Test | Star Wars : Bounty Hunter
17 août 2024

La Fett est finie

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Star Wars : Bounty Hunter

Star Wars : Bounty Hunter est une plongée dans une époque lointaine, très lointaine : celle de Jango Fett, Dooku, Naboo... Mais si, rappelez-vous, le Star Wars du début des années 2000 ! Fourni avec ses mécaniques de jeu d'époque : la découverte de la 3D, des gadgets peu maniables, des ennemis clonés à l'infini... Alors 21 ans après, repartez-vous chasser quelques primes ?

L'histoire

Avant qu'il n'accompagne un baby Yoda de planète en planète, le Mandalorien le plus célèbre de la galaxie s'appelait Jango Fett. Chasseur de primes émérite, dont la réputation le précède jusqu'au sein des croiseurs de l'Empire, il est lié à un étrange contrat au tournant de sa carrière. Un mystérieux commanditaire ; un contrat alléchant impossible à refuser ; une mise en concurrence entre Jango et un vieux collègue qui n'hésitera pas à lui mettre des bâtons dans le jetpack ; un trafic de drogue jusqu'au cœur de la capitale de Coruscant ; une piste de neurotoxines à remonter... Une bonne histoire comme l'univers Star Wars savait en produire à l'époque.

Dans les faits, le jeu n'est pas des plus bavards. Les dialogues sont courts et donnent peu de contexte. L'histoire démarre sur une station spatiale s'adonnant à quelques combats de bêtes, tandis que Jango semble traquer l'un des dresseurs. Alliés, ennemis, avec des personnages aux noms jamais entendus par ailleurs et aux animations faciales plus que limitées — sans compter Jango qui restera masqué : vous aurez du mal à vous y retrouver. Mais à vrai dire qu'importe puisqu'il suffit d'aller presque tout droit ou en l'air pour avancer.
L'homme qui voulait 3 milliards

Le principe

Surprise, fils de rancor !

Presque tout droit. Car Star Wars : Bounty Hunter met à l'honneur Jango Fett, le célèbre chasseur de primes, équipé d'un jetpack, ce qui ajoute une dimension aérienne à l'action. Jouer à un jeu de 2003 s'explorant à des niveaux tout en 3D semi-ouverts est une expérience en soi : quand vous pensez vous tromper de chemin et vous heurter aux frontières de la carte ou aboutir dans un passage secret, c'est en réalité le parcours normal que vous suivez. Peu d'éléments à l'écran, aucune indication de direction à suivre (pas de fameuse marques jaunes ni même de boussole en ATH), des objectifs laconiques : débrouillez-vous. Mais ça fonctionne. Car vous finissez toujours par atterrir sur le type à interroger ou la salle à visiter, du fait des décors et chemins limités. Et avouons-le, voler en jetpack tout en tirant sur deux ennemis différents est très jouissif.

Jango, chasseurs de primes de métier, n'est pas contre quelques crédits de la république collectés en chemin via des contrats accessibles par de grosses icônes placées sans aucune logique. Ces contrats sont des cibles à identifier parmi les PNJ rencontrés. D'une touche, activez votre scanner pour passer chaque trogne au crible : recherché ou non ? Si oui, approchez-vous, identifiez puis attachez votre cible et récoltez votre prime. Le tout avec 3 actions et boutons différents, un calvaire. Mais entre-temps, aucune fuite du suspect, aucun combat, rien : ces andouilles ont beau avoir un contrat sur la tête, leur survie ne semble pas faire partie de leurs priorités. Dommage car cette mécanique annexe apporte une motivation supplémentaire à explorer les niveaux, malgré une exécution aussi plate qu'une réplique d'Anakin.
La chasse est toute verte

Le portage

2000 crédits bientôt dans la poche.

Le travail d'Aspyr est assez remarquable sans pour autant revoir la rigidité globale du jeu. Comme l'indique le studio, le code de la version GameCube a servi de point de départ au portage, il ne s'agit pas d'une émulation. Le jeu tourne donc parfaitement et a bénéficié de quelques améliorations au passage : l'action passe au ralenti quand vous activez votre scanner (idéal pour ne pas abattre par mégarde une cible de prime) ; et les contrôles ont été revus pour coller davantage aux habitudes d'aujourd'hui (vous pouvez évidemment jouer avec les contrôles d'origine si vous préférez). Malgré cela, naviguer entre les gadgets reste passablement pénible et peu pratique, tandis que les combats restent des fusillades de butors en face-à-face.

Aspyr a également ajouté quelques effets visuels : bruit de mouvement, reflets, anti-aliasing, qui peuvent également être désactivés pour une expérience rétro. Cependant, le jeu en lui-même reste inchangé : les niveaux restent vides, très vides, les décors pauvrets, les textures pas dingues. C'est du 2003 légèrement boosté, sans être totalement revu.
L'agilité légendaire d'un C-3PO

Pour qui ?

Un Mandalorien dans la ville.

Véritable plongée archéologique de deux décennies en arrière, Star Wars : Bounty Hunter s'inscrit dans la tendance lourde du moment de faire revivre des titres plus ou moins cultes sur nos plateformes d'aujourd'hui. Vous êtes nostalgique et avez perdu votre disque de l'époque ? Lancez donc Jango se déchaîner au sol ou dans les airs, avec le risque de souiller un souvenir heureux en vous rendant compte de l'étroitesse des niveaux, de la pauvreté des environnements et la rigidité des combats. Si vous êtes novice, plongez à vos risques et périls dans ce Star Wars légèrement suranné, loin des standards de Disney d'aujourd'hui, nettement plus sale, plus violent et plus brut. Il est tout de même difficile à croire qu'un an plus tard seulement sortira Half-Life² : le gap est inimaginable.
Retour aux sources

L'anecdote

Il n'y avait pas écrit « mort ou à feu vif » ?

En 2003, je passais beaucoup plus de temps dans Rogue Squadron II sur GameCube qu'avec Jango. Mais quelle erreur ! Si j'avais su que le jeu permettant d'incarner le célèbre chasseur de prime était en fait un moyen de semer la terreur partout ou l'on passe, j'aurais mis la main dessus un peu plus tôt. Savez-vous que le jetpack de Jango ne sert pas qu'à voler : c'est aussi un formidable lance-flammes ? Et les niveaux sont truffés de civils vêtus de matières hautement inflammables. La suite, vous la devinez. Tout le monde brûle. Tout le monde fuit. Tout le monde hurle. Et le silence au loin ? C'est l'absence de police. Car en fait, dans Star Wars, vous n'avez jamais la police aux fesses. Terrifiant.
Jango le sadique
Les Plus
  • Du Star Wars comme on en fait plus
  • Sombre jusque dans ses actions sur les civils
  • Le travail d'Aspyr pour rehausser le tout
Les Moins
  • 2003, c'est loin
  • Le manque de variété à tous les niveaux
  • Globalement alambiqué
Résultat

Faire revivre Star Wars : Bounty Hunter part d'une bonne intention : mettre ou remettre dans les mains des joueurs un titre plutôt brut, illustrant l'époque d'un Star Wars plus sombre. Mais malgré les efforts réalisés pour rendre le titre plus compatible avec nos habitudes d'aujourd'hui, il reste sacrément bancal. Rigide dans sa prise en mains, incomplet par ses limitations, hésitant dans ses niveaux en 3D alambiquée Star Wars : Bounty Hunter est unique en son genre. Un genre qui a disparu depuis un moment mais dont le portage nous rappelle d'où nous venons : des jeux sans cartes, sans fioritures, directs et percutants. Encore faut-il avoir envie de s'y replonger aujourd'hui.

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