Rompez, soldat !
- Éditeur Konami
- Développeur Kojima Productions
- Sortie initiale 1 sept. 2015
- Genre Action
Après un Ground Zeroes considéré par beaucoup comme une simple démo, Metal Gear Solid V : The Phantom Pain voit enfin le jour. Ultime épisode développé par Hideo Kojima, le jeu a connu une gestation difficile avec son lot de polémiques liées, justement, au futur départ du créateur japonais de chez Konami. Bon ou mauvais signe ?
L'histoire
Metal Gear Solid V : The Phantom Pain est étonnant pour plusieurs raisons. Tout d'abord, il témoigne de la bonne volonté de Kojima. Après avoir massacré le quatrième volet en mettant le ludisme au second plan, le créateur replace cet aspect au centre de ce cinquième volet. Plus pragmatiquement, le jeu est mieux rythmé et les cinématiques moins nombreuses que dans Metal Gear Solid IV : Guns of the Patriots. Il y a même quelque chose d'assez "next-gen" dans la progression, le titre vous laissant choisir vos missions comme bons vous semble, même si des objectifs secondaires peuvent dès lors se retrouver "coupés" par des rencontres fortuites ou une mission principale. Libre à vous, alors, de quitter la zone de mission pour revenir à votre objectif secondaire initial. Pour donner un exemple concret : je me suis retrouver à vouloir explorer des terres inconnues afghanes afin de remplir une mission annexe. Toutefois, sur le trajet, je suis tombé sur un sniper important pour la trame scénaristique. Le jeu vous propose alors plusieurs choix : soit affronter l'ennemi en question, soit rebrousser chemin, soit tout bonnement traverser la zone sain et sauf pour continuer la quête annexe initialement prévue.
Pour les adeptes de la série, Metal Gear Solid V : The Phantom Pain a aussi la bonne idée d'être globalement moins risible que Guns of the Patriots. Contrairement à son prédécesseur, le jeu n'est pas bavard au point d'en devenir abscons – ou du moins pas autant que son prédécesseur. Un point qui permet également à Kojima de mettre en avant ses talents de cinéaste, ce dernier ayant enfin compris que quelques plans de caméra peuvent parfois en dire plus qu'un long discours. Sachez, soit dit en passant, que ce volet se pose en quelque sorte comme le préquel à Metal Gear Solid, et donc comme un véritable chaînon manquant entre ce volet et Snake Eater. Longtemps hypothétique, cet épisode justifie tout de même assez brillamment son existence.
Le principe
La mise en scène est souvent remarquable.
Tout l'intérêt de Metal Gear Solid V réside plutôt dans son approche de l'environnement ouvert. Pour faire simple, c'est comme si la zone de Ground Zeroes était reliée à plusieurs autres territoires donnant au jeu toute sa consistance. Vous devez donc parfois prendre des chemins sinueux ou montagneux pour passer d'une zone à l'autre. Et si vous trouvez un point de vue en hauteur, c'est tant mieux : vos jumelles vous permettent une fois de plus de marquer l'ensemble des gardes.
L'autre grosse nouveauté de Metal Gear Solid V se situe sans surprise dans la présence de quelques ennemis atypiques. Les skulls, des soldats paraissant plus ou moins possédés, vous massacreront dès qu'ils vous trouveront. Ainsi, ils constituent sans doute le poison ludique du jeu, en particulier pour les joueurs adeptes de l'infiltration qui verront leur rythme de croisière être coupé net par ces adversaires. Pour leur part, les boss sont relativement mémorables, même si les codes de la série se font ressentir au fil des années (et ils se révèlent donc être moins efficaces). Saluons néanmoins l'intelligence des affrontements, les opposants pouvant parfois être "tués" en un coup bien senti.
La progression
Améliorer votre équipe de renseignement vous permet d'avoir des informations sur le terrain.
Si cela est utile, c'est parce que le personnel assigné en fonction de ses compétences (représentées par des lettres) fait grimper le niveau du secteur concerné. Des paliers nécessaires pour développer tout un tas d'équipements, de la moindre arme ou tenue aux équipements dédiés à votre hélicoptère, à votre cheval, à votre chien ou à toute autre joyeuseté que nous vous laissons le plaisir de découvrir. Par exemple, si le cheval vous permet de vous déplacer rapidement ou d'arrêter des véhicules en le laissant au milieu de la route, le chien peut repérer les cibles et même les attaquer. De quoi gagner un temps précieux durant la reconnaissance des bases ennemies.
D'autant que la Mother Base est un réel moteur de progression. Si vous voulez augmenter vos effectifs, vous devrez construire des plateformes en conséquence. Pour ce faire, il vous faudra des matériaux en tous genres. Bien que la flore ne serve qu'à la confection de quelques armes (notamment les jouets tranquillisants), c'est bien les matières premières (métaux, ressources biologiques, carburant, etc.) qui vous permettent de transformer votre base. Des ressources qui sont trouvables dans les camps ennemis, en déployant vos troupes dans des conflits ou en extrayant des containers des territoires ennemis. Et encore, ne parlons pas du temps que peuvent prendre certaines opérations, pouvant parfois s'étaler sur plusieurs heures !
C'est donc dans sa gestion du temps et son immersion que Metal Gear Solid V se distingue de Peace Walker, qui proposait lui aussi le système d'extraction et la Mother Base. Metal Gear Solid V brille par l'immersion portée par son rapport au réel et les détails qui l'accompagnent ici et là, qu'il s'agisse des déploiements par hélicoptère, de cycles jour/nuit (notez que vous pouvez choisir votre horaire de déploiement), de la météo ou des interactions réalistes avec l'environnement. Certains verront toutefois dans le fait que Big Boss puisse faire tomber des objets en allant trop vite une fausse bonne idée.
Le multi
Le fait que la Mother Base soit visitable et évolue constamment ajoute de l'immersion.
L'emballage
Le duel avec un sniper : un grand classique de la série.
Pour qui ?
Le Fox Engine fait des merveilles. Notez que vous visiterez aussi d'autres zones que l'Afghanistan.
Si vous cherchez un jeu apéritif histoire de passer un bon week-end, The Phantom Pain n'est donc pas le titre qu'il vous faut. Ici, il est plutôt question d'une aventure chronophage pouvant vous occuper pendant plusieurs semaines. Comme les protagonistes du jeu l'indiquent eux-mêmes : "chaque action fait progresser votre cause". C'est donc avec cette idée en tête que vous remplirez des missions aux objectifs certes parfois redondants, mais avec des possibilités d'approches multiples.
L'anecdote
Des événements hebdomadaires sont présents pour faire "vivre" la communauté.
- De l'audace à tous les niveaux
- Une mise en scène surprenante
- Un passage à l'environnement ouvert particulièrement réussi sur le plan ludique
- Les mécaniques fortes de Peace Walker y sont pour quelque chose
- Le Fox Engine fait plus que le boulot
- La Mother Base, un vrai moteur
- L'aspect communautaire
- Démesuré
- Un vrai sens du rythme
- Quelques passages WTF
- Il faut du temps (soyez prévenus !)
Il y aurait beaucoup à dire sur Metal Gear Solid V : The Phantom Pain. Mais le plus important est là : il s'agit d'un grand jeu, dans tous les sens du terme. Terriblement audacieux et complètement à part dans la série (notamment par son rythme et son ambiance), celui-ci ne se destine pas à tout le monde pour autant. En effet, il s'agit d'une expérience qui se savoure sur la durée, sur des dizaines et des dizaines d'heures de jeu. C'est la seule façon de réellement comprendre cet épisode incroyable, et qui met fin – de belle manière – à une collaboration qui s'est étalée sur près de trente ans. Chapeau !