Test | Visions of Mana
03 sept. 2024

Le boucan des agneaux

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Visions of Mana

Enfin du neuf ! Visions of Mana rompt avec le recyclage des précédents opus, notamment Super Nintendo, portés sur à peu près toutes les machines. Voilà un action-RPG inédit qui reprend certes le bestiaire et la colorimétrie si particulières de la saga, mais injecte aussi un sang neuf à l'intrigue. Un sang aussi neuf que sombre...

L'histoire

C'est la fête au village du feu : votre copine d'enfance, Hina, a été choisie par la fée locale pour se faire bouffer par l'arbre Mana. Le deal : éviter que toute la région ne se fasse raser par un volcan. Tout le monde est très heureux, à commencer par les villageois qui n'aiment pas trop les péplums, surtout ceux basés sur Pompéi. Mais vous aussi, Val, puisque c'est votre devoir d'accompagner Hina jusqu'à l'arbre Mana. Vous allez traverser des glaciers avec elle, des vallées pastorales, des mers agitées, bref, vivre une aventure incroyable. Et rencontrer d'autres victimes sacrificielles en route comme Morley, dont la maladresse a causé la destruction de son village (ah ah, le nul). Ou encore cette petite peste de Karina qui refuse de faire venir la fée, de peur de ne pas être choisie par elle. Oh et bien sûr à la fin, c'est à vous d'amener tout ce petit monde à l'ogre Mana, pour le bien de l'humanité évidemment, dans la joie et la bonne humeur. À moins que, en cours de route, des scrupules ne vous arrêtent. Et si la vie valait la peine d'être vécue avec Hina ? Que faire quand certains élus refusent de se faire boulotter l'âme par un vieux chêne fluorescent... ?
D'abord dociles, les futures victimes haussent le ton...

Le principe

La joie de se sacrifier pour le bien commun va vite faire place à quelques doutes...

Soyez prévenu : tout le début de Visions of Mana est d'une niaiserie confondante. Les futures victimes sont ravies d'être choisies et affichent des propos lénifiants, le tout avec des yeux kawaï gros comme des camions et des soupirs de midinettes. Il faut être fort. D'abord parce que les interruptions incessantes de cinématiques se calment assez vite une fois le prologue puis le village du feu passés. Ensuite parce que le gameplay est solide : les combats sont nerveux, les déplacements sont rapides, surtout dès que vous mettez la main sur des Pikuls, des loups géants qui permettent de traverser les zones en renversant les ennemis en chemin – comme le cheval de Dragon Quest XI.

L'exploration est agréable car les zones ouvertes arrivent très rapidement. Elles regorgent de coffres, d'orbes Mielours qui servent de monnaie, d'arènes planquées, d'objets à récupérer... Vous aurez toujours un prétexte pour y retourner, qu'il s'agisse de bonus ou de quêtes FedEx basiques à finir. Par rapport aux niveaux couloirs de Final Fantasy XVI, c'est un vrai bonheur. Surtout que les combats en temps réel sont très dynamiques avec combos faciles à sortir, magies, objets et IA alliée à paramétrer dans le détail, un peu à la Final Fantasy XII : agressivité, utilisation de la magie, consommation des objets et même priorisation des ennemis (proche, lointain, faible, etc.). Un plus indéniable lors des combats de boss, que vous reconnaîtrez d'ailleurs si vous êtes fan de la saga.
Un bon mix entre combat, exploration et dialogues

L'aspect RPG

Plus vous investissez dans les compétences, plus vous débloquez de sorts puissants.

En bon RPG, Visions of Mana n'oublie pas de mettre l'accent sur l'équipement. À condition de les avoir débloquées en chemin, vous pouvez acheter de nouvelles armes plus puissantes – essentielles pour faire davantage de dégâts, non seulement pour vous mais pour vos quatre compagnons. Vous pouvez d'ailleurs passer de l'un à l'autre tout moment, avec la croix directionnelle (le mode coopératif est absent, dommage). Vous récupérez aussi des reliques spirituelles et de nouvelles classes, avec leurs techniques magiques et leurs costumes associés. Vous pouvez en changer à tout moment, sans limitations, et les attribuer à vos compagnons aussi pour exploiter toutes les vulnérabilités de vos adversaires, comme le feu contre l'eau, un classique. Citons enfin les compétences, des bonus passifs à équiper (coups critiques, résistances...) ; à looter dans les niveaux ou à acheter en ville pour les plus pressés (et les plus riches).

Et ce n'est pas tout ! Avec le bon pouvoir débloqué, vous activez des cristaux aux effets variés : vent pour vous soulever en haut d'une colline et looter toujours plus de coffres, ou bulles d'eau pour remonter une cascade par exemple. Ralentir le temps (et les ennemis) fait aussi partie de votre arsenal. Pratique pour sauter de bloc de glace en bloc de glace sur un fleuve soudain plus calme. Ou pour traverser un précipice dont les plateformes s'étaient écroulées. Le tout est améliorable via un menu et une monnaie à part, afin de débloquer des pouvoirs de plus en plus puissants. Si votre écran est compatible HDR, vous allez finir avec des lunettes de soleil sur le nez, soyez prévenus. Bref, sous ses faux airs de petit jeu mignon et simplet, Visions of Mana cache une richesse insoupçonnée.
Reliques spirituelles, techniques et compétences compensent la montée automatique de niveaux

Pour qui ?

La direction artistique retranscrit à la perfection le style et l'ambiance des épisodes historiques.

Vous vous souvenez de Granblue Fantasy : Relink ? Visions of Mana c'est pareil, mais en trois fois plus long. Combats en temps réel accessibles et nerveux, zones à explorer ouvertes, boss spectaculaires... pas de doute, le cahier des charges est bien respecté. Le parallèle est d'autant plus vrai que dans les deux cas, les graphismes et la direction artistiques croquignolettes cachent aussi un scénario beaucoup plus sombre qu'attendu. Le sens du sacrifice, le deuil et bien sûr l'amitié sont au cœur de ce nouvel épisode de la saga Mana, ce que nous n'attendions pas forcément. Si vous y jouez avec des enfants, attendez-vous à quelques discussions explicatives pas forcément simples.
Si vous aimez les Tales of, c'est une valeur sûre

L'anecdote

Les niveaux très verticaux regorgent de coffres et de bonus à collectionner.

Un de mes petits plaisirs coupables en jeu, c'est d'explorer les zones très ouvertes, souvent verticales, qui font un peu penser aux niveaux courts et denses d'un Super Mario Odyssey. Les orbes oranges de Mielours, une des monnaies du jeu, ont tendance à faire dévier du chemin bien balisé qui vous emmène à votre prochaine quête principale. Les coffres de loot, très inégaux (bonbon de santé, cookie de boost d'expérience, etc.), sont d'ailleurs tous indiqués sur la carte. Ça m'a surpris au début, mais ce n'est par parce qu'on sait où il sont qu'on peut les atteindre (ou même les trouver parfois) facilement. Ni connaître à l'avance ce qu'ils renferment : de la daube, ou un truc vraiment utile... ?

Bref, si vous êtes du genre complétiste, à vous ronger les ongles dès qu'un "neuf trésors sur dix trouvés" s'affiche sur votre carte, vous aurez du mal à quitter le niveau sans avoir tout bou-looté. La beauté des panoramas, au risque de paraphraser OSS 177, et le côté "feel good" des environnements, accentuent l'envie de traînasser un peu. Et de chercher ce troisième groupe d'ennemis souriants et bondissants dont l'éviscération violente ouvrira la porte d'un ennemi ultra dangereux, avec un nouvel équipement à la clef. De quoi booster la durée de vie d'une trentaine d'heures en ligne (presque) droite.
Quitter les sentiers battus pour looter tout ce qui brille fait partie intégrante de l 'aventure
Les Plus
  • Une belle histoire sur la liberté, la culpabilité et l'amitié
  • La direction artistique, sublime
  • Les combats temps réel nerveux
  • La flexibilité et la richesse des classes
  • La durée de vie énorme
Les Moins
  • Très bavard, surtout au début (beaucoup trop de cinématiques)
  • Les quêtes secondaires bâclées
  • Pas de coop, sacrilège
Résultat

Voilà un jeu qui commence comme un conte des frères Grimm et qui finit... un peu comme un conte des frères Grimm en fait. Avec sa direction artistique colorée, ses personnages turbo naïfs et ses ennemis mignonnets, Visions of Mana cache en fait très bien son jeu. Il faut plusieurs heures pour que l'aventure enclenche la seconde, avec des victimes sacrificielles qui commencent à douter. Doté en plus d'une durée très solide, une trentaine d'heures en moyenne et bien davantage si vous lootez tout ce qui traîne, cette aventure inédite plaira aux fans et à tous les adeptes d'action-RPG japonais. La confirmation, après Tales of Zestiria et Granblue Fantasy : Relink, que le genre se porte plutôt bien.

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