Laisse pas errer ta fille
A Highland Song résonne comme la promesse d'une balade bucolique à travers les collines écossaises. Une promesse agrémentée de sonorités celtiques au gré de votre course tambour battant, cheveux au vent. Une promesse de panoramas une fois les points de vue atteints, l'horizon révélant de nouveaux sommets à gravir. Une promesse qui masque certaines réalités : le froid, la nuit, la torpeur sont également au rendez-vous, sans compter sur le fait que vous allez vous perdre, perdre foi en votre sens de l'orientation, perdre espoir d'arriver à temps au bout de votre voyage. Enfilez vos bottes de marche, prenez quelques barres de céréales, le voyage ne sera pas de tout repos.
L'histoire
N'ayant jamais franchi ces montagnes, n'ayant jamais été aussi loin, parviendrez-vous à la fête en temps et en heure ? Ou errerez-vous indéfiniment dans les montagnes, comme lors de ce test, où la fête est passée depuis déjà six jours, sans savoir quel chemin emprunter, quelle direction choisir, par quel bout prendre cette histoire, jusqu'à en oublier votre nom et le sens de votre vie ?
Le principe
Ces fragments de carte sont votre salut.
En plus de vos essais hasardeux qui peuvent parfois vous renvoyer tout simplement en arrière, vous avez parfois la chance de tomber sur des indices cartographiques abandonnés ça et là. Une note griffonnée à demi effacée qui pointe un sentier ; un papier froissé qui indique une grotte possible entre deux buissons... Pour identifier ces passages privilégiés, il vous faudra grimper jusqu'à un point culminant et tenter, à l'aide de votre longue vue, de faire correspondre le croquis approximatif avec le découpage des montagnes. Parfois, l'évidence est là. Souvent, il ne vous restera pas assez de cheveux à vous arracher pour pointer le bon petit caillou derrière le bon petit sapin. Et même s'il semble possible d'arriver au bout du jeu sans ces indices, nombreux sont les endroits où les passages n'apparaissent pas tant qu'ils n'ont pas été identifiés (logique). Résultat : vous passez devant des chemins évidents et échouez dans une voie sans issue, sans autre possibilité que de repartir très très loin en arrière. La frustration atteint des sommets.
Pour qui ?
Suivre une biche en rythme, c'est aussi le meilleur moyen de rater des indices.
L'anecdote
Deux clés, un pied de biche : non, je vais crever dans le froid.
Pour Juliette, la souffrance l'a emporté sur le plaisir du jeu. Certes, A Highland Song lui a rappelé ses souvenirs de marche en Écosse, en solitaire dans les montagnes, mais elle avait à l'époque quand même un GPS sur elle. Dans le jeu, le manque d'indications, le lâché prise total sur les prises de décision, souvent mauvaises, ont eu raison de son esprit. Perdue à jamais dans les montagnes, elle y erre toujours, ne parvenant pas à atteindre la fête pour essayer de boire un fond de godet asséché ni rentrer chez elle pour pleurer la tête dans un oreiller le reste de sa vie.
- C'est joli
- Le système des plans horizontaux, très malin
- Les séances de danse : marrant une fois, redondant ensuite
- Comment sortir de la montagne glacée sans carte ?
- L'échec comme seule motivation
- C'est joli l'anglais écossais mais au risque de ne pas tout saisir...
A Highland Song illustre parfaitement la fine frontière qui relie l'amour à la haine. De loin, l'herbe est diablement verte : l'ambiance, la poésie, les décors (superbe mode photo au passage). Mais une fois dans le bourbier et les premiers émois poétiques passés, vous perdez foi en la vie. Pourquoi tant marcher pour aboutir à des culs-de-sac ? Le titre parie certes sur une forte rejouabilité, la première tentative de traversée semble résolument vouée à l'échec. Mais est-ce que la frustration générée par la perte de repères et une forte part de chance ou de hasard suffisent à motiver à recommencer encore et encore ? A Highland Song restera pour nous un rendez-vous manqué.