Test | Rise of the Tomb Raider
14 nov. 2015

Au nom du père

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Rise of the Tomb Raider

Deux ans après avoir réinventé la légende, Crystal Dynamics offre à Lara Croft son aventure fondatrice, celle qui va ensuite la conforter à dilapider la fortune familiale dans des expéditions hors de prix. Tant mieux pour nous, car plus elle dépense, plus on s'amuse. Et le moins que l'on puisse dire avec Rise of the Tomb Raider, c'est qu'elle a dépensé sans compter.

L'histoire

C'est bien connu, derrière chaque héros se cache une blessure secrète. Celle de Lara Croft est révélée dans cette nouvelle itération de ses aventures. Cette fêlure la pousse à suivre les traces de son explorateur de père jusqu'en Sibérie, environnement rude s'il en est, à la recherche d'une source de vie éternelle. Bien entendu, une sombre organisation est également sur le coup, histoire de pimenter comme il se doit la progression de notre aventurière.

Dans Rise of the Tomb Raider, Crystal Dynamics continue donc de réinventer la légende de Miss Croft, en s'éloignant encore un peu plus de l'esprit originel. Vieux fans des années 90, rassurez-vous : cette remise aux goûts du jour scénaristiques tient plutôt bien la route, se payant même le luxe de plus de cohérence dans son récit. Excepté un flash-back – somptueux – en Syrie, les développeurs privilégient une nouvelle fois une unité de lieu unique. Et quel lieu ! Les hauteurs Sibériennes apparaissent aussi majestueuses que sauvages, voire souvent brutales. D'ailleurs, les premières minutes sur les sommets balayés par une tempête de neige sont d'une rare intensité.

Autre détail à saluer : l'orientation un poil teenager du précédent Tomb Raider laisse maintenant la place à une aventure plus mature. Logique puisque Lara a grandi, son acolyte Jonah, encore de la partie, également. Par contre, côté grand méchant, le charisme est descendu d'un cran. Il apparaît ici moins effrayant car peut-être un peu moins radical (pas seulement parce qu'il ne s'appelle plus Père Mathias...). Sans trop vous révéler le scénario, ce polissage est probablement dû à l'omniprésence d'un sentiment qu'on pourrait croire étranger à cette licence : l'amour...
La maturité retrouvée

Le principe

Progressez un maximum en mode Ninja pour apprécier les progrès de Lara en terme d'infiltration.

Si vous avez apprécié Tomb Raider, vous allez adorer Rise of the Tomb Raider. Rien de plus normal puisque Crystal Dynamics utilise la même recette, en y ajoutant des exhausteurs de gout aux bons endroits. Les phases d'exploration sont ainsi améliorées, avec la présence de tombeaux défis nettement plus grands et souvent magistraux. Quant aux phases d'escalade, elles gagnent en intensité si bien que l'utilisation des doubles piolets est un vrai régal. Et ça continue avec l'aspect roleplay. S'il était tout juste effleuré dans l'épisode précédent, il est ici beaucoup plus travaillé. Sans atteindre le niveau d'un The Witcher 3, ne rêvons pas, il permet à Lara Croft de faire des choix stratégiques dans l'amélioration de ses compétences et de son équipement. Dans le même esprit, notre aventurière peut être sollicitée par les autochtones pour remplir des missions facultatives comme débarrasser le secteur de bêtes féroces ou allumer des foyers pour prévenir les autres d'un danger imminent. Bref, en plus de l'aventure principale, déjà bien complète, vous avez largement de quoi vous occuper en annexe. Et finir le jeu à 100% vous demandera une bonne vingtaine d'heures, voire plus si vous flânez.

Au rayon améliorations, ajoutons également l'aspect infiltration qui vous laisse beaucoup plus souvent le choix entre une progression musclée et une approche plus subtile. À vous de prendre le temps de nettoyer un camp adverse en toute discrétion pour économiser vos munitions ou, au contraire, foncer dans le tas la fleur au fusil (à pompe, forcément). Lara peut même piéger les cadavres de ses adversaires. Côté ennemis justement, même si les mercenaires sont très nombreux, l'équilibre apparaît mieux dosé avec la faune sauvage. Lara peut donc se confronter aux animaux féroces du coin, tels que des loups, ours ou même l'impressionnant tigre de Sibérie. Finissons par des conditions météos mieux gérées, avec notamment leur impact sur la faune justement (certains animaux ne sortent que la nuit). Notez aussi que la gestion de la neige apparaît très réaliste. Dans la poudreuse, Lara aura ainsi plus de mal à progresser, détail à prendre en compte en cas de fuite, par exemple...
La même en encore mieux

Pour qui ?

Les tombeaux à explorer sont magistraux, appuyés par un excellent level design.

Fans de la première heure, soyez heureux : Rise of the Tomb Raider s'adresse aussi bien à vous qu'aux joueurs "contemporains" (adjectif judicieusement choisi pour ne pas les écorcher). Oui, ce nouvel épisode est toujours aussi accessible, mais libre à vous de ne pas utiliser les outils qui prennent le joueur fainéant par la main. Côté fond, Crystal Dynamics a pris le temps d'écouter les commentaires des puristes, ajoutant ainsi beaucoup plus d'exploration, de tombeaux gigantesques, d'énigmes impressionnantes, et une multitude de détails qui feraient presque passer Lara Croft pour une vraie archéologue. Les combats – souvent évitables mais à certains moments clés incontournables – ne sont pas des objectifs mais des moyens d'arriver à ses fins. À ce niveau là, la scène finale est d'ailleurs particulièrement réussie. Cela dit, si vous aimez les fusillades, les explosions, la castagne (assez jouissives les mises à mort des ennemis), vous allez être servi aussi.
Fans ravis et grand public aussi

L'anecdote

N'hésitez pas à parler aux autochtones pour obtenir des missions secondaires originales.

Si l'on s'en tient uniquement à sa trame principale, Rise of the Tomb Raider se vit comme un grand film d'aventure qui plante encore un peu plus la – nouvelle – légende de Lara Croft. Chaque détail a son importance si vous souhaitez en savoir plus sur l'aventurière, son passé mais également son futur. Alors, ne manquez surtout pas le générique de fin...
Jusqu'au bout du bout
Les Plus
  • Une aventure parfaitement maîtrisée de A à Z
  • Un aspect roleplay encore plus poussé
  • Plus de diversité dans les ennemis (de nombreux animaux sauvages)
  • L'abandon heureux du multijoueur, incompatible avec l'essence même de la série
  • Une faune très intéressante
  • L'utilisation de l'arc encore plus jouissive
  • Les tombeaux impressionants et leurs énigmes dans la veine des tous premiers Tomb Raider
  • Une scène finale magistrale
  • Des PNJs alliés travaillés
  • Le mode exploration et ses missions annexes pour prolonger l'aventure
Les Moins
  • Toujours pas de manoir Croft à explorer
  • Un poil de second degré aurait été le bienvenu
  • Un méchant qui manque un peu de charisme
Résultat

Avec Tomb Raider, Crystal Dynamics était joliment parvenu à rebooter la légende de Lara Croft. Sur cette suite, la talentueuse équipe repousse encore un peu plus les limites en accentuant ses efforts sur l'essence même de cette série : l'exploration et l'archéologie. Le résultat est sans appel : Rise of the Tomb Raider n'est ni plus ni moins le produit de divertissement le plus généreux, intelligent et jouissif de cette fin d'année. Qui plus est avec une maîtrise technique impeccable, ce qui n'est pas toujours le cas sur les titres aussi attendus. Il se place ainsi en mètre-étalon du genre, modèle que la concurrence devra prendre en compte si elle ne souhaite pas souffrir de la comparaison.

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