Test | Lost Records : Bloom & Rage
27 avr. 2025

Shoot de nostalgie

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Lost Records : Bloom & Rage

Lost Records : Bloom & Rage ressemble fortement à un descendant spirituel de Life is Strange. Depuis que la célèbre licence a quitté les mains de Don't Nod après son second opus – maintenant entre celles de Deck Nine – le studio français expérimente de nouvelles directions, avec plus ou moins de succès. C'est cette fois-ci la branche montréalaise du studio qui prend le relais, avec un retour aux fondamentaux : une aventure narrative centrée sur l'adolescence, les liens d'amitié, le poids du passé, et, bien sûr, une touche de surnaturel. Bloom & Rage reprend les codes qui ont fait le succès de Life is Strange, allant même jusqu'à reprendre le découpage en épisodes, tout en y insufflant une nouvelle esthétique et des mécaniques légèrement modernisées.

L'histoire

L'intrigue de Lost Records se déroule sur deux temporalités distinctes. La première trame prend place en 2022 – avec un détour, qui n'était pas obligé, par la période covid – lors des retrouvailles d'amies de longue date dans leur ville natale de Velvet Cove. Celles-ci ont été rassemblées par le destin suite à la réception d'un mystérieux colis par l'une d'entre elles. La seconde se déroule sur les quelques semaines de l'été 1995 lorsque les souvenirs sont invoqués. Les quatre amies – Swann, Autumn, Nora et Kat – vont vivre des aventures qui marqueront leur vie, avant de se quitter pour se retrouver presque 30 ans plus tard. Le personnage de Swann, dont vous êtes aux commandes, est au départ une adolescente extrêmement introvertie qui peine à former des amitiés. C'est par la force des choses qu'elle se retrouve à former un quatuor inséparable, tout en sachant que d'ici à la fin de l'été elle et sa famille auront déménagé. L'histoire qui découle de cette amitié est peu à peu approchée par des éléments fantastiques liés à une mystérieuse cabane forestière abandonnée qu'elles investissent. Le plus gros et indéniable point fort de Lost Records : Bloom & Rage est sa représentation de personnages variés. Que ce soit en termes de couleurs de peau, d'introversion, de corpulence, le titre met tout le monde à l'honneur. Il faut le reconnaître, c'est une des qualités du studio derrière le développement. Aussi, le titre s'affiche avec une direction artistique soignée aux couleurs nostalgiques des années 90. La bande-son dreampop et rock fonctionne, elle aussi, du tonnerre en collant parfaitement à l'ambiance.



Malgré tout, l'aventure que ces personnages vivent démarre lentement, voire laborieusement. Les premières heures s'attardent longuement sur la formation de cette amitié adolescente. Même si, étant le point névralgique de la proposition de jeu, l'atmosphère trop teenage est parfois un peu forcée et naïve. Les dialogues tentent de capturer l'énergie d'un été sans responsabilités, cependant la légèreté de ton et certaines maladresses d'écriture rendent cette phase introductive lourde. Mais il est vrai, peut-être qu'une adolescence dans les années 90 est plus insouciante que dans les années 2020. Si les personnages de Swann, Kat et Autumn parviennent à trouver un certain équilibre et une vraie consistance, celui de Nora dénote par son comportement souvent toxique. Nora est un peu plus humanisée lorsque son côté peureux éclate au grand jour, mais avec des traits trop forcés. Et en fin de compte, il est à se demander si votre groupe d'amies est si bienveillant lorsque vos trois comparses n'arrêtent pas de vous donner des tâches à réaliser alors qu'elles restent assises à ne rien faire. Ce n'est qu'entre le milieu et la fin du premier épisode – Bloom – que l'aventure prend plus de consistance avec l'apparition plus concrète d'éléments fantastiques. Le récit s'assombrit et la structure prend plus de sens avec des enjeux plus conséquents. Le temps de l'insouciance est terminé, vous voilà face à vos responsabilités.
Des personnages aux représentations variées

Le principe

La narration se fait sous forme de flashbacks.

Le jeu alterne entre deux approches de gameplay distinctes selon la temporalité. Les séquences se déroulant en 2022 se jouent à la première personne, dans des situations plutôt fixes pour la plupart, éludant toute exploration de ce lieu en huis clos. Swann connait déjà son environnement, le bar de Velvet Cove. Après s'être remémoré quelques souvenirs, l'intérêt se tourne vers les dialogues, la redécouverte de ses anciennes amies et l'interaction avec certains objets clés. À l'inverse, les séquences de 1995 adoptent une vue à la troisième personne et un gameplay d'exploration et de narration classiques. Le joueur peut se déplacer librement dans les décors et interagir avec de nombreux éléments. Ils sont parfois anecdotiques, parfois importants, mais étoffent quoi qu'il arrive l'univers ou la narration. Évidemment, les dialogues proposent d'influencer l'histoire en vous laissant le choix de vos réponses. Les relations que vous avez avec chacune de vos amies vont évoluer de façon déterminante pour la suite de l'histoire, et sont même récapitulées en fin de chapitre pour le classique récapitulatif de vos choix.



L'une des spécificités de jeu les plus marquants est l'utilisation du caméscope de Swann. À l'action d'une touche, vous pouvez observer votre environnement à travers l'objectif. La progression vous demande parfois de filmer ce qu'il se passe sous vos yeux – vos amies en pleine répétition par exemple – et chaque environnement présente aussi une myriade d'éléments secondaires à capturer. Amis du complétionisme, voilà une habile manière de cumuler les collectibles sans briser l'immersion. Avec une portée ludique forte, ces instants filmés viennent même parfois empiéter sur la narration en vous déconcentrant, tant il y a d'éléments à filmer pour compléter vos collections. Un juste équilibre est à trouver entre plaisir et concentration. Malheureusement, l'expérience souffre aussi de plusieurs soucis techniques. Assez aléatoirement, mais régulièrement tout de même, certains personnages non-joueurs se téléportent soudainement ou glissent sur le sol. Ce à quoi il peut aussi être pointé les séquences de dialogues animés où les lignes se chevauchent, biaisant la compréhension sur le moment.
Le principe de la caméra est hyper prenant

Pour qui ?

Vous allez vivre un vrai été d'adolescente !

Lost Records : Bloom & Rage cible clairement un public adolescent, ou du moins les nostalgiques de cette période. L'univers très teenage, ses codes et ses références lui donnent un ton très marqué. Cette ambiance pourra en rebuter certains et certaines, mais constitue un point d'entrée intéressant. Cependant, au fil de la progression de l'intrigue, des notions plus matures s'entremêlent à la naïveté juvénile. Les thématiques s'approfondissent et l'esprit évolue pour des situations plus dramatiques. Avec de la patience et en tant qu'aficionado des récits façon Don't Nod, vous pouvez y trouver votre bonheur.
Entre teenage et nostalgie
Les Plus
  • La diversité dans les représentations des personnages
  • L'univers nostalgique des années 90
  • La bande-son excellente
  • Un récit qui gagne en intérêt
Les Moins
  • Le récit prend du temps à démarrer
  • Une certaine naïveté dans l'écriture
  • Les problèmes techniques
Résultat

Lost Records : Bloom & Rage est une œuvre contrastée. D'un côté, elle porte un récit ambitieux avec des représentations fortes. Les sujets traités vont de l'insouciance adolescente à des problématiques plus adultes – qui ne sont pas évoquées dans ce test pour éviter tout spoil – avec plus ou moins de réussite. De l'autre, c'est avec beaucoup de maladresse qu'elle le met en place. Que ce soit avec une narration parfois bancale ou une technique parfois aux fraises, il n'est par moments pas si aisé de s'immerger totalement dans le récit. Néanmoins, le plaisir d'un jeu narratif allant aux sources de Life is Strange se fait ressentir manette en mains. Les ingrédients sont là : la période adolescente, de l'amitié, du surnaturel. Mention spéciale aux personnages aux représentations variées.

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