Test | Beat Cop
14 sept. 2019

Sous les PV, la guerre de voisinage

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Beat Cop

Sale temps pour les flics. Enquêteur redevenu simple agent suite à une bavure louche, vous ne lâchez pas l'affaire pour autant et continuez votre enquête en costume bleu. Armé d'un stylo et d'un bloc de PV, vous débarquez dans un quartier tout en longueur, géré d'un côté par la mafia et de l'autre par un gang. Racket de commerces, recel de produits volés, tapinage... Bernard de La Villardière en aurait presque une mi-molle. Rester droit dans ses bottes est loin d'être une solution viable à long terme. Irez-vous délivrer un paquet sans l'ouvrir pour rendre service à un mafieux ? Fermerez-vous les yeux sur un braquage ? Vous laisserez-vous tenter par une petite turlutte gratuite pour laisser travailler la madame tranquillement ? Good cop, bad cop, bienvenue dans Beat Cop.

L'histoire

Sale histoire. Une enquête qui dérange, un coéquipier qui se fait descendre, la police des polices qui vous tombe dessus... Votre punition : redevenir un bleu, dans un commissariat de quartier. Votre nouveau premier jour semble rejouer votre malédiction : votre coéquipier, à quelques jours de la retraite, se fait rajouter quelques trous de balles lors d'une fusillade. Vous allez profiter de votre routine sur le terrain pour mener votre petite enquête et découvrir qu'ici, les flics ne sont pas vraiment tout blanc. Ils sont plutôt gris. Un gang de rue qui lui aurait réglé son compte suite à un différend ? Ou bien était-ce vous qui était visé ? Discutez avec les passants, rendez service (si vous le souhaitez) au gang ou à la mafia, achetez quelques tuyaux aux SDF qui gardent les yeux grands ouverts... vous avez un mois pour résoudre votre enquête, rétablir la vérité et quitter ce quartier qui met à mal vos convictions de flic.
Salut la bleusaille

Le principe

Votre terrain de jeu : un long trottoir plein d'embrouilles

Beat Cop pourrait presque rappeler le film "Un jour sans fin", la marmotte en moins. Votre journée selon une routine indéboulonnable : d'abord le briefing par le capitaine, avec vos collègues vulgos, racistes et misogynes, où vous héritez d'un objectif de PV à réaliser ; puis vos 8 heures de boulot sur le bitume, sur un trottoir unique que vous arpentez de long en large au gré des micro-missions du jour. Tout l'enjeu repose sur la gestion de votre timing : le temps passe vite dans Beat Cop, très vite même et vous n'avez clairement pas le temps de tout faire. Balancer les PV plus vite qu'un flingue automatique ne vide son chargeur devient un besoin plus que nécessaire. Les habitants du quartier vous sollicitent beaucoup, certains vous demandent de l'aide pour des bricoles comme interpeller un voleur à la tire, d'autres vous confient des missions plus conséquentes, qui nécessitent plusieurs allers-retours dans les commerces pour mener une petite enquête. Et sur un malentendu, ces rencontres fortuites vous font avancer sur quelques pistes, et influent directement sur votre réputation. Vos choix établissent en fin de journée un bilan statistique : vous êtes progressivement plus ou moins apprécié des habitants, du gang, de la mafia, et de votre chef.

Copain comme cochon avec un gang ou la mafia ? Mais quel genre de flic êtes-vous ? Si les premiers jours vous avez tendance à vouloir respecter un code de conduite irréprochable jusqu'à aller envoyer balader une mamie vous suppliant de ne pas lui coller l'amende de sa vie à cause de vulgaires pneus lisses, vous vous rendez vite compte qu'aider les filous et plus globalement le quartier peut vous être utile, en plus de vous ramener quelques dollars non négligeables. C'est ainsi que vous faites progresser votre enquête, certains tuyaux vous sont lâchés une fois la confiance installée. À noter qu'aider le gang ne fait pas plaisir aux mafieux, et inversement : jouer sur les deux tableaux peut s'avérer utile à court terme mais peut vite vous faire passer pour une personne de petite vertu. Pour le dire poliment.
Courir, verbaliser, encaisser des dollars

Pour qui ?

Les dialogues vous apprennent plein de choses sur la rue et sur vos collègues

Il faut s'armer de patience pour enchaîner les journées dans Beat Cop. Le quartier tout en longueur donne vite l'impression d'une zone de jeu trop linéaire avec des missions destinées à vous faire courir artificiellement d'un bout à l'autre de la map. Mais en mettant en place quelques astuces dans votre routine quotidienne, vous allez vite réussir à contourner cette contrainte. Pour commencer, vous n'allez pas faire de zèle sur les PV : ne verbalisez que les voitures concernées par votre objectif. S'il s'agit de stationnement, ne regardez pas les phares. Ensuite, multipliez vos missions en cours ; certaines sont à réaliser dans un temps imparti, mais en restant mobile vous pourrez résoudre de petites enquêtes rapides. Enfin, soyez attentifs aux dialogues. Écoutez la rue, les infos y circulent vite et beaucoup de monde en partagera volontiers avec vous, souvent contre quelques dollars... Et vos collègues, même si leur niveau de discussion ne vole pas haut, ont parfois des infos importantes sur le quartier à lâcher entre deux insultes, notamment quand des flics en civil rôdent dans le coin pour surveiller vos agissements...
À l'écoute de la rue

L'anecdote

Men In Blue

Les missions sont aussi diverses que variées, allant de livrer les courses à une mamie jusqu'à surveiller une ruelle le temps qu'un mac aille pisser, en passant par stopper des mafiosi en plein racket. Ou les laisser faire, selon votre choix. Et au milieu de tout ça, il y a l'insecticide dans le restau, qui permet d'éviter la fermeture de l'établissement et vous offre au passage un bon trip au pays des insectes géants. La discussion totalement loufoque avec le bestiau, totalement raccord avec l'esprit général du jeu, m'a un moment fait douter : est-ce que mon personnage est en train de planer ou est-ce qu'il y a vraiment des cafards géants qui se cachent dans l'arrière-boutique ? Je n'ai pas réussi à trancher. Et c'est là toute la subtilité du jeu.
Fallait pas sniffer l'insecticide
Les Plus
  • L'ambiance visuelle et sonore au poil
  • Des dialogues qui vont du cru à l'absurde
  • De nombreuses mini-missions au fil des jours
Les Moins
  • La map toute en longueur, qui finit par lasser
  • Le temps passe trop vite
Résultat

Avec son style rétro et ses dialogues à l'acide, Beat Cop parvient à poser une ambiance 80's intéressante et clairement adulte. Pour éviter de sombrer dans la déprime du dépôt de PV à la chaîne, rien ne vaut de fricoter avec la mafia ou le gang du coin. Cela vous sera également utile pour résoudre votre enquête : qui a tué votre coéquipier, et pourquoi ? Cependant, la double contrainte du terrain de jeu longiligne (une grande rue avec un seul côté du trottoir) et la montre qui défile à toute vitesse rendent Beat Cop proche du jeu de course. Vous n'hésitez pas à laisser des citoyens sur le bitume pour suivre une piste tiède, sans quoi vous terminez votre journée sans avoir avancé sur votre enquête. Et si vraiment vous avez passé une sale journée, vous pouvez toujours la recommencer, n'en déplaise à Phil Connors.

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