Test | Call of Duty : Modern Warfare III
27 nov. 2023

Machine de guerre multijoueur

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Call of Duty : Modern Warfare III

À chaque année son Call of Duty. Malgré tout le foin engendré par le rachat d'Activision Blizzard par Microsoft, 2023 n'allait de toute façon pas déroger à la règle. Voici donc venir un Modern Warfare III visiblement boudé par la presse. Le jeu est-il si catastrophique que ça ?

La campagne

N'ayons pas peur des mots : la partie solo de Call of Duty : Modern Warfare III est pour ainsi dire catastrophique. Tout d'abord et c'est peut-être le principal problème, le titre ne nous propose aucune séquence véritablement mémorable. Cela vaut pour l'aspect ludique, mais même plus généralement pour la mise en scène et le spectacle. La série nous a parfois livré son lot de moments de bravoure, qu'il s'agisse du fameux niveau de Pripyat dans Modern Warfare, où plus récemment de la chasse aux terroristes dans le jeu de 2019. C'est bien simple : la plupart des grands épisodes de la licence propose des missions soit spectaculaires (Infinite Warfare, etc.), soit questionnant le point de vue du joueur, voire le médium (la mission polémique "Pas de Russe" de l'aéroport dans Modern Warfare II). Ici, rien.

C'est à vrai dire pire que cela, puisque le jeu se voit malgré lui être confronté à notre propre changement de perception de la guerre. Avec le conflit en Ukraine, le temps de l'information et les images de guerre ont fini par rattraper la fiction. Les soldats se filment de façon réaliste et quand ce ne sont pas eux, ce sont des drones. Cela se répercute inconsciemment sur notre perception de Call of Duty, où le pan moderne voire futuriste permettait jusqu'ici de s'affranchir de trop de réalisme.

Le souci, c'est que les épisodes les plus absurdes ont souvent été ceux qui faisaient face à la réalité (Call of Duty : WWII et sa vision de la Seconde Guerre mondiale...), réalité qui vient d'elle-même se confronter au célèbre capitaine Price aujourd'hui. Si Modern Warfare a toujours été un blockbuster assez bat du front, le fait qu'il ne propose même plus de séquence véritablement marquante nous fait nous concentrer sur le reste : une histoire véritablement consternante dans le fond comme dans la forme, avec des passages qui s'enchaînent sans que l'on comprenne trop pourquoi. Enlever la mise en scène parfois exemplaire d'autrefois, et il ne reste plus que des vagues d'ennemis véritablement datées, et qui n'ont pour ainsi dire rien de crédible.
"War has changed"

Le multi

Pour ne rien arranger, la campagne n'est clairement pas impressionnante visuellement.

Heureusement et malgré des allures de DLC de luxe, Call of Duty : Modern Warfare III reste un excellent jeu multijoueur (si bien qu'on a quand même du mal à comprendre la sévérité des notes de la presse, en général). C'est bel et bien ce pan qui sauve le titre de la catastrophe. Il faut dire qu'il est de plus en plus compliqué de juger ce type d'expérience en prenant en compte la campagne solo : d'une durée de 4 à 5 h (grosso modo le même temps que d'ordinaire), elle ne représente finalement rien en comparaison de l'expérience globale livrée par le jeu.

C'est bien là tout le problème lorsqu'il s'agit de juger un tel mastodonte en terme de ventes. Avec sa foultitude de modes et leurs variantes, ce sont bel et bien des centaines d'heures de jeu qui attendent les aficionados. Et ce pour une bonne raison : le concept multijoueur de la licence semble pour ainsi dire intemporel. Malgré des réticences suite à une campagne plutôt médiocre, nous nous sommes ensuite retrouvés à enchaîner les parties comme si de rien n'était. Il faut être honnête : rares sont les jeux permettant de retrouver leurs marques de la sorte, et basés sur un concept datant désormais de seize ans.
La folie des grandeurs

Nous retrouvons toutes les marques du muti, notamment les assistances.

Au rayon des réjouissances, le mode Zombie est désormais en mode ouvert (ou pseudo ouvert), permettant de fouiller une large zone pour accomplir des objectifs à plusieurs. Ici, c'est pareil : à peine la partie lancée que nous nous sommes pris au jeu. Et ce malgré le fait que nous ne sommes pas parmi les plus gros joueurs de la série (bien que votre serviteur ait joué de façon conséquente à certains volets). Call of Duty : Modern Warfare III reste donc une véritable machine de guerre multijoueur, retenant les joueurs en otages (le choix du moment peut faire polémique, mais est choisi consciemment) avec un système de progression aux petits oignons. Que vous ayez acheté les pass de combat et d'autres objets en passant par les microtransactions, ou que vous jouiez sans accélérateur, vous débloquerez régulièrement des objets – comme il y a dix, voire quinze ans, en somme. Autant dire que le titre reste accrocheur, voire addictif.
Comme en 2007

Pour qui ?

Le mode Zombie propose parfois des adversaires corsés.

La question est ici très simple puisque la campagne solo de ce Modern Warfare III élimine d'entrée ceux qui pourraient être tentés d'acheter le jeu pour cette raison : passez votre tour si c'est le cas. Non, ce volet se destine clairement aux personnes qui veulent poursuivre leur expérience multijoueur... ou la (re)découvrir. C'est pour cette raison que nous disions que Call of Duty avait une formule intemporelle. Vous pouvez avoir abandonné le multijoueur de la licence il y a quelques années (et même de nombreuses années), vous pouvez toujours retrouver vos marque et le feeling d'antan ; et ce, que vous gagniez ou que vous perdiez. C'est peut-être la marque des grands jeux multi. À noter, au niveau des reproches, que l'on regrette tout de même le manque de lisibilité de l'interface, mélangeant les volets (il est possible d'importer des sauvegardes de Modern Warfare II) ainsi que les modes et microtransactions. Bien sûr, le joueur s'y retrouve après quelques parties (ou quelques heures) mais il est vrai que l'arrivée en jeu peut avoir un véritable effet repoussoir qui n'a rien à envier à des licences gargantuesques telles que NBA 2K.
Le multi à l'honneur

La réflexion

Les maps de Modern Warfare II (2009) font leur retour, tout comme la mini-carte et le radar.

En toute franchise, en jouant à Modern Warfare III et en voyant comment il peut potentiellement centraliser l'expérience multijoueur de Call of Duty (Warzone, MW II et III), impossible de ne pas s'interroger sur le rachat d'Activision par Microsoft, et sur le fait qu'une telle acquisition, clé en main, est une opportunité inédite pour un constructeur. Pour comprendre, il faut savoir que le menu principal QG permet de lancer les volets principaux, et donc d'avoir accès rapidement aux composantes multi correspondantes.

Il suffit d'imaginer la plupart des titres arrivant dans le Game Pass pour avoir une idée d'un éventuel impact nostalgique chez les joueurs, qui pourrait justement les amener à se mettre aux expériences plus modernes. Et que dire d'un Call of Duty qui deviendrait quasi F2P pour ceux ayant l'abonnement de Microsoft... ces derniers pouvant alors mettre leur argent dans les skins proposées plutôt que directement dans le jeu. Ici, nous avons hâte de voir tout l'argent que cela peut générer – sans oublier les moutures PlayStation.
Une future expérience centralisée ?

L'anecdote

Les fans retrouveront les systèmes de progression (et d'amélioration) bien connus de la série.

À peine arrivé dans le mode multijoueur de ce Modern Warfare III que nous retrouvons aussi nos marques sonores : les types qui s'excitent pour la moindre raison. Ici, un individu qui disait littéralement « fucking campers ! » toutes les dix secondes. Seize ans de multijoueur sur Modern Warfare, et autant d'années que l'on entend les mêmes choses sur les campeurs, à savoir qu'ils seraient « plus nombreux que sur l'épisode précédent », que « le jeu les favorise toujours plus », etc. Le côté intemporel du multi de Call of Duty c'est peut-être aussi ça : retourner en ligne et retrouver les réactions-doudous des autres, comme si nous retournions à la fin des années 2000.
Fucking campers !
Les Plus
  • Franchement, conceptuellement, la formule multi ne prend pas de ride
  • Le mode Zombie en monde ouvert, très cool
  • Des récompenses à foison, et une progression accrocheuse
  • Tous les atouts habituels du multi, à commencer par la foultitude de modes
  • La raison d'être de cet épisode : les maps cultes de Modern Warfare II (2009)
Les Moins
  • Une campagne catastrophique
  • Un jeu paradoxalement rattrapé par la réalité
  • Aucun vrai moment mémorable dans le solo
  • Un multi qui peut demander un certain investissement (en temps ou argent), même si on s'amuse dès le début
  • Un prix élevé, mais pas certain que ça freine les fans...
Résultat

Plus que jamais confronté à l'actualité (et donc à la réalité des conflits), Call of Duty : Modern Warfare III propose une campagne solo dépassée. Si la guerre moderne – voire futuriste – permettait autrefois à la licence de s'affranchir de l'Histoire, le fait qu'en presque deux ans de guerre en Ukraine, l'image médiatique ait pris le pas sur la représentation vidéoludique change beaucoup de choses. Tout comme Call of Duty : WWII était "nanaresque" car nous ramenant aux enjeux (et à l'Histoire) de la Seconde Guerre mondiale, Modern Warfare III le devient en s'entrechoquant avec la guerre à la frontière de l'Europe. Mais qu'on ne s'y trompe pas : en plus de son absurdité assez confondante, le vrai problème du pan solo de cet épisode, c'est qu'il ne propose finalement ni moment de bravoure (pour une série nous ayant habitué aux missions marquantes), ni même savoir-faire ludique. Reste alors la seule présence d'un multi comme vrai prolongement du précédent épisode. Et autant être clair : à lui seul, ce morceau peut valoir l'achat, tant la formule continue de faire mouche... à condition d'y mettre le temps ou l'argent. C'est bel et bien ce multijoueur qui rehausse une note partie pour être catastrophique.

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