Test | Last Window : Le secret de Cape West, un bon polar ?

21 oct. 2010

Autant vous prévenir, vous allez passer le plus clair de votre temps à traverser la résidence en long et en large pour discuter avec des personnages en noir et blanc. Ceux que ce genre d'occupation ennuie peuvent dès à présent passer leur chemin. Pour les autres, creusons un peu plus ce petit diamant brut du jeu d'investigation aux multiples facettes (pas toutes très reluisantes reconnaissons-le).

Vous êtes Kyle Hyde, un ex-flic New-yorkais venu s'installer dans sa ville natale, Los Angeles, après avoir tiré sur son équipier renégat il y a de cela quatre ans. En tournant le dos à la police, Kyle est devenu représentant de commerce dans une petite entreprise nommée Red Crown. Débarqué à L.A, il s'installe dans une vieille résidence nommée Cape West. Malheureusement pour lui, il est temps de quitter les lieux car l'immeuble va être détruit dans un peu plus d'une semaine. Mais représentant de commerce n'est pas son unique profession. En effet, la société Red Crown s'occupe également de retrouver des objets perdus sur demandes. Des objets que certaines personnes voudraient savoir égarés à jamais... Et c'est là que vous intervenez ! Dès la première demi-heure, les premières pièces du puzzle se mettent en place : votre mission sera de retrouver l'Etoile Rouge qui a disparue à l'hôtel Cape West il y a 25 ans. Pour le reste, il vous faudra vous plonger dans le jeu, dont l'intrigue est assez longue à se mettre en place. Vous devrez attendre au moins trois chapitres, soit entre deux et trois heures, avant d'être entièrement dans le bain. Après être rentré chez soi dans le premier chapitre, réglé un problème de voisinage dans le second et payé son loyer dans le troisième – ce qui avouons-le, à part planter le décor, ne sert à rien – on rentre enfin dans le vif du sujet !

L'intrigue est alors tellement prenante que c'est à peine si on a le temps de dire "ouf". En effet, à partir du moment où vous vous attelez entièrement à votre quête, les évènements s'enchaînent avec fluidité et il vous est alors difficile de lâcher la console tant les questions s'accumulent dans votre esprit. Par exemple, quelle est cette mystérieuse Etoile Rouge qu'un client anonyme vous demande de retrouver ? A-t-elle un lien avec les terribles évènements qui se sont déroulés il y a 13 ans lorsque que Cape West était encore un hôtel ? Qui est cet étrange Rex Foster qui semble enquêter sur vous ? Et enfin quels secrets cache cette résidence ? Voilà des questions auxquelles vous répondrez en assemblant progressivement les pièces du puzzle. Les références à Hôtel Dusk sont nombreuses dans Last Window, et si vous y avez joué, vous y apprendrez ici des révélations sur le passé de Hyde (père-fils).

L'animation des personnages est particulièrement remarquable. Certes, ils sont en noir et blanc, du moins pour les dialogues, mais les moindres traits sur leurs visages sont fins et précis. Les changements d'humeurs des différents protagonistes ont également bénéficié d'un soin exemplaire. Par exemple, si vous énervez un personnage, son visage passera du calme au crispé de colère en un clin d'œil. Vous l'avez compris, les personnages au style crayonné crient de vérité et vous prenez un réel plaisir à les regarder.

Last Window : Le secret de Cape West met en scène des personnages tous aussi différents les uns des autres. Dans cette résidence vieille et décrépie, vous pouvez trouver tous types de personnalité comme une commère, un jeune étudiant ambitieux, un retraité mystérieux, des veuves qui cachent de nombreux secrets ou encore un arnaqueur de première que vous remettrez dans le droit chemin. Dans votre quête de la vérité, vous devrez tous les interroger et même plusieurs fois. Certains vous diront tout ce qu'ils savent en tant que voisins et amis mais d'autres seront plus réticents à partager avec vous certains pans de leur passé. Vous devrez alors vous montrer digne de confiance et parfois leur rendre quelques services pour qu'ils se confient et vous apportent de nouveaux éléments à votre enquête. Malgré tout, certains pourront vous paraître extrêmement agaçants par leurs réactions ou par leur entêtements alors que d'autres se montreront très amicaux avec vous et vous aideront dans votre recherche de la vérité.

Les dialogues sont l'âme de Last Window. En effet, les conversations sont légion dans ce jeu. Que ce soit pour parler des derniers événements ou bien de sujets liés à votre enquête, vous poserez toutes sortes de questions aux résidents. Mettons tout de suite de côté ce qui tâche : une fois dans le jeu vous devrez poser dans un ordre précis des questions, au risque de recommencer la séquence depuis une sauvegarde. Ce passage représente la seule verrue au milieu d'un système de dialogue pourtant riche et bien ficelé. Car non, rassurez-vous vous ne ferez pas qu'appuyer inlassablement avec le stylet pour passer à la remarque suivante. Au contraire, vous devez être très attentif car à certains moments, vous intervenez sur une parole de votre interlocuteur et vous avez à choisir la phrase adéquate au risque de de brusquer ce dernier. Il mettra alors fin à la conversation vous contraignant à recommencer. Si cela peut surprendre, voire décourager les habitués du clic facile, avec un peu de persévérance vous finissez par cerner les personnages et vous n'aurez alors aucun doute par rapport au choix de la réplique qui fera mouche.

Si les dialogues représentent une grosse partie de Last Window, c'est sans compter les énigmes... Les premières sont quasiment sans intérêt comme ouvrir votre boîte aux lettres, attraper la bague d'une voisine coincée derrière un meuble ou encore ouvrir un bocal de cornichons... Heureusement, après des énigmes servant surtout à se roder, vous aurez droit à des casses têtes dignes du Professeur Layton. Certaines vous sembleront même si ardues que vous y passerez un bon moment. Évitez de perdre votre sang-froid, réfléchissez, regardez les éléments à votre disposition et la solution vous apparaîtra. Inutile d'aller chercher midi à quatorze heures. Bien souvent, vous vous traiterez vous-même d'imbécile de n'avoir résolu plus rapidement ce problème pourtant si logique après coup !