Le plus grand parc de répulsion du monde
- Éditeur Frontier Developments
- Développeur Frontier Developments
- Sortie initiale 24 sept. 2020
- Genre Gestion
Rien que son titre laisse rêveur : RollerCoaster Tycoon 3 : Complete Edition vous promet des grands huit, des grands splash, des safaris animaliers, l'odeur du pop-corn et du supplément chantilly en prime. Mais avec un titre originellement sorti en 2004, l'excitation est-elle toujours au rendez-vous ? Ce portage Switch vaut-il de s'attarder des heures à régler de quelques degrés l'inclinaison de votre fantastique montagne russe ? Bouclez vos ceintures, ajustez vos lunettes anti-vomi, l'attraction démarre. Et en pente raide.
L'histoire
Une fois vos marques prises et quelques attractions positionnées, vous vous étonnez de voir vos recettes en encéphalogramme plat. Normal : quand vous positionnez une boutique, un service, ou une attraction, même avec la file d'attente créée, vous devez manuellement l'ouvrir. Systématiquement. À ce moment là, vous comprenez que vous n'êtes pas là pour vous marrer dans RollerCoaster Tycoon 3 : Complete Edition. Non, vous êtes tombé dans une simulation légèrement tyrannique et totalement obsessionnelle des parcs d'attraction.
Le principe
L'éternelle frustration : rien n'est bien calé.
Ainsi, vous essuyez les échecs de construction, qui représentent une grosse part du jeu, avant de vous consacrer à la gestion générale du parc. Mais au fil des niveaux, quelque chose d'essentiel semble manquer à ce RollerCoaster Tycoon 3 : le fun. Cela vous marque d'abord lorsque vous voulez bâtir une nouvelle attraction : son descriptif est prolixe en données statistiques, en G absorbés par les visiteurs téméraires, en longueur, en hauteur... mais rien pour savoir si elle est plutôt amusante pour vos visiteurs. Mais surtout, c'est le fun de la progression qui vous manque cruellement. Les objectifs sont froids et chiffrés, vous progressez en gestionnaire-ingénieur, jamais sans que l'amusement, au cœur du concept de ce type de parc, ne vous effleure.
L'interface
Le jeu ne vous alertera jamais qu'il vous manque une piscine.
La situation est ubuesque lorsque vous entrez dans le menu des employés : certes, le jeu apporte assez de finesse pour que chacun d'entre eux ait sa personnalité, sa flemme, sa motivation. Mais il vous est impossible d'accorder des formations à chacun d'eux sans effectuer une interminable série de 'flèche bas' sur votre Switch. Au dixième employé, vous abandonnez simplement cette tâche.
La palme revient aux notifications diverses, comme par exemple l'annonce de la découverte d'une nouvelle attraction : notification qui n'est évidemment pas cliquable pour accéder directement à son sous-menu. À vous en arracher les cheveux, le cuir chevelu, et la peau du visage qui vient avec.
Pour qui ?
Vu de loin, tout cela ne semble pas si mal.
L'anecdote
Pas plus haut que le bord, hein !
Mais bref, revenons à mon bac à sable. Je pose la base, très bien. Puis une montée bien raide pour faire peur. Au huitième poteau, une fenêtre digne de Windows 95 s'ouvre : "Impossible de placer ici un morceau de tracé", affublée d'un bouton OK. OK. Pourquoi. Je fais quoi ? Je recommence. Je vais moins haut ; OK, j'avais atteint la limite du ciel. Je fais mes virages. Je fais simple cette fois, pas de looping, je veux juste boucler mon circuit. Non sans peine, sueur au front, visage crispé : j'y parviens. Oui. Je veux juste ajuster la hauteur de ce tronçon et... non ! J'ai sélectionné la base de l'attraction et l'ai supprimée en voulant la désélectionner. Et il n'y a pas de fonction "annuler". Je peux donc tout recommencer. Ou décider d'éteindre la Switch et de ne plus jamais lancer ce jeu maudit.
- Dans l'absolu, beaucoup de variété et de possibilités
- L'interface globalement datée doublée de la lourde surcouche d'interface non-tactile de la Switch
- Qui s'amuse à changer la couleur du tee-shirt des visiteurs ?
- Bon courage pour créer un roller coaster avec cette maniabilité
- L'absence de fonction "annuler"
- De nombreux bugs non corrigés, plantant parfois la Switch
Il ne reste plus beaucoup d'arguments positifs en faveur de RollerCoaster Tycoon 3 : Complete Edition. Le regroupement de ses extensions lui apporte certes une durée de vie plus qu'honorable, mais le titre est rattrapé par son âge et 16 ans, cela fait beaucoup. Vous aurez beaucoup de mal à naviguer dans les menus, du fait d'une adaptation ne profitant pas du tactile de la Switch, tandis que les enjeux des niveaux restent froids et dénués de saveur. Trop de choix tue le choix : perdu dans les réglages, vous pourrez vous réfugier dans une stratégie de surface, vous contentant d'utiliser les attractions et boutiques de manière standard sans vous abandonner dans des customisations sans fin. Mais cela ne sera à terme pas une option viable, tant les environnements vous poussent à enfiler votre casque de chantier, pour votre plus grand malheur. Enfin, sachez que le titre a été rendu un temps gratuit par l'éditeur sur PC, tandis qu'il vous en coûtera 30 € sur Switch : un choix qui ne plaide clairement pas en la faveur de ce portage.