Test | Dreamcore
23 janv. 2025

Qu'est-ce que la normalité ?

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Dreamcore

Imaginez déambuler dans des lieux écrasants d'immensité, où les décors se ressemblent et s'enchaînent de manière absurde. Dans la pure lignée du genre liminal et totalement inscrit dans le mouvement des backrooms, Dreamcore vous promet des voyages abscons en vue subjective. Réussirez-vous à sortir de cette étrange réalité alternée ?

L'histoire

Pas de réel scénario ne s'impose dans Dreamcore. Le jeu est composé de plusieurs niveaux où la mécanique est la même : vous débarquez, caméscope en main, dans un endroit qui semble de prime abord idyllique. Une vaste prairie, parsemée de maisonnettes. Un espace thermal avec des bassins et piscines dignes d'hôtels de luxe. Mais vous déchantez rapidement. Les maisons dans la prairie ? Toutes les mêmes, à perte de vue... et quand vous entrez dans l'une ou dans l'autre, l'architecture interne n'a ni queue ni tête. Les piscines ? Elles s'enchaînent l'une après l'autre, pièce après pièce, parsemée de toboggans improbables ou de jouets en plastique géants dont certain semblent vous observer : flippant. Sortes de labyrinthes géants, chaque niveau a pour objectif de vous rendre fou. Mais avec quelques indices à peine perceptible (un son, un graffiti au mur...) vous suivez un fil d'Ariane invisible jusqu'à espérer apercevoir un panneau vert lumineux "Sortie".
Où est-ce que je suis encore tombé

Le principe

Creeeepyyyy

Votre objectif étant de sortir de ces lieux dérangeants, vous n'avez d'autre choix que de déambuler. La visée au caméscope vous permet de zoomer sur quelques éléments au loin, vous indiquant de possibles indices sur le chemin à suivre. Autrement, vous ne pouvez ni sauter au-dessus de ces palissades (ça serait trop facile) ni descendre les toboggans (ça serait trop amusant).

Dreamcore propose une sélection de 5 niveaux dont deux sont disponibles à la sortie, avec une mécanique de prix progressif. Plus vous achetez tôt le jeu, moins cher il vous coûtera – et évidemment, les niveaux ajoutés par la suite seront disponibles dans votre copie. Une manière maligne de soutenir financièrement ce créateur solo.
Suivez votre instinct

Vous avez dit backrooms ?

Le rêve ? ou le cauchemar ?

Pour installer ce malaise indicible, Dreamcore emprunte au mouvement instauré par les backrooms.. Il s'agit d'un genre visuel et narratif débouchant sur de nombreuses œuvres (séries, films, jeux vidéo, photos générées...). Le principe : d'immenses lieux vides anormalement agencés, comme ces piscines dont les bassins s'enchaînent de pièce en pièce ou cette image, source du genre que vous avez peut-être en tête : lumière jaunâtre, espaces de bureaux vides... Pris individuellement, ces espaces clos sont des éléments normaux du quotidien. Mais la répétition crée cette sensation étrange d'absurde, d'impossible... Lorsque vous tombez dans une backroom, c'est que vous êtes victime de no-clip : vous avez traversé une texture réelle. Le tout dans un rendu ultra réaliste créé avec l'Unreal Engine 5, destiné à faire perdre pied sur la réalité.
Ne jamais no-clipper sans son caméscope

Pour qui ?

Y'a rien qui va dans ces maisons.

Dans la flopée de jeux que le mouvement backrooms a engendré, Dreamcore tient complètement la route, avec son malaise persistant. Vous pensez sortir enfin de ce quartier résidentiel ? Ha, naïf que vous êtes... la deuxième partie du niveau donne envie de se rouler en boule dans un coin et d'attendre paisiblement la mort. Et même si vous êtes novice du genre, vous trouverez là des échos à quelques œuvres tombées dans votre escarcelle, comme l'intrigante série Severance et ses couloirs improbable dans une esthétique impeccable, ou des jeux comme Superliminal (petite référence au réveil) ou même The Stanley Parable pour le côté répétition et faux-semblants. Avec une pointe de Truman Show pour le deuxième niveau...
Vous aimez être dérangé ?

L'anecdote

Glissade jusqu'aux enfers.

Dreamcore interroge, par sa forme. Certains pourront s'offusquer et le réduire au simple statut de walking sim sans pour autant être un véritable jeu vidéo. Et pourtant, si, il l'est par bien des aspects. J'ai pu apprécier ce que l'auteur a mis comme subtiles touches de game design dans le titre, pour ne pas abandonner les joueurs. Par exemple, le caméscope : il a une fonction triple. D'une part, il permet comme évoqué de zoomer au loin. Dans le niveau péri-urbain, ne manquez pas d'en abuser, jusqu'à observer quelque chose qui remet en question votre perception de ce monde... Ensuite, il fait le lien avec le lore des backrooms, qui puise dans le style found footage et consiste à filmer son exploration à l'aide d'une vieille caméra vidéo : preuve de votre pérégrination qui restera même si vous, vous disparaissez. Enfin, l'effet visuel qu'il apporte en surcouche dégrade légèrement le côté lisse et parfait du rendu des décors, si parfaits qu'ils trahissent une génération graphique. Avec le caméscope, cela rend le tout plus réel.
À la frontière du jeu vidéo
Les Plus
  • Un jeu parfaitement inscrit dans le lore des backrooms
  • La remise en question de ce que vous voyez
  • L'ambiance saisissante et dérangeante
  • La rejouabilité des niveaux avec du hasard génératif
  • Attention à ne pas devenir fou
Les Moins
  • Seulement 2 niveaux pour le moment, vivement la suite
Résultat

Dreamcore rassemble tout ce qui intrigue, et ça marche : un environnement soigné, où l'idylle vire au cauchemar ; une autonomie totale dans la déambulation, pour se mettre soi-même au défi de sortir de ces endroits ; quelques indices malins, sans pour autant être trop évidents... Le malaise s'installe peu à peu et vous en redemandez. N'hésitez pas à no-clipper dans Dreamcore, vous n'en ressortirez pas indemne...

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