Test | Dredge : The Iron Rig

23 août 2024

Imaginez un peu la scène : vous êtes en train de pécher tranquille à bord de votre rafiot, vous gardez un œil sur l'heure pour ne pas rentrer de nuit, quand des horreurs chthoniennes sortent leur museau infernal de l'eau. Et soudain, une épave. Ah les épaves, les trésors à pêcher, ça fait envie hein. Vous remontez une caisse pétrolière avec des coordonnées dessus, et parce que vous êtes curieux (vous avez tort), vous décidez d'aller y jeter un œil. Et vous tombez sur quoi ? Sur une plateforme délabrée qui vient de faire son apparition au nord. Un contremaître récupère la caisse, s'en sert pour retaper la base et, en moins de deux, vous voilà embarqué malgré vous dans des opérations de forage qui répandent des nappes de pétrole et des monstruosités...

Avec cette nouvelle extension, la formule bien connue commence à tourner en rond. Un scientifique vous demande de récupérer des espèces de poissons toutes plus immondes les unes que les autres. Et pour y arriver, et avancer dans l'aventure qui dure trois à quatre heures, il faut mettre à jour son équipement de pêche. Vous pouvez améliorer l'existant avec du loot et les fameuses caisses de la plateforme pétrolière. Vous pouvez aussi revendre le surplus au contremaître, ouvrir un marché noir... bref, en un rien de temps vous changez votre matériel, pêchez de nouveaux poissons, améliorez votre bateau et complétez votre pokédex des créatures (et abominations) sous-marines. Une boucle de gameplay connue et toujours terriblement efficace.

La bonne nouvelle, c'est que The Iron Rig vous fait crapahuter. Contrairement à la précédente extension, The Pale Reach, la dispersion des caisses pétrolières et des nappes de pollution vous amènent à revenir sur les autres îles, au lieu de rester au même endroit. Le Bassin des astres, les Moelles, les Falaises de Soufflevent et bien sûr l'Échine du Diable vous tendent à nouveau les bras, vous incitant à compléter les quelques quêtes annexes locales : carte au trésor manquante, phare abandonné, plaques militaires à ramener, c'est l'extension parfaite pour repasser par chaque biome et dire adieu dignement à ce jeu exceptionnel. C'est clairement, avec Dave The Diver, une valeur sûre – et un achat parfait pour tout possesseur de Steam Deck ou de ROG Ally.

Si vous découvrez Dredge (veinards), cette extension est parfaite. Elle ajoute plus de 50 nouveaux poissons, un niveau de coque supérieur plus résistant. Avec plus de place pour parcourir les îles et faciliter la résolution des quêtes annexes. Sans parler des petits bonus comme les cannes à pêche ou les treuils améliorables. Il y a aussi le plaisir de reconstruire la plateforme petit à petit, avec de nouveaux personnages à découvrir. Et bien sûr la pollution qui va vous culpabiliser longtemps, puisque plus vous aidez le scientifique et le contremaître à forer, et plus les nappes de pétrole se répandent avec leurs lots de monstruosités... Plus ouvert que The Pale Reach, qui vous limitait à un cercle polaire, The Iron Rig est l'extension parfaite pour commencer et finir Dredge. Avant, enfin, de passer à autre chose. Avec la satisfaction du devoir accompli, du livre refermé.

Comme beaucoup, je suis tombé amoureux de ce jeu. Dredge reproduit parfaitement la sensation de se lever à l'aube, de quitter un petit port de pêche tout mignon et de partir à l'aventure... les fesses bien calées dans son canapé, le chat sur les genoux et la bière fraîche à portée de main. C'est aussi un jeu qui dévoile très progressivement ses cartes. Vous n'y verrez au début qu'un jeu de pêche où il faut bien aménager sa cale, réussir des petits jeux pour attraper les poissons et éviter les obstacles pour ne pas abîmer son rafiot. Il faut bien gérer son temps (pêcher fait avancer l'heure super vite, les poissons perdent en fraîcheur et en valeur avec le temps). Et son portefeuille, histoire de se payer les améliorations qui permettent de pêcher plus gros, plus vite.

Puis vous vous rendez compte qu'un truc cloche. Les habitants ne sont pas nets, de drôles de phénomènes apparaissent sur l'eau. La gardienne du phare vous met en garde. Et vous finissez par tomber nez à nez avec une monstruosité qui abîme (ou coule !) votre bateau difficilement amélioré. Sans parler du collectionneur qui vous confère des pouvoirs surnaturels en échange d'objets bien spécifiques... À ce stade, vous êtes mordu comme la dernière des monstruosités lovecraftiennes que vous pêchez parfois par accident. Reste qu'après deux grosses extensions, The Pale Reach et The Iron Rig donc, le jeu cache moins bien ses boucles de gameplay... et ses tours de prestidigitation. Contrairement à ce que les personnages rabâchent, la nuit n'est pas si dangereuse que ça, surtout avec les pouvoirs et autres kits de réparation que vous finissez par obtenir en fin de partie. Bref, une excellente dernière extension qui prolonge le plaisir sans prendre de risque – par exemple en capitalisant sur la fin de jeu apocalyptique, un peu abrupte.