Test | Forza Horizon 5

28 avr. 2025

Forza Horizon 5 a un peu trop regardé les Fast & Furious : un avion-cargo bariolé largue votre gros Bronco au-dessus d'un volcan. Vous faites la course avec lui. Il lâche des motos en rase-mottes au-dessus de la basilique du XVIIe siècle de Nuestra Señora de Guanajuato – l'irrespect est total. Et c'est drôle. Le jeu ne se prend pas du tout au sérieux, comme en témoignent les extensions gratuites (Horizon Realms et ses décors délirants, au gameplay malheureusement pauvre : exploration libre ou scoring sur 5 minutes un peu longuettes). Et les extensions payantes : Rally Adventure et surtout Hot Wheels, complètement givrée avec ses courses contre un jet futuriste, ses loopings et sa gravité farfelue. Sac à vomi non fourni.

Forza Horizon 5 est connu pour ses environnements magnifiques, son monde ouvert incroyablement varié et ses courses arcade très scénarisées dont la concurrence s'est beaucoup inspirée (voir encadré). Tout ceci reste valable avec cette conversion PlayStation. Mais Forza Horizon 5, c'est surtout un jeu de jauges : des rondes à remplir en cassant le décor, en frôlant l'accident ou... en conduisant proprement (bref dès que vous roulez, vous gagnez de l'expérience). Des horizontales pour montrer votre gain de niveau. Ou votre progression dans un festival. Sans oublier les tirages façon Roue de la Fortune qui vous permettent de repartir avec un nouveau bolide ou... un nouveau klaxon. Super. Ce jeu, c'est Las Vegas dans votre console : il vous bombarde de points, de combos et de jauges qui se remplissent avec des petits cliquetis satisfaisants. Et de récompenses inégales qui frustrent votre cerveau reptilien, jusqu'à l'achat de microtransactions bien réelles : voitures Universal Jurassic Park, Fast X (tiens tiens), Retour vers le Futur, VIP Pass, etc.

Curieusement, le multi n'est pas vraiment le point fort de Forza Horizon 5. Les modes de jeu dédiés sont souvent mal pensés. Prenons les défis Horizon Arcade : les joueurs doivent accomplir une série d'objectifs collectifs dans une zone limitée – enchaîner 20 sauts ou casser X cibles avec des tremplins par exemple. Bon, pourquoi pas. Le problème, c'est que le jeu ne vous laisse que quelques secondes pour rejoindre un nouvel objectif, en général à la troisième manche, et... que c'est souvent impossible à cause de la topographie du terrain et de votre emplacement. Résultat, trois ou quatre joueurs max par session. Contre 40 pour le mode Battle Royal plébiscité, mais un peu bancal. Pour éliminer un joueur, il ne faut pas le démolir comme dans The Crew Motorfest : non, il faut le klaxonner, déclencher une course qui fixe le point d'arrivée de façon aléatoire (parfois... dans votre dos). Sans départ arrêté. Sans repositionner les véhicules. Autant dire que vous perdez avant même d'avoir commencé. Rajoutez les ponts, maisons et arbres qui arrêtent net votre voiture et qui sont souvent cachés par la végétation, et vous voyez bien que la chance joue un trop grand rôle dans les éliminations. Dommage.

Si vous aimez les jeux de course en monde ouvert et que vous êtes riche, Forza Horizon 5 est la référence absolue. Ce n'est pas tant pour la variété de ses épreuves, souvent copiées, ou pour leur mise en scène hollywoodienne. C'est que c'est le meilleur jeu à progression, un trou noir à temps libre incroyable. Le jeu vous stimule le cortex en permanence avec ses petites jauges à remplir, ses micro-récompenses tantôt exaltantes (200 000 crédits à la roue !) et souvent frustrantes (une paire de chaussures pour votre avatar, génial). Si ce jeu était un endroit, ce serait un casino. Et comme un casino, il coûte cher, très cher. Entre les VIP pass qui permettent par exemple d'acheter une maison virtuelle sans credits in-game, les DLC ciné et les extensions géniales (achetez Hot Wheels, vraiment)... le nirvana a un coût.

Sur PlayStation, Forza Horizon 5 arrive à point nommé : j'étais en train de faire The Crew Motorfest, la seule alternative valable sur la console de Sony (monde ouvert, conduite arcade, narration pseudo branchée irritante, etc.). Sorti en 2023, le jeu a beaucoup évolué. D'abord avec ses extensions annuelles, Red Bull (excellente) et Chase Squad (dispensable – passé le tutoriel vraiment fun, les arrestations musclées à bord de voitures et d'hélico de la police ont beaucoup de mal à rivaliser avec Need for Speed : Hot Pursuit Remastered). Ensuite avec l'ajout de nouveaux véhicules : 700 modèles, plus de 50 fabricants. Enfin avec une nouvelle zone, Maui, gratuite pour tous les joueurs. Si The Crew Motorfest va logiquement souffrir de l'arrivée du taulier sur le même support, le jeu garde un avantage de taille : la variété des véhicules à piloter. Pas sûr que Forza Horizon 5 ajoute des avions, des motos ou des bateaux jouables...