On s'était dit rendez-vous dans 20 ans
- Éditeur NIS America
- Développeur Grasshopper Manufacture Inc.
- Sortie initiale 9 juil. 2021
- Genre Aventure
Bundle comprenant deux visual novel adventure games du célèbre auteur japonais Suda51 (No More Heroes, Killer 7...), The Silver Case 2425 vous plonge dans une ambiance policière sordide pétrie du style années 2000. Avec des dialogues à profusion, une jouabilité sommaire et des enchevêtrements narratifs à foison, ce portage vaut-il la peine de plonger plus de vingt ans en arrière dans l'univers vidéoludique de l'enquête novellisée ? La hype qui semble se dégager du titre et de son auteur est-elle justifiée ? L'esprit torturé des personnages va-t-il progressivement contaminer le vôtre ? Pour le savoir, appuyez sur le bouton A.
L'histoire et l'ambiance
L'ambiance de The Silver Case 2425 témoigne d'un improbable mix de différents styles : des vue 3D pour les transitions et l'exploration de lieux, des personnages détaillés en illustration dans certains dialogues, ou griffonnés au crayon dans d'autres, des mots-clés technologiques en incessante permutation en fond d'écran, des effets laser stroboscopiques à chaque prise de parole d'un personnage... le tout au sein d'une même séquence. Comme si l'équipe avait voulu panacher tous les styles qu'elle trouvait cool, dans le but de créer un ensemble encore plus cool. Le résultat est plutôt une formidable expression du kitsch, globalement indigeste, et rassemble un superbe éventail de clichés graphiques et sonores. Accompagner tout texte qui s'affiche d'un bruit de machine à écrire : l'exemple parfait de la fausse bonne idée, détail agaçant à la longue qui finit par ridiculiser une ambiance qui se veut grave.
Le principe
Dans la micro-fenêtre de jeu, un ordinateur à fouiller.
The Silver Case 2425 s'appuie sur un minimum d'interactions, recouvertes d'attributs graphiques destinés à faire illusion. La majeure partie du temps de jeu du premier opus est consacrée à lire les dialogues des personnages, le vôtre étant muet, rappelez-vous. C'est donc de manière complètement passive que vous assistez à des conversations qui se résument parfois à des points de suspensions échangés entre deux protagonistes, suivis de « Oui ? » puis d'un « Quoi ? » et d'un « Rien ». Certes, ces moments de creux aident à construire le profil des personnages. Mais la nuance entre abus et profil semble fine. Et gare à vous si vous décrochez, car évidemment les dialogues permettent de faire avancer la réflexion sur le cas étudié. Des bribes d'indices sont à déceler dans ces échanges inondés d'informations non essentielles et si vous les loupez, tant pis pour vous. Aucun choix ne vous est demandé, aucune piste n'est explorée à votre initiative. Par ailleurs, tant que vous n'avez pas épuisé tous les dialogues sans pouvoir les enchaîner, une action de "voir" un indice pourtant sous vos yeux ne se déclenchera pas. Et à l'exact opposé du rythme extrêmement lent de ces échanges et investigations, l'écran vous bombarde d'animations sur les dialogues, pour pallier une interface des plus pauvres incapable de vous faire distinguer sans cela clairement qui prend la parole.
Pour qui ?
Toi tu entres direct dans le top 10 des pervers d'Internet.
The Silver Case 2425 peut éventuellement intéresser pour le côté archéologique. Ou encore pour déconstruire les mécaniques d'un jeu n'ayant pas poussé correctement la réflexion sur son interface, se suffisant de scénarios abusivement alambiqués sous couvert de création originale, mais regorgeant de clichés on ne peut plus prévisibles dans ce type d'exercice et ayant largement tendance à forcer le décrochage du joueur. C'est cette tension de l'information manquée qui pourra, si vous appréciez vous mettre en difficulté, sauver votre intérêt pour le titre.
L'anecdote
Des dialogues très enrichissants
- Deux jeux en un !
- Les contrôles qui se moquent des joueurs
- L'histoire tortueuse et à trous
- Les dialogues qui tirent en longueur
- La logique étrange des énigmes
- La lourdeur générale du système de jeu
- Le bruit de machine à écrire qui hantera à jamais vos cauchemars
Pourquoi s'infliger des contrôles inaboutis, des dialogues interminables, une trame alambiquée, le tout dans une interface qui ferait pâlir d'envie les néons de Las Vegas ? The Silver Case 2425 regroupe deux titres qui ont connu un succès vraisemblablement grandissant au fil des rééditions, pour s'échouer sur Switch sans prendre la peine d'améliorer quelques basiques de prise en main. S'il est possible de surpasser le manque d'ergonomie des contrôles, restent les scénarios diablement riches, bourrés d'histoires et de personnages destinés à parasiter votre attention, et surtout segmentés de manière à créer des trous dans la compréhension générale. Le découragement vous gagne plus vite que prévu, rendant l'expérience particulièrement pénible, très loin de ce qu'un visual novel peut a minima proposer de manière décente et respectueuse à ses joueurs.