Test | Avatar : Frontiers of Pandora
11 déc. 2023

Vous n'êtes plus au Kansas, vous êtes sur Pandora !

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Avatar : Frontiers of Pandora
  • Éditeur Ubisoft
  • Développeur Ubisoft
  • Sortie initiale 7 déc. 2023
  • Genre First Person Shooter

Sortant en toute fin d'année et pâtissant d'une communication quasi inexistante de la part d'Ubisoft, Avatar : Frontiers of Pandora avait tout du blockbuster pouvant se transformer en pétard mouillé. Pourtant, nous allons voir que derrière ses airs de grosse machine reprenant une formule bien connue, cette adaptation de l'univers de James Cameron est en réalité une expérience tout à fait maligne.

L'histoire

L'idée brillante de Avatar : Frontiers of Pandora est visible dès le début du jeu. Tandis que l'histoire se déroule entre les deux films sortis à ce jour, vous n'incarnez pas seulement un Na'vi, mais un Na'vi embrigadé par la faction humaine colonisant la planète Pandora. Après avoir perdu un proche et avoir poursuivi votre formation, la rébellion menée par Jake Sully pousse la RDA à fuir, et vous vous retrouvez enfermé dans une sorte de module de stase accompagné de quelques congénères. Ce n'est que des années plus tard que vous serez libérés par la résistance Na'vi, toujours prise dans les affrontements avec la RDA.

Si le pitch est très simple, il permet de justifier de façon astucieuse certains partis pris du titre. Ainsi, privé de vos racines, vous n'êtes pas habitué à la culture Na'vi et vous êtes plus à l'aise avec les fusils d'assaut qu'avec les arcs (rassurez-vous, c'est amené à évoluer). Mais plus intéressant encore : cela permet de renforcer l'identification du joueur à son avatar (personnalisable). L'un comme l'autre vont découvrir la planète Pandora, son peuple et ses coutumes, ainsi que la faune et la flore locales. Rien que l'introduction du jeu, reprenant les codes "à la Rambo" de Far Cry tout en faisant de l'émerveillement une libération, donne le ton.
Une ode à la liberté

Le principe

Vous pouvez concevoir votre protagoniste, et désactiver diverses aides pour plus d'immersion.

Il y a même un discours assez méta dans le game design lui-même, puisqu'Avatar : Frontiers of Pandora vous laissera bien évidemment choisir vos armes, qu'il s'agisse de fusils ou d'outils plus primitifs tels que des arcs ou des frondes. Pareillement, ce sera à vous de choisir une voie guerrière, ou peut-être d'autres plus basées sur l'exploration et la survie. Dans les faits, le titre ne dit rien ouvertement et c'est justement ce qui est plaisant et plutôt bien vu : allez-vous jouer comme dans un jeu d'action conventionnel, ou allez-vous cherchez à accepter les coutumes et méthodes de votre peuple ?

C'est dans cette approche qu'Avatar : Frontiers of Pandora justifie de façon assez intéressante les artifices éculés de Far Cry, qu'il s'agisse des points d'intérêt visibles d'une pression de touche (les sens et l'odorat Na'vi), mais aussi les divers arbres de compétences favorisant telle ou telle approche. Dans les faits, le jeu s'apparente en réalité à une grande quête initiatique vers la culture de Pandora, puisque c'est seulement à la condition de s'affranchir du schéma classique de l'autre licence d'Ubisoft que le joueur est récompensé. Pâtissant de combats franchement pas terribles (la faute à une ergonomie vieillissante), il est effectivement conseillé de se farcir ce pan du jeu sur la fin de l'aventure.
Épouser la culture Na'vi

Prendre un bastion fait baisser la pollution, mais rien ne vous oblige de le faire dès le début.

Avatar : Frontiers of Pandora nécessite de prendre son temps, non seulement de contempler les panoramas, mais aussi de savourer un level design génialement (et étonnamment) organique. C'est ainsi que l'on se rend compte de la démesure du travail accompli et que l'on constate, même après dix ou quinze heures de jeu, que nous n'avons toujours pas affaire à un open world routinier, où tout serait schématique et scolaire. Frontiers of Pandora est en outre moderne dans sa façon de jouer sur la verticalité, et de laisser le joueur grimper comme bon lui semble sur l'environnement, simplement à l'aide de sauts conventionnels. Et si le mode standard est déjà satisfaisant en soi, sachez qu'il est également possible de retirer des aides et des indications à l'écran pour toujours plus d'immersion.
Une technique et un level design qui font corps

Pour qui ?

Diversité de la végétation, lumière, cycle jour/nuit, pluie... le jeu est absolument sublime.

Bien sûr, si vous êtes complètement hermétique à l'univers des films de James Cameron, il est possible qu'Avatar : Frontiers of Pandora ne parvienne pas à vous séduire. En dehors de ça, difficile de penser que vous passerez un mauvais moment. En effet, nous pourrions croire que connaître la formule Far Cry par cœur puisse influer sur votre appréciation du jeu... mais si vous avez déjà acheté (joué à) Far Cry 3, 4, 5 et 6 sans broncher, il n'y a pas de raison que ce soit différent ici. Bien au contraire. D'un autre côté, si vous avez abandonné la licence d'Ubisoft il y a quelques années, c'est dans tout les cas tout bénéf' pour vous, l'univers d'Avatar étant assez marqué pour forcer le dépaysement.
Zéro excuse ?

L'anecdote

On vous a gardé quelques surprises, mais il est possible de chevaucher un Ikran.

Dur constat que celui d'observer Ubisoft passer à côté de l'effervescence de la fin d'année. Avatar : Frontiers of Pandora arrive presque comme un roi, mais aussi un peu comme un cheveux sur la soupe. Drôle de choix que celui de sortir le titre si proche de Noël, se privant ainsi de certains acheteurs effectuant leurs emplettes à l'avance. Je ne suis pas toujours tendre avec l'éditeur français, mais je sais être juste : me voilà donc à vous dire que cette adaptation d'Avatar fait office de cadeau idéal pour ces fêtes de fin d'année, et qu'il s'agit sans doute du meilleur titre d'Ubisoft depuis belle lurette. Un constat qui rend d'autant plus impardonnable le manque de marketing, et on espère que le titre trouvera le succès.
Il faut sauver le soldat Ubisoft
Les Plus
  • L'univers d'Avatar
  • Bien plus malin qu'on le pense dans sa façon d'adapter Far Cry
  • Un côté méta bien vu
  • Un système de progression pas aussi scolaire qu'il en a l'air
  • Des environnements (et personnages) somptueux
  • Pas mal de diversité dans le gameplay
  • Quelques vrais beaux moments de bravoure, dignes d'un grand jeu
  • Pas juste un sous-Far Cry : peut-être le meilleur Far Cry-like depuis plus d'une décennie
Les Moins
  • Des temps de chargement parfois un peu longs
  • Des affrontements bof
  • Des choix d'un autre temps, sur le plan ergonomique
Résultat

Décrit par beaucoup comme un Far Cry à la sauce Avatar, le titre d'Ubisoft est en réalité très malin dans sa façon d'adapter l'univers de James Cameron à la formule de l'éditeur. Splendide et plus organique qu'il en a l'air sur le papier, Avatar : Frontiers of Pandora a surtout l'excellente idée de baser son approche sur l'incarnation. C'est bel et bien dans son immersion et le plaisir primitif qui en découle (découvrir un univers, en l'occurrence Pandora) que réside la force du jeu. Plus fort encore : c'est seulement à la condition d'accepter de se transformer en Na'vi et de se plonger pleinement dans ce monde incroyable, en prenant son temps, que le joueur est récompensé. Certaines personnes trop gourmandes pourraient penser que c'est bien peu en comparaison de ce qu'aurait pu être l'expérience. Non seulement ce constat est relatif (impossible d'imaginer un monde et un level design si organique à l'annonce du jeu), mais c'est aussi oublier que le titre a peut-être, aussi, l'humilité de se focaliser sur l'un des objectifs les plus sains du jeu vidéo, à savoir nous plonger dans des mondes imaginaires. Et soyons clairs : à l'instar de l'adaptation de King Kong, Avatar : Frontiers of Pandora marquera les esprits. Peut-être même qu'il sera reconnu (à rebours) comme un grand jeu.

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