La peau sur les os
- Éditeur Ubisoft
- Développeur Ubisoft Singapour
- Sortie initiale 16 févr. 2024
- Genres Action, Simulation
Incarnez un pirate dans Skull and Bones, le nouveau jeu service d'Ubisoft. Enfin, un pirate... Un bateau pirate surtout, et la différence est de taille.
L'histoire
Le principe
6 ressources différentes pour crafter un nouveau bateau, 56 en quantité : arrêtez, c'est trop.
Ensuite, et ensuite seulement, Skull and Bones est un jeu de combat naval. Avec un choix incompréhensible : piloter un bateau, et non un capitaine libre de ses mouvements comme dans Assassin's Creed IV : Black Flag (2013) ou Sea of Thieves (2018). Pas d'abordage possible : c'est une simple cinématique. Pas de combat au sabre. Pas de bateau à partager avec des amis en ligne. Un qui gère les canons à bâbord, l'autre à tribord, un autre le gouvernail, un dernier pour réparer la cale ? Non, rien de tout ça. Ce jeu exclusivement jouable en ligne, sur des serveurs minuscules de 16 joueurs, ne propose que des combats navals très arcade. Il y a bien quelques îles à visiter à pied pour refaire le plein, parfois dénicher un coffre, mais sans armes, sans combats. Toujours avec les mêmes éléments dupliqués à l'infini, façon avant-poste dans Starfield : marchands quasi mutiques (parfois juste un « Hein ? »), bûcher de boost d'endurance maritime, notes et consommables à ramasser. Et du grind, donc. Avec le curseur des quantités placé à fond. C'est longuet en solo, un peu moins quand on fait équipe.
Le multi
Vous allez attendre les autres en vain lors d'événements pourtant placardés sur chaque écran...
Enfin parce que tout le loot, ainsi que les récompenses de mission, sont partagés – de quoi inciter les joueurs à s'allier, en théorie. Surtout que le loot augmente à plusieurs. Des événements spéciaux sont même là pour favoriser la coopération (et les trahisons, le "Player versus Player" étant possible à tout moment) : Capitaines pirates à couler, convois de loot exceptionnels, avec des pop-ups envoyés aux 16 joueurs connectés. Et ça ne marche pas. Que ce soit près de Sainte-Anne, l'île de départ où chacun fait son craft dans son coin, ou en mer, les événements sont vides. Les demandes d'alliances temporaires restent lettre morte. Quand ça marche, en revanche, quand 1 des 15 autres joueurs accepte enfin, ou quand vous jouez avec des amis, le grind devient moins éreintant. Au moins vous accumulez rapidement de l'argent.
Pour qui ?
Vous ne vous déplacez (sans arme) que sur des îles ; elles ont les mêmes types de PNJ copiés-collés.
L'anecdote
Sauf exception, les rares joueurs croisés ignorent vos demandes de coop : il faut jouer entre amis.
Ensuite avec un autre joueur croisé vers 20 h sur un événement, alors que j'avais (mal) entamé un combat. Victorieux, complémentaires, nous décidons de faire équipe ; coulons tout ce qui bouge ; lootons comme des porcs ; achevons un autre joueur qui demandait de l'aide (gnark, gnark) ; rasons un fort (en prenant les couleurs de l'ennemi pour créer une guerre entre deux factions, un des rares moments forts de la campagne principale). Avant que je regarde ma montre et que je me rende compte qu'il est... 2 h du matin ! Revenu à Sainte-Anne, la dure réalité s'impose : le grind, même à deux, est excessif, avec une liste Excel déprimante d'upgrades et de matériaux à récupérer aux quatre coins de la carte. Je l'ai ajouté en ami Ubisoft pour de futurs jeux multi, nous nous sommes serrés la main, fatigués et heureux ; en sachant que revenus au bureau Windows, nous allions désinstaller le jeu.
- La coop très bien intégrée
- Des moments forts en équipe
- Les îles au design unique et soigné (mais au contenu identique)
- Les micro-transactions cosmétiques seulement (pas de pay-to-win)
- Pas d'abordages, de combats au sabre, de bateaux à gouverner à plusieurs
- Plus de grind qu'un gacha
- La jauge d'endurance du bateau à recharger tous les kilomètres, vraiment ?
- Le "Fast Travel" payant, plus cher que l'autoroute du sud
- 16 joueurs par serveur sur une carte immense, des événements vides
- Une commu qui joue dans son coin malgré les incitations à la coop
La montagne pirate a accouché d'une souris. Sortir en 2024 avec moins de fonctionnalités que la concurrence est un vrai casse-tête, face à Sea of Thieves au hasard. Deux erreurs majeures sabordent l'intérêt : le choix étrange de ne jouer qu'un bateau, et pas un capitaine mobile capable d'abordages notamment. Et une feuille Excel de grind très mal dosée, qui fait de chaque upgrade (et de ses "Fast Travel" payants) un vrai calvaire. Les événements à la difficulté insurmontable en solo ne rassemblent même pas les joueurs (16 seulement, éparpillés sur la carte). Skull and Bones est réservé aux heureux élus, fans de crafting, qui peuvent y jouer avec deux autres amis grand minimum.