Test | Exographer
11 nov. 2024

Matière à réflexion

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Exographer

Exographer nous a tapés dans l'œil lors de la Paris Games Week 2024. Avec son style retro-pixel qui fait plaisir, son univers de lointain futur technologique à l'abandon, mais surtout sa surcouche de réflexion sur la matière et l'anti-matière inspirée de recherches au CNRS, le titre a tout pour nous plaire une fois en mains. Branchez vos microscopes, car vous allez plonger dans l'infiniment petit pour voir ce que le jeu propose en grand !

L'histoire

Une civilisation disparue qui a laissé derrière elle les traces d'une avancée technologique formidable ? S'appuyant sur le mythe de l'Atlantide, Exographer propose une introduction en douceur à la physique des particules, en faisant explorer le cheminement technologique d'une civilisation passée par toutes les étapes de recherche et de mises en application mais ayant subit une disparition soudaine et mystérieuse. Dans une base scientifique vidée de ses occupants, vous débarquez par un portail façon Stargate pour looter toutes les connaissances possibles. En héros muet mais curieux, vous commencez à fouiller les ruines, souffler la poussière, gratter les panneaux pleins de mousse et d'herbes folles pour lire les notes et extraits laissés par ces anciens savants.

Tiens, intéressant, celui-ci travaillait sur la possibilité de rendre une surface adhérente ou non selon un courant conducteur. Et celui-là a développé un champ d'énergie capable de traverser certaines particules. Quant à cet autre, il a carrément réussi à transformer une molécule gazeuse en molécule solide, et inversement. De là vous comprenez la suite : ces capacités, vous allez en faire les vôtres pour progresser.
Partenaire particulier

Le principe

C'est quand même pratique ces bottes, vivement qu'on les trouve dans le commerce.

Exographer mêle plusieurs genres pour proposer une aventure rythmée et équilibrée, avec la science comme arme acérée. De manière assez évidente, votre personnage acquiert les compétences des anciens pour progresser. Des bottes magnétique pour marcher au mur et au plafond sur cette obscure matière noire ; un champ énergétique pour traverser ce genre de métal doré et grimper aux herbes ; un casque pour inverser les matières... Progressivement, vous apprenez à maîtriser vos pouvoirs et les utiliser de manière combinée. Ce qui se révèle indispensable, les niveaux étant constitués de petits casse-tête destinés à vous faire coordonner vos compétences, avec parfois quelques essais nécessaires pour trouver la bonne combinaison, comme tout bon scientifique.


Changez les éléments pour avancer !

L'autre volet d'Exographer est une mécanique d'équations à plusieurs inconnues, sorte de scanner doublé d'un microscope, destiné à vous faire plonger dans l'exploration de l'infiniment petit. Ces séquences, destinées à dénouer un symbole de votre tableau des éléments et par extension déverrouiller des portes, se révéleront pour certains d'entre vous rébarbative. Certes, le jeu ne vous demandera pas de réaliser des calculs impossibles, il n'empêche que cette mécanique de déduction par élimination manque de fun dans la durée. La frustration de ces passages obligés peut être partiellement atténuée en choisissant le mode "facile" pour ces séquences.
Les nerds gouverneront le monde

L'ambiance

Avouez, vous y chercheriez bien un 2 pièces pour le week-end, non ?

Comme le révèle le game designer Pierre-Alban Ferrer dans notre interview, le choix du pixel-art s'est imposé comme une évidence dès le début de la conception du jeu. D'une part, parce que c'est cool, mais surtout parce que le pixel correspond à l'atome, dans l'univers de création des éléments. Et comme le jeu permet de zoomer dans l'infiniment petit, rentrer dans ces pixels s'est révélé particulièrement concluant.

Exographer est aussi un jeu sans combat, où il est possible de laisser votre regard divaguer sur les décors. Le titre l'a bien compris et propose de temps en temps des moments contemplatifs : la caméra recule fortement, laissant apparaître une vaste zone composée de matériaux à l'abandon, envahis de plantes ou d'éléments naturels étendant leur territoire avec le temps... Difficile de ne pas penser à des titres classiques comme Flashback ou encore au plus récent Lacuna dans un univers pas si éloigné.
Le pixel comme métaphore des éléments

Pour qui ?

Typiquement le genre de passage qui peut faire remonter des souvenirs traumatisants de terminale.

Exographer est une épopée qui a la particularité de s'inspirer de travaux réels du CNRS. Raphael Granier de Cassagnac, creative director du jeu, est lui-même chercheur en physique des particules, ce qui vous donne une bonne indication sur l'univers général du jeu. Ne vous y trompez pas, Exographer reste avant tout un jeu de plate-forme et d'exploration. Même si le principe du die and retry prédomine, cela reste avec bienveillance car vous pouvez d'un bouton sauvegarder votre progression à tout moment, en prenant une photo du décor. Attendez-vous tout de même à devoir faire travailler vos cellules grises, que ça soit lors des séquences d'équation à résoudre ou bien lors des passages de plate-forme, nécessitant de résoudre quelques puzzles avec votre environnement pour pouvoir progresser.
Repêchage obligatoire pour les littéraires

L'anecdote

Avec ce plan d'action vous savez où aller.

J'ai testé Exographer sur Steam Deck et, très sincèrement, le jeu est d'une fluidité parfaite, à croire qu'il a été développé pour ce support. Alors que pas du tout, ce qui m'a valu un moment donné un petit souci de sauvegarde : en voulant enregistrer une séquence vidéo du jeu, le système de sauvegarde a tout simplement cessé de fonctionner. En effet, il s'agit d'une incompatibilité de ces deux fonctions, à laquelle il faudra bien faire attention si vous jouez sur Steam Deck. En résumé : désactivez l'enregistrement d'écran sinon le jeu ne sauvegardera pas votre progression. Ces quelques déconvenues ont fort heureusement pu être identifiées et contournées, en discutant tout simplement avec l'équipe du jeu. Une preuve, s'il en fallait, de toute l'attention portée par cette équipe française sur son jeu. D'ailleurs, vous voulez les rencontrer ? Allez, on vous partage l'interview que nous avons eu le plaisir de réaliser lors de la Paris Games Week 2024.

Une équipe de choc
Les Plus
  • Le CNRS en jeu vidéo
  • Une progression bien dosée et des puzzles solides
  • Un bon équilibre réflexion/action
  • L'univers d'effondrement post-technologique
  • Un jeu à la French touch !
Les Moins
  • Une seule sauvegarde par compte Steam
  • Les séquences d'équation pour les non-matheux
Résultat

Exographer a tout de la grande épopée. Une civilisation technologiquement avancée disparue, des pouvoirs liés à la mécanique des particules, une direction artistique retro-pixel mais bien contemporaine, que demander de plus ? Peut-être une petite dose de fun et de variété dans les séquences de déchiffrage, histoire de ne pas laisser sur le carreau les pauvres bacheliers littéraires.

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