Test | Aliens : Colonial Marines
05 mars 2013

Devant votre écran, personne ne vous entend crier

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Aliens : Colonial Marines
  • Éditeur SEGA
  • Développeur Gearbox Software
  • Sortie initiale 12 févr. 2013
  • Genre First Person Shooter

Franchise culte de la science-fiction horrifique, Alien a toujours suscité les passions. Révélant des cinéastes comme Ridley Scott ou David Fincher, la saga a peu à peu sombré dans l'oubli, la faute à des spin-offs pas forcément réussis. Hélas, les jeux inspirés de la série ont participé à cette décadence, et ce n'est pas Colonial Marines qui va changer la donne.

Un jeu qui fait adorer Prometheus

Difficile de comprendre comment Gearbox Software a pu passer à côté de la saga Alien. Car Aliens : Colonial Marines n'a que peu de rapports avec l'œuvre cinématographique. Enlevez la direction artistique reprenant l'esthétique de la série et il ne reste plus grand chose... Pour ne pas dire rien. Et certainement pas cette impression d'assister à une chasse à l'homme. Bien que le scénario post-it ne soit pas un drame, la pauvreté des situations de jeu et du level design est plus problématique. Si des aliens et factions débarquent de toutes parts, vous forçant parfois à tirer sur tout ce qui bouge, le sentiment d'oppression présent dans les premiers films de la saga (ceux-là même qui forcent encore l'admiration) est inexistant. Votre avatar a beau être équipé d'un détecteur de mouvements, son incidence sur la tension est quasi-nulle et la sournoiserie des bestioles n'est absolument pas retranscrite. C'est quand même dingue, en faisant un jeu basé sur une telle franchise, de ne pas comprendre que le silence et l'inactivité ont parfois du bon. Ce qui est tout aussi hallucinant, c'est comment le jeu se refuse à s'ancrer dans la série. Alors que Prometheus (film-monstre de Ridley Scott) pèche par le nombre de références à ses prédécesseurs, plaçant le film à la frontière entre une préquelle et un remake, Colonial Marines fait au mieux dans le déni et l'incapacité, au pire dans la mauvaise volonté. Ce n'était pas compliqué, tout de même, de reprendre une part de la mythologie ou d'y apposer certains clins d'œil (aussi bêtes que la police du titre par exemple). Non, rien, définitivement rien.

Et si...

Le jeu ne fait pas dans la finesse.

En fait, Aliens : Colonial Marines a une belle qualité : il donne envie de faire des jeux vidéo (à défaut de donner envie d'y jouer). A force de voir Gearbox passer à côté de son sujet, on se surprend à se mettre à la place des développeurs. Quand on voit le radar ou la possibilité de refermer les portes derrière soi, il est compliqué d'expliquer certains choix, notamment en ce qui concerne la surabondance de monstres. C'est dommage que le jeu s'entête à utiliser des idées de la façon le plus idiote qui soit. Prenons le radar : étant donné que les aliens sortent de n'importe où, sans réellement attaquer par surprise, son utilité est anecdotique. On aurait aimé, par exemple, être obligé d'esquiver ou de parcourir certaines zones en soupçonnant la présente de bestiole. De même, la trop grande facilité à vaincre les aliens incite à l'action, là où la nécessité de fuir aurait apporté une tension similaire à celle présente dans les films. Pour trouver un semblant d'effort, il faut gratter du côté du multijoueur. Si les quelques modes de jeu sont particulièrement convenus, notons tout de même la possibilité de contrôler des Xénos. L'idée est intéressante mais le gameplay l'est beaucoup moins, et il en va de même pour le mode coopératif. Ainsi, Aliens : Colonial Marines permet de jouer en écran splitté pour peu que vous vous accommodiez de la lourdeur de la jouabilité. Des améliorations de l'arsenal sont disponibles au cours de l'aventure, laissant augurer une amélioration, mais au final il n'en est rien. Entre le recul des armes (à se tirer une balle) et l'entraide toute relative, pas de quoi parcourir la campagne d'une durée de sept heures. Enfin, histoire d'être complet, précisons que si le doublage du jeu est loin d'être terrible, les bruitages (et en particulier ceux des armes) sont franchement énervants.
Les Plus
  • Relativement court...
Les Moins
  • Alien, ça ?
  • Peu de tension
  • C'est assez moche
  • On pensait pouvoir tirer une croix sur le level design de Duke Nukem Forever...
Résultat

Gearbox fait partie de ces développeurs alternant le pire comme le meilleur. Hélas pour nous (et plus encore pour les fans d'Alien), Colonial Marines est à ranger aux côtés des ratés monumentaux, c'est-à-dire dans la même case que Duke Nukem Forever. D'ailleurs, tous deux ont un level design d'un autre temps et accumulent les maladresses. Mais finalement, le plus douloureux reste le manque de respect (et d'intentions) envers l'œuvre dont s'inspire ce Colonial Marines. A croire qu'Alien restera une licence maudite. Dommage.

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