Souls-like, Team Ninja oblige. Vous commencez par choisir votre tendance de base, ce qui vous permet d'axer vos stats sur de la force, de la dextérité, du charisme ou de l'intelligence. Cela n'a que peut d'influence sur le reste du jeu car vous pouvez vite créer le build que vous souhaitez, indépendamment de votre choix de départ. Vous parcourez des zones parsemées d'objectifs que vous pouvez remplir ou non. Terminer une zone à 100 % vous octroie une récompense. Vous avez plusieurs choses à faire : trouver des sanctuaires, des chats, battre des ennemis en rétablissant l'ordre public, faire des photo, tuer des fugitifs... Le principe est assez classique et Rise of the Ronin ne réinvente absolument pas le genre et n'apporte rien de nouveau. Le jeu est assez décevant de ce point de vue, ajoutez à cela qu'il est loin d'être sublime et d'offrir de magnifiques paysages contrairement à certains de ses concurrents.

Comme dans beaucoup d'open world, vous êtes vite débordé par le nombre de choses à faire. Tout semble présenté en hâte au début du jeu sans vraiment de logique liée à l'histoire ou même de logique vidéoludique. Il fallait quelque chose à collectionner, les développeurs ont choisi des chats, car (presque) tout le monde aime les chats. Il fallait parsemer des combats un peu partout dans la carte du monde, alors les développeurs ont mis des camps d'ennemis à terrasser avec des ennemis plus forts dans certains. Il fallait avoir un moyen de récupérer des objets avec des stats intéressantes, alors les développeurs ont mis des gros chiens à suivre un peu partout. Il fallait gagner des points de compétence, alors les développeurs ont mis des sanctuaires où prier. Le problème, c'est que toutes ces idées arrivent quatre ans trop tard après la sortie du jeu sur PS5 et semblent être une pale copie du titre de Sucker Punch.

La partie Souls-like est finalement la plus intéressante car en combattant les ennemis, vous gagnez des points de karma qui s'accumulent au fil des victoires. Lorsque vous en avez accumulés assez, vous pouvez les convertir en point de compétence en allant à une bannière de Lame jumelle (= le feu de camps des Souls). Si vous cumulez beaucoup de point de karma, vous obtenez des points de compétence liés à la force, à la dextérité, au charisme ou à l'intelligence pour débloquer des compétences spécifiques. Le principe est intéressant et vous oblige à la prudence à condition de jouer en difficile, car dans les modes de difficulté inférieure, vous avez beaucoup moins de pression en ne retrouvant de Souls-like que la mécanique de montée de niveau qui n'a pas vraiment d'intérêt dans un jeu trop simple. Dans le mode de difficulté le plus élevé, le challenge est relevé et donne un véritable sentiment d'accomplir des choses intéressantes.
L'open world basique et sans grandes saveurs

Les combats

La mise en scène des coups critiques est top.

Là où Rise of the Ronin tire une grande force, c'est dans ses combats. Forte de son expérience, la Team Ninja livre là une copie sans fautes. Le nombre de types d'armes est conséquent et chacune possède un certain nombre de postures associées qu'il faut modifier face aux différents ennemis. Il faut prendre les combats comme des duels dans lesquelles les parades sont primordiales pour déstabiliser l'ennemi et lui infliger un coup critique. La patience est donc indispensable pour remporter certains combats car si vous perdez votre sang froid de samouraï, vous vous retrouvez vite acculé et subissez un combo dévastateur.

Vous avez toujours la possibilité de parer l'attaque ennemie et donc de vous éviter la mort à condition de ne pas paniquer. Cette sensation de pouvoir renverser certains combats en reprenant confiance en une ou deux parades rend ces derniers galvanisants. Les combats de boss sont particulièrement satisfaisants puisqu'ils vous poussent dans vos retranchement. C'est d'ailleurs rafraîchissant pour un jeu de la Team Ninja de n'affronter que des humains et pas des démons. Si d'apparence, vous pouvez penser qu'il y a peu de variété parmi les ennemis, il y en a en fait autant que vous avez vous-même de possibilités d'armes et de postures. En mode difficile, il devient bien plus compliqué d'improviser face à un ennemi qu'en mode normal.
L'expertise des développeurs au service du jeu

Pour qui ?

Quand vous trouvez un chat, vous lui faites un petit câlin. Trop kawaï !

Il est difficile de conseiller ce titre aux fans de jeux en monde ouvert car celui-ci n'a pas grand-chose d'original à offrir. En tant qu'open world, Rise of the Ronin vous fait alterner entre balades et missions principales et annexes. Ces dernières ont la particularité d'être étonnement courtes. Les missions principales prennent au maximum une quinzaine de minutes. Elles manquent de mise en scène et d'implication pour les joueurs. Vous êtes toujours accompagné par un PNJ lors des missions (même si vous pouvez désactiver cette option), mais cela ne rend pas les combats spécialement plus simples. Ces PNJ deviennent d'ailleurs jouables lors de ces missions car vous avez la possibilité d'en prendre le contrôle. Si votre personnage tombe sous les coups de votre adversaire, vous contrôlez automatiquement votre équipier. Le souci majeur est que l'ennemi qui vous fait face, particulièrement lorsqu'il s'agit d'un boss, se focalise sur le personnage contrôlé par le joueur.

Donc si vous changez de personnage contrôlé, le boss se dirige automatiquement vers ce dernier. C'est assez étrange et vous n'avez pas trop la possibilité de passer d'un personnage à l'autre pour faire des attaques surprises aux ennemis. C'est un peu dommage car ils finissent par seulement être des sacs à PV ou des vies supplémentaires. De plus, lorsqu'ils sont contrôlés par l'IA, ils sont très passifs et n'apportent pas grand-chose au combat. Difficile donc de recommander cet open world à qui que ce soit tant il existe bien mieux calibré en termes d'intérêt et de gameplay. Les adeptes de la Team Ninja se dirigeront volontiers vers Nioh 2 ou Wo Long : Fallen Dynasty, bien moins brouillons que Rise of the Ronin.
Ouvert mais pas à tous

L'anecdote

Un coffre bien trop proche de ceux de Nioh 2. Il y en a aussi des plus petits, comme dans Nioh 2...

Il est vraiment impossible de ne pas savoir que Rise of the Ronin est un jeu de la Team Ninja. Vous retrouvez des assets de leur précédents jeux dans celui-ci. Ainsi, les logos des armes sont similaires, ceux des matériaux d'amélioration des armes également, vous retrouvez aussi des coffres similaires aux coffres de Nioh 2. C'est assez déboussolant de se retrouver également avec des animations similaires, notamment ceux des ennemis vaincus qui restent accroupis et essoufflés. On en vient même à se demander s'ils n'ont pas utilisé les mêmes fichiers audio pour la respiration de ces derniers. C'est encore un aspect décevant du jeu qui semble avoir été développé rapidement et pour cocher des cases. La Team Ninja voulait-elle montrer qu'elle savait développer autre chose ? Pensait-elle faire mieux que ses concurrents ? Elle fait mieux dans un registre qu'elle maîtrise. L'open world ne semble pas être son genre de prédilection.
On prend les mêmes et on recommence
Les Plus
  • Le système de combat
  • Les parades éclairs qui renversent la vapeur dans les combats
Les Moins
  • Visuellement pas franchement incroyable
  • Trop de personnages annexes, on s'y perd
  • Des activités d'open world pas passionnantes
  • Un scénario brouillon entre grande histoire et histoire personnelle
Résultat

Rise of the Ronin arrive trop tard dans le paysage des open world. Il coche les cases mais n'apporte rien d'exceptionnel qui le démarque d'une concurrence qui s'est désormais fait un nom pour la postérité, à juste titre. Il brille toutefois par un système de combat bien calibré qui aurait été magnifié par une aventure purement solo, sans intervention de PNJ pas franchement utiles. La Team Ninja fait mieux sur le Souls-like pur, Rise of the Ronin ne sera pas leur plus grande œuvre.

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