Test | HitchHiker
25 avr. 2025

En voiture, Socrate

Testé par sur
Aussi disponible sur
HitchHiker

Faire de l'auto-stop dans un jeu vidéo, c'est original. Sauf peut-être pour ceux qui ont eu une enfance traumatisée par Crazy Taxi. Mais ici, pas de dérapage contrôlé ni de chrono stressant : HitchHiker vous met à la place d'un passager muet, trimballé de conducteur en conducteur, dans une série de trajets qui ressemblent plus à des séances de psychanalyse sous acide qu'à des virées en covoiturage. L'ambition est claire : proposer une expérience narrative contemplative, où les paysages défilent aussi lentement que les répliques énigmatiques des personnages. C'est beau, c'est étrange, et parfois un peu trop perché pour garder tout le monde à bord jusqu'au terminus.

L'histoire

Le jeu vous place dans la peau d'un homme amnésique, embarqué dans un road-trip mystérieux à la recherche d'une femme disparue. Chaque trajet avec un nouveau conducteur est l'occasion de lever un petit coin du voile... ou d'en ajouter un de plus. Car si les dialogues semblent promettre des révélations profondes, ils partent souvent dans des digressions métaphysiques où même un GPS philosophique aurait du mal à s'orienter. L'ambiance est intrigante, parfois poétique, mais le scénario avance à un rythme qui ferait passer une 2CV pour une Formule 1.
Le GPS de l'âme a recalculé l'itinéraire

Le principe

Vous ne risquez pas de vous perdre dans les commandes.

Soyons direct : HitchHiker mise tout sur l'ambiance. Le gameplay, lui, est plus accessoire que les phares antibrouillard d'une Tesla en plein désert. Il s'agit d'écouter, de regarder par la fenêtre, de répondre à des choix de dialogues, et de résoudre quelques énigmes ponctuelles – souvent très simples, parfois simplement bizarres. L'intention est louable, mais l'interaction reste trop limitée pour maintenir l'attention sur la durée. Le rythme très lent, couplé à une redondance dans les mécaniques, peut finir par lasser, même les amateurs de "slow gaming".
Appuie sur triangle pour t'interroger sur l'existence

L'emballage

Vous en êtes persuadé, il s'est passé des trucs dans ce quartier. Oui, mais quoi ?!

Visuellement, HitchHiker séduit par une direction artistique tout en teintes douces et en contours minimalistes. C'est joli, c'est sobre, et ça colle bien à l'ambiance onirique du titre. Les décors changent à chaque trajet, et même si vous ne pouvez pas en sortir (littéralement), le voyage est plaisant pour les yeux. Côté son, les voix anglaises sont très bien interprétées, avec des dialogues qui trahissent le soin apporté à l'écriture. Mention spéciale pour certains moments un peu surréalistes où la musique vient souligner le malaise avec efficacité.
Couleurs pastel et banquettes confortables

Pour qui ?

Ce n'est pas la conduite qui vous donnera la nausée mais vos souvenirs...

HitchHiker s'adresse avant tout aux amateurs de récits interactifs contemplatifs. Si vous avez aimé des jeux comme Firewatch, What Remains of Edith Finch ou encore The Stanley Parable, il se pourrait que ce road-trip vous touche. À condition d'être prêt à composer avec un gameplay limité et une narration très... particulière. Si vous cherchez un jeu riche en action, en challenge ou même simplement en rythme, changez de direction : cette route n'est pas faite pour vous.
Pour rêveurs stationnaires

L'anecdote

Vous trimbalez le strict nécessaire dans votre sac à dos, en tous cas pour ce qui est du matériel.

Fondé en 2005 par Patrick Rau sous le nom de kunst-stoff, le studio berlinois a connu des hauts et des bas. Après le succès critique de The Great Jitters : Pudding Panic, la chute du marché de la Nintendo DS et des difficultés financières ont conduit à une faillite en 2015. Mais l'équipe n'a pas baissé les bras. Elle s'est réorganisée sous le nom de Mad About Pandas, conservant tous ses membres, et s'est recentrée sur des expériences narratives originales.

C'est dans cet esprit qu'est né HitchHiker, fruit de la collaboration entre Rau et Dan Mayer. Le jeu a été initialement lancé sur Apple Arcade en 2021, puis sur PC et consoles, marquant un tournant vers des récits plus introspectifs et expérimentaux.

Aujourd'hui, le studio continue sur cette lancée, développant un nouveau jeu narratif se déroulant entre le San Francisco des années 1970 et le Berlin contemporain, avec le soutien de Focus Entertainment.
Un studio qui a su rebondir
Les Plus
  • Une direction artistique douce et réussie
  • Des personnages intrigants et bien doublés
  • Une ambiance étrange, qui peut séduire les rêveurs
  • Une vraie personnalité dans l'écriture
Les Moins
  • Un gameplay trop limité et répétitif
  • Le scénario volontairement nébuleux, parfois trop
  • Un rythme lent, qui peut lasser rapidement
  • Peu de rejouabilité ou d'impact réel des choix
Résultat

Faire de l'auto-stop, c'est comme piocher dans une boîte de chocolats : on se sait jamais sur quoi on va tomber. Pour les jeux indés, c'est la même chose. Avec un nom pareil, il était assez facile de se douter que l'équipe de Mad About Pandas nous offrirait un road-trip des plus perchés. Si ce n'est pas un mauvais jeu, HitchHiker utilise un gameplay trop simpliste et répétitif pour être motivant sur la durée. Quant au scénario, il faut aussi s'accrocher pour rester dans le délire général. En tous cas, ce jeu dispose de qualités intéressantes qui ne demandent qu'à se peaufiner sur les prochaines productions du studio berlinois.

Partagez ce test
Tribune libre