La peau sur les os
- Éditeur Bethesda
- Développeur Tango Gameworks studio
- Sortie initiale 14 oct. 2014
- Genre Survival
Très attendu, The Evil Within a pour vocation de redéfinir le niveau des survival-horror du moment. Avec comme papa Shinji Mikami qui est à l'origine de la série des Resident Evil, on ne pouvait qu'espérer un retour fracassant du genre. C'est les yeux rivés sur votre torche que vous allez vous dépêtrer de cet univers où flottent dans l'air une odeur de sang mais aussi, hélas, un léger parfum de désuétude.
L'histoire
Vous fuyez avec un patient, un tremblement de terre secoue la ville, votre fourgon fait une embardée, vous vous évanouissez... Pour vous réveiller à l'extérieur de la cité, en pleine forêt, par une nuit plus noire que votre destin, avec pour seule défense vos poings et un pistolet au chargeur très limité. C'est d'autant plus inquiétant quand les villageois que vous croisez ont des clous plantés dans le crâne et veulent à tout prix goûter à votre petit cou. Vous voilà au cœur de l'enfer sur Terre, crasseux, hostile, taillant votre route à travers la chair en putréfaction pour traverser quelques villages, cimetières, bâtisses et sous-sols, dont l'enchaînement n'a pas de sens. Vous revivez en réalité des souvenirs, qui ne vous appartiennent pas...
Le principe
Finalement, je vais prendre la porte de derrière.
L'arme la plus intéressante reste cependant l'arbalète, que vous pourrez équiper de carreaux spéciaux fabriqués à base de pièces détachées ramassées en chemin : explosifs, glacés, perçants, piégés, ils seront vite la clé de votre survie face à des ennemis vifs et coriaces. Si vous profitez habilement de l'environnement, de nombreux pièges vous permettront d'économiser vos rares munitions. Cependant ne vous attendez pas à des combats épiques, entachés par une maniabilité digne de... Resident Evil. Avec un personnage lourd, incapable de se retourner facilement, affublé d'une caméra facétieuse, contraint par des mouvements scriptés tout sauf naturels, vous n'aurez absolument pas la sensation d'être dépaysé. À côté, Léon dans Resident Evil 4 a l'air d'un cabri en liberté. Shinji Mikami a voulu renforcer l'aspect cinématographique du jeu avec des séquences où le héros n'a pas ses facultés maximales mais c'est raté : bien souvent vous aurez la désagréable impression de vous débattre au fond d'une piscine avec les mains attachées dans le dos.
L'ambiance
Kubrick doit se retourner dans sa tombe.
Globalement, The Evil Within est gore, très gore. Tellement qu'il se déclenche chez le joueur un phénomène assez intéressant de blocage, voire de rejet. Le jeu est tellement sale qu'il en devient amusant. Le héros ne cesse de tomber dans des trous sur des piles de cadavres en putréfaction, de se faire vomir dessus par des monstres de laboratoire, ou de voir des ennemis trucider des personnes encore saines. Mais au final, vous faites abstraction. Trop de gore tue le gore, et sans un minimum de retenue, il n'a plus aucun intérêt. L'ambiance stressante du début s'évanouit comme une marre de liquide corporel pour ne laisser place qu'à l'indifférence. Avec un bestiaire limité, des textures qui semblent dater, un univers que l'on jugerait dérivé de Resident Evil 4, la surprise se dégonfle et vous avancez en comptant vos balles.
Pour qui ?
Ce type a définitivement du plomb dans la cervelle.
L'anecdote
♪ Kum bay ya, my Lord ♫
- Long et varié, même si comme un air de déjà vu
- Le son contribue grandement à l'ambiance
- Des scènes bien stressantes
- Un Resident Evil 4.5
- La maniabilité des années 2000
- Action ou survival ?
- Le classique système d'amélioration de compétences
- Vous mourez beaucoup trop
D'un côté, nous avons un jeu globalement plaisant, qui propose un level design classique mais intéressant, une ambiance certes abusivement sale mais suffisamment travaillée pour inquiéter, et quelques passages relativement excitants qui poussent à progresser. De l'autre côté des faiblesses plombent un peu le constat, avec une incapacité à décider entre un jeu d'action ou un jeu de dissimulation, ainsi qu'une forte tendance à vous faire mourir pour apprendre (ce qui a le mérite d'agacer). C'est en demi-teinte que vous avancez dans les (nombreux) chapitres, oscillant entre la satisfaction du devoir accompli et la lourdeur d'une maniabilité dépassée. Un petit arrière-goût de regret, comme si le poids du passé de Shinji Mikami était trop lourd pour faire table rase de ce qui était à un moment la clé du succès. Mais entre-temps, d'autres titres plus humbles sont passés par là, Outlast en tête.