Suicide en beauté
- Éditeur Warner Bros. Interactive
- Développeur Rocksteady Studios
- Sortie initiale 2 févr. 2024
- Genres Action, Aventure, Monde ouvert, Third Person Shooter
Très attendu, trop peut-être, Suicide Squad : Kill The Justice League rejoint la triste liste des jeux coop ratés. Il a sa place sur le podium d'Anthem et de Marvel's Avengers – deux jeux service ayant été débranchés 4 et 3 ans après leurs lancements respectifs. Un suicide en première classe pour Rocksteady, les papas de l'excellente Batman : Arkham Trilogy solo, et un adieu raté au Chevalier Noir que Warner ne finit plus d'enterrer, après le moyen Gotham Knights.
L'histoire
Le principe
Ça, c'est Flash. L'écran est tellement surchargé d'informations que c'est souvent dur de suivre.
Pour ne rien arranger, Metropolis est vide, très vide. Green Lantern vous montre dès le prologue que les habitants ont été transformés en monstres (c'est pratique). Résultat : pas de circulation, pas de piétons, juste quelques patrouilles ennemies. Quasiment aucun civil à sauver, hors quelques activités annexes. L'impression de vide est frappante, surtout de jour. Un défaut déjà présent dans l'excellent Batman : Arkham Trilogy mais à une autre époque, avec d'autres contraintes techniques. Tout le monde joue à Grand Theft Auto V et à son mode online depuis 2013, au milieu de la circulation (sans oublier la coop de Watch_Dogs 2 en 2016). Et malgré ce vide, l'IA des rares ennemis peine à vous suivre. Surtout quand vous escaladez les façades, elle reste généralement plantée dans sa zone d'apparition. Seuls quelques brutes, hélicos et snipers (qui se téléportent dans votre dos) représentent une vraie menace, surtout combinés – les snipers en particulier sont une purge trop nombreux.
Le ratage
Vous pilotez un véhicule volant défectueux dans ces missions très fun... jusqu'à ce qu'il explose.
En solo, Suicide Squad : Kill The Justice League perd énormément de son intérêt. Finir chaque mission répétitive prend un temps fou, l'IA faisant semblant de tirer sur les ennemis et ne jouant pas du tout les objectifs – là où des joueurs humains utilisent toutes leurs capacités pour nettoyer un secteur plus vite. Il faut impérativement jouer en ligne pour commencer à s'amuser... à condition de le faire entre potes ou avec des joueurs un tout petit peu expérimentés. Parce que recommencer encore et encore un combat contre Superman à cause d'une Harley Quinn incapable d'esquiver ses attaques de zone énerve vraiment (drame vécu) ; vu qu'au bout de trois réanimations, c'est le Game Over. Le matchmaking n'est hélas pas assez performant pour éjecter un joueur de bas niveau, le jeu ayant du mal à remplir tous les slots disponibles en crossplay et en partie publique, même le week-end. Bref, jouez entre potes et en partie privée, si vous êtes motivé.
Pour qui ?
Le joueur qui a le plus de points bénéficie d'une petite mise en scène en fin de mission.
L'anecdote
Vous préférez quel Superman... ?
Vendu 80 € sur console au lancement, 70 € sur PC, Kill The Justice League espère en plus financer ses saisons futures avec des costumes proposés au prix fort. Il faut dépenser 20 € supplémentaires pour changer la skin d'UN personnage – même pas d'un pack. C'est le prix de bons jeux indés complets ; difficile de parler encore de micro-transactions. Warner s'inscrit dans la tendance d'inflation récente, comme Sony avec Gran Turismo 7. Là ou le prix d'une Aston Martin Vulcan '16 dans Gran Turismo Sport coûtait 5 € en 2017, il faut dépenser 28 € en 2024 (contre 40 € à la sortie, ouf). Il ne faut pas s'étonner qu'avec une telle avidité, rares seront les jeux coop ou service à survivre...
- La réalisation globale de très haut niveau
- La modélisation des personnages, la qualité des cinématiques
- Les sensations de jeu, manette en main
- La possibilité de changer de perso entre chaque mission
- Batman corrompu par Brainiac, Wonder Woman qui vole la vedette à chaque apparition
- Des objectifs et des ennemis ultra répétitifs
- L'IA ennemie très basique, l'IA alliée inutile
- Des combats de boss longs, répétitifs, lassants – on est loin de Mr Freeze dans Batman Arkham City
- Des soucis de matchmaking à la sortie, avec très peu de joueurs qui vous rejoignent même le week-end
- Une dizaine d'heures pour finir le jeu, avec la Justice League à tuer dans la 2e moitié seulement
- L'interface ultra présente en jeu, même en désactivant un maximum d'options : l'action est souvent illisible
- On peut tomber en rade de munitions, notamment contre les boss
- La mise en scène finale du Batman d'Arkham – un adieu raté, un crève cœur
Même Rocksteady, ultra respecté pour ses jeux solo, n'aura pas réussi à faire un bon jeu coop/service à quatre joueurs. Pourquoi ne pas en avoir fait un vrai jeu solo du coup, avec des missions originales et variées ? Alors que toujours chez Warner, Hogwarts Legacy : L'Héritage de Poudlard a cartonné l'an dernier ? C'est dommage, surtout après l'échec retentissant de Marvel's Avengers, dont il reprend les mêmes défauts bien connus : ennemis génériques, objectifs ultra répétitifs, IA basique et durée de vie trop courte. Les objectifs ressemblent tous à des missions d'entraînement, avec ces vagues d'ennemis identiques à l'IA basique, qui se téléportent devant vous sans fin. En une dizaine d'heures, vous aurez fait le tour de toutes les situations de combat que le jeu peut vous offrir, de ses missions de protection trop longues et de ses combats de boss à la fois tardifs et mal équilibrés. Sans parler des problèmes de matchmaking qui vous obligent souvent à jouer avec un seul autre joueur, pas toujours expérimenté, même avec le crossplay activé. Restent des cinématiques somptueuses, une réalisation solide et d'excellentes sensations de jeu, pour ceux qui passeront outre ces nombreux défauts.