Test | Douces ambitions pour The Last Story
12 mars 2012

Testé par sur
The Last Story

Les noms du jeu vidéo connus du grand public, ceux qu'il nous arrive parfois de retrouver sur des jaquettes, sont finalement assez rares. Au côté de Shigeru Miyamoto ou encore Hideo Kojima, Hironobu Sakaguchi fait partie de ces rares exceptions. Papa de Final Fantasy et plus récemment de Blue Dragon et Lost Odyssey, deux oeuvres aux staffs de renom, le créateur japonais revient avec The Last Story, un jeu Wii plus ambitieux que ces dernières productions. Cela suffit-il ?

La mauvaise histoire

Contrairement à ce que son titre pourrait laisser entendre, ce n'est pas avec son histoire que The Last Story risque de vous marquer. Vous mettant dans la peau de Zael, un mercenaire aspirant à devenir chevalier, le scénario du jeu brasse des thématiques assez communes. D'ailleurs, une fois que vous aurez pris connaissance des premiers éléments importants (l'acquisition par le héros d'un pouvoir mystique ou la présence de Calista, une princesse à fleur de peau, promise à un autre et ayant soif d'aventure), vous ne serez que rarement surpris par la tournure des évènements. Un sentiment renforcé par une mise en scène assez faiblarde, un doublage décevant et des personnages parfois ratés. Ainsi, Zael et Calista se révèlent être particulièrement énervants de par leurs psychologies et leurs réactions souvent navrantes. Heureusement, certains personnages secondaires sauvent la donne. Constitué d'une vraie équipe de mercenaires, votre groupe comprend quelques têtes drôles et intéressantes. C'est le cas notamment de Dagran, Lowell et Syrenne, la Sue Ellen du jeu de rôle japonais. Un petit lot de consolation.

Une technique indigne de la Wii

Les graphismes et la mise en scène n'aident pas à apprécier l'histoire de Zael et Calista.

En plus de proposer une histoire décevante, le titre de Mystwalker pâtit d'une réalisation indigne de son support. Les différentes textures sont particulièrement grossières et les protagonistes manquent franchement de détails. Il suffit de voir la modélisation des cheveux – ils ressemblent plus à des bananes qu'à autre chose – pour se dire que The Last Story est à la rue sur le plan graphique. C'est d'autant plus triste que le jeu ne met pas en valeur le character design sublime dont il bénéficiait à l'origine. Ajoutez à cela des ralentissements incompréhensibles, à la fois pendant et en dehors des combats, ainsi que des animations frôlant parfois le ridicule (les personnages secondaires peuplant le monde de Lazulis) et vous obtenez un jeu particulièrement suranné. C'est d'autant plus navrant que certaines idées sont bonnes, comme la gestion des collisions et des éléments du décors. Ainsi, l'exploration se fait en fouillant les salles, obligeant Zael à se baisser ou à se faufiler entre les murs. De même, notre héros bouscule tout le monde sur son passage lorsqu'il court comme un dératé. Un point qui devient quelque peu risible quand on s'aperçoit que la moindre collision entraîne la chute des éventuels interlocuteurs.

Un jeu d'aventure ?

Les phases de recherche ne durent jamais bien longtemps.

Fort heureusement, The Last Story ne se résume pas à son histoire et à sa technique. Du point de vue de sa structure et de son gameplay, le titre de Sakaguchi se révèle même particulièrement intéressant. Très linéaire, la progression est aussi rythmée qu'ambitieuse. En effet, The Last Story est plus construit comme un jeu d'aventure que comme un RPG. Un peu à l'instar d'un Final Fantasy XIII, les donjons et scènes cinématiques s'enchaînent à un rythme soutenu. Même l'exploration s'apparente à ce que l'on trouve dans un jeu d'action, c'est-à-dire des fouilles au sein des arènes et autres salles présentes. Un constat d'autant plus flagrant que certains donjons sont particulièrement courts et que la durée de vie du jeu s'en ressent. D'une durée de 25 heures, celle-ci lorgne aussi du côté des gros jeux d'aventure. C'est intéressant dans la mesure où, à l'instar du titre de Square-Enix, The Last Story tente de bouleverser la narration, ou plutôt le rythme de l'action au sein du jeu de rôle japonais. Un choix qui est peut-être lié au succès de certains jeux de rôle occidentaux mêlant action et mécaniques de RPG.

Des combats qui mêlent tactique et action

En attendant le bon moment, vous pouvez effectuer des attaques surprises en étant à couvert.

Côté combats, le jeu est une sorte d'action-RPG tactique. Chaque affrontement débute en vous montrant les positions et rôles des ennemis. De ce fait, vous pouvez repérer les soigneurs et chefs adverses pour vous focaliser sur eux. Comme dans Xenoblade, votre personnage attaque l'ennemi automatiquement lorsqu'il se situe proche de celui-ci. Mais les similitudes s'arrêtent là, The Last Story permettant aussi de vous mettre à couvert derrière des murs, d'effectuer des roulades ou de tirer à l'aide de votre arbalète. Vos compagnons dans tout ça ? Ces derniers sont gérés par une I.A. à laquelle vous pouvez donner des ordres. A vous de leurs assigner les capacités et magies à utiliser. A noter que chaque pouvoir est représenté par un halo dans la zone de combat. Par exemple, le sort de soin remonte vos PV à chaque fois que vous restez dans le halo de soin correspondant. Si le tout semble un peu compliqué à gérer, votre pouvoir mettra définitivement toutes les chances de votre côté. Une fois celui-ci activé, vous focalisez l'attention des ennemis et les alliés KO se relèvent lorsque vous vous en approcher. De même, la possibilité d'être mis à terre cinq fois facilite grandement la progression. Enfin, la possibilité d'interagir avec certains éléments du décors, en les faisant tomber sur les ennemis par exemple, s'avère particulièrement sympathique. Finalement, le seul gros défaut se situe du côté de la gestion de la caméra qui, comme pour le reste du jeu, est réellement exécrable.

Du vrai RPG

Le jeu permet même de changer la couleur de l'équipement.

Jusque là, on ne peut pas dire que The Last Story soit un RPG véritablement typé. Pourtant, son système d'expérience rappelle que nous ne sommes pas devant un jeu estampillé Sakaguchgi pour rien. Ici, un soin important a été apporté à la notion d'équipe. Ainsi, les membres de l'équipe évoluent plus ou moins en même temps et le système d'équipement s'avère particulièrement complet. La notion d'équipe étant primordiale au sein des affrontements, les différentes armes et armures doivent être améliorées en fonction des stratégies. Ainsi, il est préférable d'équiper les personnages privilégiant le corps-à-corps et la provocation d'armures solides tandis que les mages favoriseront logiquement les armes magiques. Un constat classique, sauf qu'ici les armes peuvent être améliorées de nombreuses fois. A vous de choisir entre améliorer une armes ou en acheter une autre, la fidélité étant parfois payante vu que certaines armes gagnent des capacités au fil des niveaux. Très simple, l'interface d'équipement pâtit toutefois d'un détail assez fatigant : la petitesse des images illustrant les personnages. Un point quelque peu énervant mais dont la plupart des joueurs s'accommoderont.
Les Plus
  • De très bonnes idées par endroits
  • Un rythme soutenu et maîtrisé
  • Des combats plutôt réussis
  • De l'ambition
Les Moins
  • Une histoire inintéressante
  • Une technique vraiment au rabais
  • Une caméra catastrophique
  • Quelques personnages particulièrement ratés, notamment les principaux
Résultat

Sur le papier, The Last Story avait tout d'une franche réussite. Dans les faits, le titre de Mystwalker se révèle plaisant sans pour autant être véritablement indispensable. Pâtissant d'une histoire assez inintéressante et d'une technique particulièrement ingrate, le jeu parvient tout de même à vous attraper par les sentiments. Car c'est bien d'un jeu fait avec le cœur dont il s'agit ici. En effet, le rythme maîtrisé de l'aventure ainsi que l'abondance d'idées ambitieuses font de The Last Story un titre relativement agréable. Un jeu assez bon donc, mais qui aurait tout de même pu être bien meilleur.

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