Test | Verne : The Shape of Fantasy

25 sept. 2024

Oubliez les livres d'histoire et vos connaissances de la vie de Verne et laissez-vous embarquer dans un monde alternatif dans lequel le célèbre écrivain n'a pas publié un seul ouvrage mais est un scientifique embarqué sur le mythique Nautilus. Nous sommes en 1888 et vous œuvrez sous les ordres du Capitaine Nemo pour la résistance face à la Nation, un État totalitaire cherchant à asseoir sa domination sur le monde, n'hésitant pas à multiplier les carnages et traquant sans relâche Nemo et son équipage. Vous n'êtes pas là pour faire du tourisme sous-marin et vous la couler douce à travers les sept mers, loin de là. Quelques jours avant le début du jeu, vous êtes entré en possession d'un artefact atlante nommé l'Imag. D'une puissance inouïe, cet appareil permet à son utilisateur de tordre la réalité et de la réarranger selon ses désirs. Seul un esprit au potentiel créatif immense et à l'imagination débordante peut le manier avec succès. Bonne nouvelle : vous êtes l'Élu, celui qui peut manipuler l'Imag pour le bien commun mais surtout pour atteindre la Flamme d'Héphaïstos, responsable de la destruction cataclysmique de l'Atlantide que Nemo souhaite à tout prix acquérir pour réduire à néant la Nation.

Verne : The Shape of Fantasy est une expérience narrative en pixel art basée sur la vie et les œuvres de Jules Verne. Si son histoire est réécrite, les références à son univers sont légion et la narration vous emmène dans des lieux tous plus impressionnants et surprenants les uns que les autres. Faire vivre les écrits enflammés de Verne n'est pas chose aisée, mais c'est ici réussi avec brio. Pour avancer dans l'histoire au gré des missions qui vous sont données, le jeu fusionne exploration, puzzles et dialogues interactifs sur l'ensemble de la campagne (qui dure environ 6 heures). Assez accessibles, les énigmes et défis (comme par exemple se faufiler en restant hors de vue de soldats de la Nation) ne sont pas d'une difficulté ou d'une imagination trop retorses et ponctuent agréablement le gameplay. On regrette néanmoins que le choix des dialogues n'apporte finalement guère de conséquences réelles. Creuser un peu plus cette mécanique aurait pu apporter plus de profondeur à l'aventure, qui au final se parcourt comme un livre de Verne. De plus, l'un des accessoires les plus importants, l'Imag, se révèle un peu décevant. Le potentiel qui lui est attribué n'est jamais pleinement réalisé et l'utilisation que vous en faîtes est somme toute assez limitée. Pour un artefact dont les seules limites sont celles de l'imagination, c'est frustrant.

Verne : The Shape of Fantasy est un jeu fait pour toutes personnes passionnées (et fait par des passionnés) de l'univers de Verne. Si au final l'aventure se traverse assez facilement et ne brille pas par son challenge, la richesse des détails, des clins d'œils, de la documentation, des références et des paysages vaut clairement, elle, le détour pour s'attarder quelques heures sur ce jeu développé avec amour par les Espagnols de Gametopia. N'hésitez pas à jeter un œil à l'interview réalisée auprès du directeur créatif du jeu, Daniel Gonzalez afin d'en apprendre plus sur leurs questionnements et leur processus créatif fascinant. Et si vous ne connaissez pas l'univers de Jules Verne et souhaitez en découvrir l'immensité rapidement et de manière ludique, alors ce jeu est parfait pour vous !

À l'instar du jeu The Excavation of Hob's Barrow, Verne : The Shape of Fantasy est doté d'un doublage anglais assez qualitatif, nous basculant encore plus dans une sensation de livre vidéoludique que l'on nous narre et déclame. Si la plupart des voix sont réussies et donnent vie et corps aux pixels composant les personnages, certains choix tombent malheureusement un peu comme un cheveu sur la soupe. Je pense notamment au fait que, Verne, en bon Français, lâche des « Mon Dieu ! » ou « Merde ! » à tout va dans les moments tendus, avec un accent français à couper au couteau. Les premières occurrences font sourire, les suivantes, un peu moins.