Test | Tomb Raider IV-V-VI Remastered

02 mars 2025

Tomb Raider IV-V-VI Remastered retrace les dernières années de Lara Croft sous l'ère Core Design, avec des aventures variées et marquantes. La Révélation Finale entraîne l'héroïne en Égypte dans une expédition qui tourne mal et la laisse piégée sous une pyramide pour une éternité supposée. Sur les Traces de Lara Croft adopte une construction plus fragmentée, en racontant via des flashbacks les exploits passés de l'exploratrice à travers le monde. Enfin, L'Ange des Ténèbres propose un ton plus sombre et plus cinématographique, en suivant Lara, accusée du meurtre de son mentor Werner Von Croy, dans une enquête parisienne mêlant sociétés secrètes et artefacts maudits. Si les deux premiers jeux de cette trilogie conservent l'approche traditionnelle de la série avec une alternance d'exploration et d'énigmes, le dernier tente d'amorcer une évolution plus scénarisée, mais son ambition a été freinée par un développement on ne peut plus chaotique.

Ces trois opus poursuivent l'héritage des précédents en conservant une structure basée sur des niveaux labyrinthiques où chaque salle est un casse-tête grandeur nature. Lara doit explorer des temples, des ruines et des catacombes en manipulant des mécanismes, en résolvant des énigmes et en franchissant des obstacles à l'aide d'acrobaties toujours précises. La Révélation Finale et Sur les Traces de Lara Croft ne bouleversent pas la formule des trois premiers jeux, mais affinent la mécanique en ajoutant des mouvements supplémentaires comme la corde ou la possibilité de se balancer à des barres horizontales. La progression y est toujours exigeante, avec une gestion des sauts et des timings parfois impitoyable qui peut mettre vos nerfs à rude épreuve.

Avec L'Ange des Ténèbres, la série prend un virage plus expérimental en introduisant une gestion d'endurance, des interactions avec des PNJ et un système d'évolution physique où Lara doit renforcer ses capacités pour franchir certains obstacles. Malheureusement, ces idées restent sous-exploitées, et ce sixième épisode souffre de contrôles imprécis et d'une lourdeur inhabituelle dans les déplacements, rendant certaines phases de jeu frustrantes. Ce changement de direction aurait pu être très intéressant, mais il reste un brouillon d'un concept malheureusement jamais abouti.

Sur le plan visuel, le travail de remasterisation des deux premiers jeux de cette collection suit la même ligne que celle appliquée à Tomb Raider I-II-III Remastered. Les modèles des personnages sont plus détaillés, les textures ont été affinées et l'éclairage modernisé apporte une meilleure lisibilité aux environnements sans pour autant trahir l'ambiance originale. L'expérience reste fidèle à l'époque, avec un confort visuel amélioré qui évite le rendu trop brut des versions d'origine. La touche de switch entre les graphismes originaux et ceux d'aujourd'hui est toujours un régal à spammer pour se rendre compte du glow up impressionnant.

En revanche, le cas de L'Ange des Ténèbres est plus particulier. Les améliorations graphiques sont beaucoup plus discrètes et, pire encore, incomplètes. Si certains PNJ secondaires ont bénéficié d'un lifting, d'autres personnages majeurs n'ont pas été remastérisés, créant un contraste assez étrange entre les différents modèles. Cette inégalité visuelle donne l'impression d'un travail précipité, Aspyr n'ayant manifestement pas eu le temps de finaliser cette partie avant la sortie. Reste à espérer qu'un patch viendra corriger cette incohérence.

Du côté sonore, les compositions de Peter Connelly conservent toute leur puissance et participent à l'immersion, avec des thèmes reconnaissables et une atmosphère qui n'a rien perdu de son efficacité.

Cette compilation s'adresse avant tout aux nostalgiques de l'ère Core Design, ceux qui ont grandi avec Lara Croft et souhaitent revivre ces aventures dans des conditions plus agréables. Les amateurs de jeux d'exploration à l'ancienne y trouveront également leur compte, à condition d'accepter une maniabilité rigide et des mécaniques parfois datées. En revanche, si vous êtes habitué aux Tomb Raider modernes, le retour en arrière peut être brutal, notamment à cause de l'exigence des déplacements et de l'absence d'indications à l'écran. Pour L'Ange des Ténèbres, le verdict est nettement plus contrasté : si vous êtes curieux de découvrir ce que la saga aurait pu devenir avant d'être rebootée, cela peut être une expérience intéressante... mais préparez-vous à affronter ses défauts et son remaster pour le moment incomplet.

Je dois l'admettre, en découvrant cette compilation, j'ai d'abord trouvé l'idée assez logique. Après tout, ces trois jeux forment une sorte de trilogie cohérente sur le plan narratif. Mais une fois la manette en main, le choc est brutal. Jouer à La Révélation Finale et à Sur les Traces de Lara Croft, c'est retrouver un gameplay maîtrisé, certes rigide mais efficace, et une progression fluide. Puis vient L'Ange des Ténèbres... et là, tout bascule.

Pour la licence, le passage à la PlayStation 2 devait à l'époque marquer un renouveau, et ici il resouligne surtout un écart technique et ludique abyssal. Lara devient soudainement lourde, imprécise, comme si elle découvrait elle-même qu'elle peut désormais s'accrocher aux rebords en appuyant sur un bouton au lieu de le faire automatiquement. Là où les deux premiers jeux restent plaisants malgré leur âge, L'Ange des Ténèbres est une épreuve. Et c'est bien là le problème : pourquoi proposer un simple remaster pour un jeu qui n'était déjà pas terminé à sa sortie ? Ce titre aurait mérité un vrai remake, pas un simple lifting qui met encore plus en lumière ses défauts. Au final, cette compilation, en voulant réhabiliter un volet mal-aimé, ne fait que rappeler pourquoi il l'est tant.