Dossier | N-Gage, la console Nokia

08 sept. 2003

Battez tambours, sonnez trompettes : un nouveau constructeur vient titiller Nintendo et bientôt Sony sur le terrain des consoles portables. Et comme c'est Nokia qui se lance sur ce créneau avec l'appui de Big Ben, de Sega, d'Electronic Arts, d'Activision ou encore de GameLoft, il est difficile de ne pas prendre cette nouvelle au sérieux. La N-Gage a le potentiel d'une Game Boy Advance pour les jeux en 2D et carrément d'une PS One pour les jeux en 3D ! Techniquement, c'est donc la console portable la plus puissante jamais conçue, en attendant la PSP de Sony au mieux fin 2004. Il suffit de lancer une partie de Tony Hawk's Pro Skater, de Tomb Raider ou de Pandemonium pour se rendre compte que les jeux sur N-Gage sont techniquement identiques aux versions PS One. C'est d'ailleurs amusant de retrouver une Lara Croft aux seins pointus qui s'encastre régulièrement dans les décors ou de voir dans Tony Hawk's Pro Skater des effets de vague qui font involontairement bouger les textures. Ces petits défauts étaient déjà propres aux versions PS One ! Il n'empêche, c'est un petit bonheur de retrouver les arènes de Tony Hawk 2 ou de se souvenir des pièges et des passages secrets de Tomb Raider lorsqu'on connaît déjà ces versions.

Dès qu'on lance un jeu en 2D, la baffe est en revanche moins forte. A part Rayman 3 qui est vraiment très coloré, les premiers jeux disponibles comme SonicN sont plus communs. Ils évoquent davantage la Game Boy Advance et le saut technologique est du coup moins impressionnant. Mais c'est là que la N-Gage dévoile son deuxième effet Kiss-Cool : avec sa compatibilité Bluetooth exploitée par la plupart des jeux, il est possible de jouer jusqu'à quatre sans fil. C'est chez GameLoft que nous avons pu essayer cette caractéristique sur Rayman 3, Tom Clancy's Splinter Cell et Marcel Desailly Pro Soccer. La détection fonctionne très bien, créer une partie ou en rejoindre une est extrêmement simple et ne prend que quelque secondes. Pas de lag, pas de déconnexions, le Bluetooth donne sur ces trois jeux d'excellents résultats !

Le multijoueur relance énormément l'intérêt. Dans Rayman 3, le mode Capture du drapeau s'avère à la fois nerveux et tactique grâce à des arènes bien conçues, au point qu'on ne voit pas le temps passer. Dans Tom Clancy's Splinter Cell, il faut progresser en coopération en faisant attention à ne pas tirer n'importe où, afin de ne pas coller une balle dans le dos de son meilleur ami ou de sa plus jolie attachée de presse. Du coup, l'approche est très différente avec de la compétition silencieuse et concentrée dans Rayman 3 et de la coordination bavarde dans Tom Clancy's Splinter Cell. Marcel Desailly Pro Soccer propose de son côté des matchs classiques qui lorgnent plus sur un Pro Evolution Soccer que sur un FIFA. Il est impératif de construire des actions pour marquer, ce qui évite de gagner en utilisant un unique joueur...

Les premières impressions seraient donc très bonnes si la N-Gage ne souffrait pas de deux gros défauts ergonomiques. Le plus grave concerne l'absence de gâchettes sur le dessus, ce qui est gênant lorsqu'il faut appuyer sur deux boutons à la fois. Mine de rien, seul le pouce est utilisable, ce qui oblige à faire preuve de dextérité et ce qui entraîne accessoirement quelques crampes. Ce n'est pas gênant pour les jeux en 2D mais dans Tony Hawk's Pro Skater, certains tricks deviennent presque irréalisables. L'autre défaut vient de l'insertion des jeux qui s'effectue comme pour une carte SIM ! Il faut enlever le couvercle puis la batterie pour insérer les cartes lilliputiennes, des cartes mémoire MMC en fait. L'écran reste en revanche très lisible même en plein soleil et ne gêne pas trop malgré sa disposition verticale et sa palette de 4096 couleurs seulement. A l'exception de quelques passages comme le premier boss de SonicN qui écrase le pauvre hérisson avec un marteau géant, l'étroitesse horizontale de l'écran n'est pas un handicap.

Accessoirement, la N-Gage est bien sûr autre chose qu'une console même si c'est cet aspect qui intéresse le plus les joueurs. C'est aussi un téléphone portable peu pratique à cause de sa forme allongée, à moins d'utiliser le kit piéton ou la fonction mains libres intégrée. Le son est en revanche très bon et la bête capte bien les réseaux, même dans le train. Véritable petit couteau suisse multimédia, la N-Gage intègre aussi une radio FM et fait office de baladeur MP3. Le package comprendra d'ailleurs une carte MMC de 128 Mo, ce qui permet de caser un album complet en qualité CD. Trois boutons servent à passer rapidement d'une fonction à l'autre et la navigation dans les divers menus est très intuitive grâce à de grosses icônes agréables, dans la veine de ce que proposent les téléphones portables couleur les plus récents. La N-Gage sera d'ailleurs vendue comme un portable dans les boutiques de téléphonie comme SFR et Orange. Son prix hors forfait devrait tourner autour de 300 €, tarif qui pourrait être divisé par deux en cas d'abonnement ou de renouvellement de portable. Les jeux coûteront 39 € ou 49 €, ce qui correspond au tarif honteux des jeux Game Boy Advance.

En attendant de pouvoir tester la bête en long, en large et en travers, voire même de la désosser complètement pour vérifier la couleur de sa PCB, il reste encore quelques incertitudes. Nokia annonce environ cinq heures d'autonomie en mode console, durée qui peut être revue à la baisse ou à la hausse selon les options de luminosité retenues et en fonction des jeux. Il faut voir aussi si le catalogue va s'étoffer rapidement, les premiers jeux disponibles étant des remakes de jeux connus. Sonic N est l'adaptation du premier Sonic Advance sur Game Boy Advance, Tony Hawk's Pro Skater est le remake de Tony Hawk's Pro Skater 2 sur consoles de salon, et ainsi de suite. L'avantage, c'est que ces licences sont connues. L'inconvénient, c'est que les jeux le sont aussi, même s'ils gagnent quelques bonus ou une fonction Bluetooth lors du portage. Comme pour chaque console, ce sont les jeux qui feront donc la différence dans les mois qui viennent.

Techniquement impressionnante, la N-Gage est un petit bijou qui devrait ravir les amateurs de tout intégré. Téléphone portable, console, baladeur radio et MP3, il ne lui manque guère qu'un appareil photo intégré. Reste que quelques petits défauts ergonomiques gâchent le plaisir et qu'il reste des inconnues comme l'autonomie en utilisation courante ou encore la réaction des vrais joueurs, les purs, les durs.