Ce jeudi 4 avril 2013, Aurélie Filippetti et Fleur Pellerin, respectivement ministre de la Culture et de la Communication et ministre déléguée chargée des PME, de l'Innovation et de l'Économie numérique, étaient d'accord sur un fait : la création à la française, la "french touch" est mondialement reconnue. Et le domaine du jeu vidéo n'est pas en reste, puisque ce jour là quelques représentants des boîtes françaises (qui fonctionnent) étaient présents. Parmi eux, des créateurs de jeux, mais aussi des éditeurs, sur des supports consoles, mobiles, ou Facebook. Le jeu vidéo est partout, même dans l'iPhone de Fleur Pellerin.
Un groupe de travail pour sauver la jeune industrie du jeux vidéo à la française ?
Hébergé pour son lancement chez Quantic Dream, le groupe de travail composé du gouvernement, du SELL et d'Yves Guillemot, a pour principale mission de trouver une solution pour sauver l'emploi du secteur des jeux vidéo. Très concrètement, certaines boîtes fonctionnent, mais se retrouvent coupées en plein élan, fautes d'investisseurs, permettant d'assurer un capital nécessaire à payer nos talents français. Pour beaucoup, des PME. Car tous le souligneront au cours de leur présentation : de Quantic Dream à Pretty Simple (dont le jeu Criminal Case a dépassé les 15 millions d'utilisateurs mensuels sur Facebook en mars), les profils employés sont plutôt fortement diplômés et en CDI pour la plupart. Le nerf de la guerre : le crédit impôt jeu vidéo. À la manière du crédit impôt recherche, dont bénéficient certaines entreprises, ce type de mesure fiscale permet une réduction d'impôts selon les travaux engagés. Par exemple, chez Quantic Dream, une forte part de l'équipe est dédiée à la R&D, et bénéficie donc du crédit impôt recherche. Ce que les studios souhaitent, c'est revoir à la hausse le crédit impôt jeu vidéo, actuellement de 20 % et fixé par Bruxelles. En le passant à 30 %, cela ouvrirait déjà de larges portes.
Et les studios français en auraient bien besoin. Vincent Mondaine, du studio / éditeur Bulkypix, présente une slide de sa vingtaine de studios partenaires. Sauf qu'à ce jour, une partie d'entre eux a cessé d'exister. Les studios qui ferment, faute de financement, voilà la véritable problématique. Corentin Raux, de Pretty Simple, se félicite du succès de Criminal Case. Mais pour en arriver là, il a dû avec son équipe créer d'autres jeux, jusqu'à trouver la bonne formule. S'il a pu tenir tout ce temps, c'est grâce à des investissements privés. Mais bon nombre de studios n'y accèdent pas. Aujourd'hui, Pretty Simple emploie une quarantaine de personnes ; grâce au crédit d'impôt jeux vidéo réajusté, il pourrait en employer le double.
Une filière d'avenir
Aurélie Filippeti est concernée par les jeux vidéo. Certes, elle a cessé de jouer après quelques parties de Pong, mais elle a saisi l'enjeu qui se trame : "Nous sommes, avec Fleur, mobilisées par cette filière d'avenir, et nous avons bien saisi le delta qui sépare la France du Canada". En effet, l'industrie du jeu vidéo emploie 14 000 personnes au Canada, contre 5 000 en France. Et Guillaume de Fondaumière (Quantic Dream), de rajouter : "Si nous étions implantés au Canada et non en France, notre chiffre d'affaires serait plus élevé de 2 millions d'euros". Tout simplement. Car là bas, jusqu'à 40 % du coût de création d'un jeu vidéo peuvent être remboursés.
Cet été le groupe de travail devra rendre le résultat de ses réflexions concernant la mesure fiscale afin d'être intégrée au projet de loi 2014. Mais il ne s'arrêtera pas là : les régions, mais aussi la propriété intellectuelle font partie des sujets qui pourront être abordés prochainement. Toujours dans un seul objectif : favoriser l'emploi et la croissance dans le domaine du jeu vidéo français. Il s'agit d'un domaine dont le marché se situe à près de 80 % dans l'export, et dont les premiers investisseurs dans nos studios français, après Ubisoft, sont étrangers. À suivre.