Test | KARMA : The Dark World
28 mars 2025

Et si vous pouviez sonder les souvenirs des autres ?

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KARMA : The Dark World

Avec KARMA : The Dark World, Pollard Studio signe un premier jeu marquant. Un thriller psychologique oppressant, publié par Wired Productions, qui nous plonge dans une dystopie où la mémoire devient une arme. Avec un scénario à mi-chemin entre Blade Runner, ExistenZ et Black Mirror, ce jeu narratif en vue subjective propose une immersion totale dans un monde où la vérité est façonnée par ceux qui détiennent le pouvoir. Mais que vaut vraiment cette plongée dans les méandres de l'esprit humain ?

L'histoire

Bienvenue en 1984. Pas celui d'Orwell (enfin presque), mais dans une Allemagne de l'Est réinventée, où la toute-puissante Leviathan Corporation surveille, manipule et contrôle la population dans ses moindres faits et gestes.

Vous incarnerez Daniel McGovern, un agent du Département de la Pensée, doté d'une technologie révolutionnaire permettant d'explorer directement les souvenirs des individus.

Votre mission ? Enquêter sur une affaire nébuleuse, où mensonges et réalité s'entrelacent dans une narration morcelée, montée comme un puzzle.

Le jeu vous pousse à assembler les pièces d'une histoire qui interroge votre rapport à la vérité, à la mémoire et au libre arbitre. Une enquête haletante où chaque révélation vous rapproche d'une vérité… qui pourrait bien être plus effrayante que prévue.
Un puzzle mémoriel dans un monde sous contrôle

Le principe

On se retrouve souvent dos au mur, pris au piège d'architectures qui défient la logique.

KARMA : The Dark World est un jeu narratif à la première personne, où exploration, énigmes et séquences de tension s'entrelacent.

Votre rôle en tant qu'enquêteur vous amène à fouiller chaque recoin à la recherche d'indices. Vous devez scruter les écrans de surveillance, collecter des objets et déchiffrer des pistes pour reconstituer le fil des événements.

L'environnement est une extension de la psyché des personnages, chaque élément ayant une signification cachée à comprendre pour progresser. Certains souvenirs cachent des vérités que personne ne veut voir révélées... et d'aucuns ne reculeront devant rien pour vous faire taire. Vous devez parfois fuir sans vraiment savoir exactement ce qui vous traque.

Les objets que vous récupérez jouent un rôle dans l'avancée du jeu, mais se limitent souvent à un usage unique, ne contribuant pas toujours de manière significative à l'histoire.

Le gameplay, bien que linéaire, réussit à maintenir une tension constante en jouant sur vos choix, l'inconnu et la paranoïa.
Entre enquête, survie et puzzle mental

Pour qui ?

Le jeu regorge de tableaux surréalistes qui captivent le regard, aussi fascinants qu'inquiétants...

KARMA : The Dark World s'adresse à ceux qui aiment se creuser les méninges sans pour autant être bloqués pendant des heures. Il offre une difficulté accessible, parfaite pour les amateurs d'énigmes qui apprécient progresser à un bon rythme.

L'ambiance est oppressante, mais sans jamais tomber dans l'horreur pure : KARMA joue davantage sur l'inconfort psychologique que sur la peur viscérale. Il séduira donc ceux qui aiment les thrillers psychologiques et les récits introspectifs, où l'émotion et la réflexion prennent le pas sur l'action.

Un jeu qui divisera sans doute : certains regretteront son manque de liberté, tandis que d'autres se laisseront happer par son univers fascinant et sa narration unique. Mais pour ceux qui accrochent, il y a fort à parier que KARMA devienne une œuvre emblématique du genre, dont on reparlera encore longtemps après avoir posé la manette.
Et si votre esprit vous mentait ?

L'anecdote

En guise de récompense ? Une figurine de collection, plus anecdotique qu'utile...

D'ordinaire, je ne suis pas fan des jeux d'horreur. Trop souvent, ils misent sur la peur viscérale au détriment d'un vrai fond narratif. Pourtant, KARMA m'a pris au piège. Dès les premières minutes, j'ai ressenti cette sensation d'oppression : l'impression d'être un pion dans un système bien trop grand pour moi.

Et puis, il y a cette frustration... Pas celle d'un gameplay mal conçu, mais celle, volontaire, de l'absence de contrôle. Chaque décision semble dictée par un destin inéluctable, et lorsque l'on pense enfin avoir une once de liberté, le jeu vous rappelle que, comme les personnages, vous êtes prisonnier.

Heureusement, il y a ces petits casse-tête planqués dans des boîtes mystères, comme des pauses mentales au milieu de l'oppression. Des moments où l'on peut reprendre son souffle, réfléchir, et s'échapper un instant avant d'être replongé dans l'angoisse.

Mais ce qui m'a scotché, c'est la mise en scène hypnotique de KARMA. Les transitions, les animations et le montage du jeu sont pensés avec précision.

Couplé à une ambiance sonore magistrale, où chaque bruitage et note musicale renforce l'immersion suffocante, KARMA m'a happé bien plus que je ne l'aurais imaginé. À tel point que je me suis surpris à regarder le générique de fin jusqu'au bout, partagé entre l'émotion et la déception d'être arrivé à la fin. Un peu comme quand on sort d'une séance de cinéma, après un final grandiose, et qu'on reste assis là, incapable de décrocher, en voulant encore plus.
Une frustration calculée
Les Plus
  • Une mise en scène cinématographique soignée
  • Un scénario intelligent, riche en rebondissements
  • Des décors variés et un univers dystopique réussi
  • Une narration fragmentée immersive
  • Un sentiment d'oppression palpable
  • Une direction artistique et sonore envoûtante
Les Moins
  • Des énigmes parfois trop simples
  • Une montée en intensité un peu trop douce
  • Une liberté d'action limitée
  • Un inventaire sous-exploité
Résultat

Pour un premier jeu, Pollard Studio frappe fort. KARMA : The Dark World n'est pas un simple thriller vidéoludique mais un jeu qui interpelle autant qu'il captive. Grâce à une mise en scène inspirée, une ambiance lourde et un scénario habilement construit, il se hisse facilement aux côtés des meilleurs thrillers narratifs du genre. Certes, sa linéarité pourra frustrer certains, mais elle sert parfaitement son propos : celui d'un monde où l'illusion du choix est omniprésente.

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