Test | Test Drive Unlimited : Solar Crown
17 sept. 2024

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Test Drive Unlimited : Solar Crown

Longtemps espéré, le retour de Test Drive est aujourd'hui une réalité. Pourtant, il s'en est passé des choses depuis la sortie de Test Drive Unlimited 2 en 2011. En effet, un certain Forza Horizon a fait son chemin, au point d'enchaîner les épisodes et d'être devenu la référence du jeu d'automobile en monde ouvert.

Le principe

La question que nous pouvions légitimement nous poser avec Test Drive Unlimited : Solar Crown, c'est de savoir si la saga allait réussir à tirer son épingle du jeu et à se renouveler après plus d'une décennie d'attente. Et on va être clair : le constat est assez décevant. En effet, par sa structure, ce nouvel épisode n'apporte rien sur le secteur du jeu de course en monde ouvert. Vous vous retrouvez dans une ville et devez participer à diverses épreuves afin de gagner en réputation, le tout en roulant pour un clan. Rien de révolutionnaire, et que du classique sommes-nous tentés de dire.
Rien de neuf à l'horizon

Le gameplay

Les ambiances sont parfois très réussies. Notons toutefois un clipping très présent.

Pourtant, Solar Crown conserve un atout pour lui : son gameplay. Non pas que ce dernier soit irréprochable, mais le feeling finalement assez arcade du titre détonne avec la plupart des productions d'aujourd'hui. Un point renforcé par deux aspects. Le premier, c'est l'habillage visuel des courses : par défaut, le titre intègre de nombreuses flèches numériques nous indiquant les directions à prendre pendant les épreuves. Pour un peu, on se retrouverait dans l'esthétique arcade des années 1990. Ensuite, le feeling manette en main a la bonne idée de se coupler à une gestion de l'environnement que l'on qualifiera de semi-originale. D'abord il y a la circulation, un peu plus prononcée que dans d'autres jeux et rappelant finalement (toutes proportions gardées) Burnout. Ensuite, il y a également – surtout ? – le fait que chaque élément du décor freine notre véhicule. Cela peut paraître futile, mais ça ne l'est pas vraiment quand le jeu concurrent permet de foncer dans des murets sans que cela nous freine réellement. Dans Solar Crown, passer par un buisson, une barrière ou un abribus vous fera légèrement ralentir, amoindrissant légèrement le gain de temps gagné et ouvrant par la même occasion la voie aux véhicules éventuellement situés derrière vous. Une idée bienvenue mais pas assez prononcée lorsque l'on sait que les éléments réapparaissent – par exemple – d'un tour à l'autre.

Enfin, le feeling arcade se poursuit avec les courses de cross-country (au gameplay vraiment réussi), ainsi qu'avec une gestion des dégâts presque inexistante et un vrai côté « auto-tamponneuse ». Le titre ne pénalise jamais trop les contacts sur le plan des sensations : foncez dans un mur et votre voiture aura tendance à glisser ou à rebondir légèrement pour vous permettre de vous remettre en course. L'espoir sera toutefois mince compte tenu de l'IA chaotique des concurrents : d'un côté ces derniers feront parfois des erreurs grossières, similaires aux vôtres (d'une certaine façon) ; tandis que d'un autre, elle semblera vous rattraper par on ne sait quelle sorcellerie. Et franchement, si le défis est dans un sens au rendez-vous, la frustration l'est souvent tout autant.
Des sensations présentes

La progression

Constat étonnant : le CPU rate très fréquemment les mêmes virages.

Cependant, les sensations de Solar Crown peinent à cacher des failles bien plus grandes. En effet, le jeu semble jouer sur tous les tableaux – au point de se perdre – et rien de mieux pour le démontrer que son système de progression particulièrement ennuyeux et frustrant.

D'un certain point de vue, le titre joue la carte d'un pseudo-réalisme, avec par exemple la présence de lieux (bastions des clans, concessionnaires) au sein de la carte. Rien de véritablement gênant en soi... à condition que la vision persiste en dehors de cela. C'est tout le problème de Solar Crown : le titre est tantôt liberticide, tantôt libertaire. S'il n'est pas gênant en soi de devoir parcourir (à pied) des concessionnaires, cela pose un problème lorsque, pour améliorer notre véhicule, le jeu nous bride en se basant sur son foutu système de réputation. Vous voulez améliorer votre véhicule au début du jeu ? Impossible, la plupart des améliorations se déverrouillent par paliers (par exemple, rang 25). Et ce, quand bien même vous auriez 1 million de crédits en poche.

Cela n'a aucun sens compte tenu de l'univers et du système global du jeu. Ainsi, derrière son monde ouvert, Solar Crown est en réalité dans un contrôle permanent du joueur. Cela vaut pour ses courses qui, malgré des environnements urbains réussis, rejettent le principe d'un Midtown Madness (parcourir une ville pour traverser des checkpoints, mais en passant où nous le désirons) pour quelque chose de conventionnel (des tracés et circuits avec checkpoints quasi impossibles à rater). Là encore, la déception est au rendez-vous.

Énième paradoxe symbolique : le titre propose des voyages rapides à toutes les sauces. Ce n'est pas dérangeant en soi, mais l'expérience semble au bout du compte partir dans tous les sens, proposant par exemple des concessionnaires nous imposant de circuler dans des boutiques, tout en permettant des voyages rapides pour justement se téléporter au sein de ces mêmes concessionnaires. Pourquoi ne pas avoir simplement fait un menu commun, dans ce cas ? Tout Solar Crown repose sur cette dichotomie assez agaçante, faisant croire à des choix radicaux (il faut attendre de nombreuses heures de jeux avant de pouvoir acheter sa première Ferrari, ce qui est gratifiant), mais ne les exécutant que par un contrôle exacerbé (en l'occurrence, l'impossibilité de les acheter avant d'atteindre le niveau 40).
Des systèmes liberticides

La technique

Quand on voit le prix de certains bolides, le fait d'être bridé par la réputation n'a aucun sens.

Ni forcément beau, ni forcément vilain, Test Drive Unlimited : Solar Crown brille surtout par l'urbanisme de sa ville, plutôt cohérent et divertissant dans ce qu'il propose comme variation de routes et ruelles. Toutefois, impossible d'aborder l'aspect technique sans parler du sujet qui fâche : le lancement chaotique du jeu, notamment lié à des bugs et soucis de serveurs.

Sur Gamatomic, nous prenons généralement notre temps avant de publier un test (avec l'avantage, pour les développeurs, d'avoir plus de répit pour patcher un jeu). Pourtant, Solar Crown nous a mis dans des situations bien délicates : impossible de jouer au titre à la réception du jeu (la faute à une maintenance). Plus problématique : au moment du lancement en accès anticipé, nous n'avons pas pu nous connecter au jeu pendant plusieurs jours, toujours à cause de soucis avec les serveurs. Et même si le constat est paraît-il un peu meilleur aujourd'hui, il a encore été compliqué pour nous de nous connecter au jeu au week-end du 15 septembre (fenêtre de sortie du jeu).

En fait, il faut comprendre que Solar Crown impose une connexion obligatoire, et que le titre semble se connecter en ligne à chaque épreuve pour mettre à jour vos données. Ainsi, arriver dans le monde ouvert n'est pas la garantie d'avoir une expérience optimale, puisqu'il nous est arrivé d'être ensuite rejeter aux portes des épreuves, voire à la fin de celles-ci. Et il en va de même pour les achats chez les concessionnaires, etc. Ce Test Drive Unlimited en vient alors à questionner sur les choix opérés vis-à-vis de sa forme et de son modèle : quand un jeu ne fonctionne pas correctement à son lancement, et qu'il requiert en plus une connexion obligatoire, quelle garantie peut-on avoir sur sa longévité ?
De la peine au démarrage

L'anecdote

Si le jeu a des soucis de serveurs, c'est bien évidemment car il s'axe sur le multi. Mauvaise idée ?

Ironiquement (quand on sait que Forza Horizon lui a beaucoup pris), Solar Crown rappelle un autre titre qui, dans sa version vanilla, avait un peu la même ambition que lui. Je vous invite ainsi à relire le test de Forza Motorsport 5 au moment de sa sortie en 2013. En effet, le jeu avait eu pour idée de rende l'expérience plus luxueuse, en rendant notamment l'achat de véhicules plus précieux. Les crédits se faisaient rares et acheter le bolide de ses rêves nécessitait du temps. De même, le jeu que nous avons ici reprend une autre idée du titre de Microsoft : les musiques classiques, qui (en plus de probables raisons budgétaires) collent à merveille à certaines courses. Hélas, en 2013, Turn 10 avait dû rétropédaler sur sa vision initiale, pas aidé par la grogne des joueurs au moment de la sortie de Forza Motorsport 5 (en plein lancement de la Xbox One). Reste alors à connaître le sort réservé à ce Solar Crown, et si les systèmes de jeu seront eux aussi sacrifiés après un lancement chaotique.
Un jeu qui en rappelle un autre
Les Plus
  • Le feeling arcade de gameplay
  • Le cross-country
  • Quelques rares fulgurances sensorielles (ambiances, musiques, épreuves, etc.)
Les Moins
  • Un titre qui reste enfermé dans une formule trop bien connue du monde ouvert (radars, objets à récupérer, etc.)
  • Tantôt avec une volonté réaliste, tantôt avec des facilitateurs absurdes
  • Le sentiment global d'être face à un jeu de 2012
  • Des soucis de serveurs comme on en a rarement connus
Résultat

Jeu cassé dès son lancement, Test Drive Unlimited : Solar Crown questionne sur les conditions de son développement, ainsi que sur l'état de cette industrie en 2024. Toutefois, même en mettant de côté ces soucis techniques, il faut avouer que le titre souffle toujours le chaud et le froid. D'un côté, un urbanisme/level design assez aguicheur, quelques fulgurances, des sensations agréables et du cross-country réussi... De l'autre, un manque d'affirmation qui finalement place le jeu dans une bien mauvaise posture. Exigeant sur certains aspects, Solar Crown devient injuste lorsque l'on regarde la gestion de l'IA du CPU, ou encore son système de progression prenant un malin plaisir à brider le joueur. Tout cela aurait pu être résolu de façon assez simple (ne pas imposer de podium, brider par les crédits – comme dans la réalité – plus que par la réputation, etc.)... et il n'est peut-être pas trop tard. Néanmoins, en attendant, difficile d'être emballé par un jeu à peine fonctionnel, et dont l'esprit semble lui-même chaotique.

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