Test | Remothered
16 oct. 2019

Le méchant ne portait pas de slip

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Remothered

Charmant manoir, innombrables pièces au parquet craquant, deux salles de bain, cuisine équipée, four à pizza, électricité à revoir. Stéphane Plaza aurait du mal à vous le vendre, mais un drame familial, un vieil homme un peu timbré et sa femme en décomposition bouffée par les mites suffiront à attiser la curiosité du joueur que vous êtes. Tandis que vous pénétrez de manière naïve dans ce cauchemar, vous saisissez que l'horreur se lit à plusieurs niveaux. Originalité faible, graphismes à vomir, bugs à vous arracher les cheveux : à croire que l'expérience de Remothered dépasse largement le jeu vidéo.

L'histoire

Tout débute aux portes d'un immense manoir, alors qu'une jeune femme se présentant comme étant membre d'un institut médical cherche à rencontrer son vieil occupant. Celui-ci la reçoit en peignoir, comme tout vieillard qui se respecte, et accepte de répondre à quelques questions concernant sa maladie incurable. Mais la discussion tourne court quand notre chercheuse évoque la fille disparue du malade. Dans une colère noire, il la chasse sans autre forme de procès. Notre héroïne ne va pas en rester là, et une fois la nuit tombée, la voilà qui s'infiltre dans le manoir, à ses risques et périls...

La suite de l'histoire, vous l'imaginez, est assez simple. Ce cher bon vieux monsieur n'est pas aussi innocent qu'il en a l'air, et quelle ne sera pas votre surprise de le voir déambuler les fesse à l'air dans son antre, seulement vêtu d'un tablier et une faucille à la main. Quant à vous, petite fouineuse, qu'êtes-vous venue remuer comme souvenirs ? En vous cachant du vieil exhibo, vous glanez les documents et photos pour recoller les pièces du puzzle de la mystérieuse disparition de sa fille. Vous ne savez pas vraiment pourquoi, mais vous devez résoudre cette énigme. Très bien, alors allons la résoudre, mais par pitié, qu'il garde son tablier.
Originalité garantie : un immense manoir sombre et semi-hanté...

Le principe

Ce grand malade cul nu cherche à vous agrandir la raie à coup de faucille.

Le jeu prend la forme d'un survival extrêmement classique. Vous êtes chassée, il y a un chasseur, vous passez le plus clair de votre temps accroupie pour ne pas faire de bruit, le tout en naviguant d'un étage à l'autre pour récolter des objets et clés pour résoudre quelques énigmes dont les objectifs sont plutôt flous. Pourquoi vous semble-t-il indispensable de récupérer un collier au fond d'un siphon d'une baignoire ? Aucune idée, mais il vous fera dépenser beaucoup d'énergie. Votre quête principale vous fera ouvrir tous les tiroirs dans le but de lire quelques documents (en réalité simplement posés sur des coins de table) et regarder chaque photo pour recoller les morceaux d'une famille brisée. En plus de cela, des objets de diversion et de défense trouveront leur place dans votre sac à main – car notre vieux grigou n'a pas pris ses cachets et le moindre craquement de plancher le fera débouler.

L'ambiance globale est donc à la chasse. Vous êtes traquée, vous devez ruser en profitant des quelques cachettes ou en choisissant de ne pas déverrouiller certaines portes qui offriraient à votre prédateur un raccourci malvenu. Celui-ci prend un malin plaisir à chantonner en déambulant et vous aurez l'impression qu'il susurre ses paroles à votre oreille (alors qu'il est juste à l'étage du dessus). Chose positive, une musique stressante à souhait s'intensifie à mesure qu'il se rapproche, pour littéralement éclater dans vos oreilles lorsqu'il vous aperçoit. Vous avez alors le choix de lui asséner un coup de ciseaux que vous aurez ramassés auparavant, ou de fuir et vous cacher en pleurnichant. La seconde option est généralement salvatrice si vous avez bien repéré les cachettes.
Quand tu t'incrustes chez un exhibitionniste

Le portage Switch

Non vous ne rêvez pas, on est clairement en train de se moquer de vous.

Imaginez exporter une vidéo 4K en un GIF ultra compressé. Vous obtenez une vague idée du résultat visuel de ce portage malheureux. Après avoir vérifié que la version PC était plutôt correcte, cette version Switch a tout du Frankenstein raté. Des textures ultra pixelisées répliquées à l'envi ; des personnages plus proches d'Alone in the Dark que n'importe quel jeu du XXIème siècle ; et un gros filtre de points noirs appliqué à l'écran, comme pour afficher un jeu à la résolution initialement plus basse. Rajoutez à ce menu déjà royal une surcouche d'innombrables bugs d'affichage et de gameplay, et vous obtenez le jeu le plus rebutant du catalogue de Nintendo. Pour ne pas gâcher votre plaisir, attendez-vous donc à voir à travers des portes fermées selon l'angle de la caméra, ou encore à voir des angles d'objets briller de mille feux (on imagine que le verso de la texture est... blanc). La caméra qui se bloque dans une direction après une interaction avec le vieux : super, il ne vous reste plus qu'à recharger. Ou encore le vieux qui lui-même se bloque derrière ses chiottes : parfait, vous pouvez vous promener dans le manoir en courant, il ne parviendra plus à vous attraper. Sérieusement, en 2019, comment est-ce possible ?
Fichier > Compresser. Yolo ça passe !

Pour qui ?

Bon t'as pas bientôt fini ? J'ai la taupe au guichet moi !

Il est sincèrement difficile de conseiller ce jeu à qui que ce soit, tellement il ne dispose pas d'attrait particulier. Ses ressorts de gameplay sont extrêmement classiques, les phases de cache-cache et d'exploration sont globalement poussives et peu agréables passé les premiers effrois. Côté énigmes, les objectifs peu clairs peuvent vous faire rapidement (enfin, lentement) tourner en rond, et il est difficile de comprendre ce que votre personnage a réellement en tête. Pourquoi s'obstiner avec telle ou telle chose à réparer ? Attendez-vous à passer beaucoup de temps à faire des aller-retours à chercher des objets qui ne sont pourtant pas si nombreux dans des pièces souvent fermées à clé. De plus, ce n'est pas comme si le jeu promettait une claque visuelle : les premières minutes de jeu vous installent dans un malaise qui vous fait sérieusement vous demander pourquoi vous avez décidé d'infliger cela à votre Switch.
Vous aimez vous faire du mal ? Vous allez adorer

L'anecdote

Vous souffrez ? C'est normal.

La première séquence du jeu est une très belle cinématique qui laisse apercevoir des personnages soignés et une histoire riche, sur fond d'un drame familial qui n'attend que vous pour être dévoilé. Mais une fois le jeu réellement démarré, sans mentir ma première réaction a été de penser qu'il y a eu un bug dans le téléchargement. Est-ce que la moitié des textures ne sont pas passées à la trappe avec mon wifi capricieux ? Le front suant, j'ai rebooté ma Switch, en me disant qu'il y avait eu un souci quelque part, que ça n'était pas possible, que je n'allais pas passer tout le jeu avec une vague interprétation de 3D sous les yeux. Mais non, c'est bien la réalité des choses, qui par chance est atténuée ensuite par l'extrême pénombre qui règne dans le jeu. Mais à quel prix ?
J'ai rebooté ma Switch en pensant que les textures n'avaient pas loadé
Les Plus
  • Malgré tout vous avez envie de savoir ce qui est arrivé à cette petite fille. Mais il faut s'accrocher.
Les Moins
  • Les textures
  • La 3D
  • Tout le jeu se fait en rampant
  • Les innombrables bugs : lol
Résultat

Incroyable mais vrai, ce jeu est sorti en 2019 sur Switch. Avec son style tout droit sorti de la fin des années 90, ses énigmes reposant essentiellement sur des objets éparpillés, son horrible environnement graphique totalement loupé, il ne lui reste pas grand-chose pour vous séduire. Si vous êtes vraiment adepte du genre, peut-être aurez-vous la curiosité d'y jeter un œil. Encore faut-il que vous acceptiez de vous promener de nuit dans un magasin Desigual. Bon courage.

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