Shoot de nostalgie
- Éditeur DON'T NOD Entertainment
- Développeur DON'T NOD Entertainment
- Sortie initiale 18 févr. 2025
- Genre Aventure
Lost Records : Bloom & Rage ressemble fortement à un descendant spirituel de Life is Strange. Depuis que la célèbre licence a quitté les mains de Don't Nod après son second opus – maintenant entre celles de Deck Nine – le studio français expérimente de nouvelles directions, avec plus ou moins de succès. C'est cette fois-ci la branche montréalaise du studio qui prend le relais, avec un retour aux fondamentaux : une aventure narrative centrée sur l'adolescence, les liens d'amitié, le poids du passé, et, bien sûr, une touche de surnaturel. Bloom & Rage reprend les codes qui ont fait le succès de Life is Strange, allant même jusqu'à reprendre le découpage en épisodes, tout en y insufflant une nouvelle esthétique et des mécaniques légèrement modernisées.

L'histoire

Malgré tout, l'aventure que ces personnages vivent démarre lentement, voire laborieusement. Les premières heures s'attardent longuement sur la formation de cette amitié adolescente. Même si, étant le point névralgique de la proposition de jeu, l'atmosphère trop teenage est parfois un peu forcée et naïve. Les dialogues tentent de capturer l'énergie d'un été sans responsabilités, cependant la légèreté de ton et certaines maladresses d'écriture rendent cette phase introductive lourde. Mais il est vrai, peut-être qu'une adolescence dans les années 90 est plus insouciante que dans les années 2020. Si les personnages de Swann, Kat et Autumn parviennent à trouver un certain équilibre et une vraie consistance, celui de Nora dénote par son comportement souvent toxique. Nora est un peu plus humanisée lorsque son côté peureux éclate au grand jour, mais avec des traits trop forcés. Et en fin de compte, il est à se demander si votre groupe d'amies est si bienveillant lorsque vos trois comparses n'arrêtent pas de vous donner des tâches à réaliser alors qu'elles restent assises à ne rien faire. Ce n'est qu'entre le milieu et la fin du premier épisode – Bloom – que l'aventure prend plus de consistance avec l'apparition plus concrète d'éléments fantastiques. Le récit s'assombrit et la structure prend plus de sens avec des enjeux plus conséquents. Le temps de l'insouciance est terminé, vous voilà face à vos responsabilités.
Le principe

La narration se fait sous forme de flashbacks.

L'une des spécificités de jeu les plus marquants est l'utilisation du caméscope de Swann. À l'action d'une touche, vous pouvez observer votre environnement à travers l'objectif. La progression vous demande parfois de filmer ce qu'il se passe sous vos yeux – vos amies en pleine répétition par exemple – et chaque environnement présente aussi une myriade d'éléments secondaires à capturer. Amis du complétionisme, voilà une habile manière de cumuler les collectibles sans briser l'immersion. Avec une portée ludique forte, ces instants filmés viennent même parfois empiéter sur la narration en vous déconcentrant, tant il y a d'éléments à filmer pour compléter vos collections. Un juste équilibre est à trouver entre plaisir et concentration. Malheureusement, l'expérience souffre aussi de plusieurs soucis techniques. Assez aléatoirement, mais régulièrement tout de même, certains personnages non-joueurs se téléportent soudainement ou glissent sur le sol. Ce à quoi il peut aussi être pointé les séquences de dialogues animés où les lignes se chevauchent, biaisant la compréhension sur le moment.
Pour qui ?

Vous allez vivre un vrai été d'adolescente !
- La diversité dans les représentations des personnages
- L'univers nostalgique des années 90
- La bande-son excellente
- Un récit qui gagne en intérêt
- Le récit prend du temps à démarrer
- Une certaine naïveté dans l'écriture
- Les problèmes techniques
Lost Records : Bloom & Rage est une œuvre contrastée. D'un côté, elle porte un récit ambitieux avec des représentations fortes. Les sujets traités vont de l'insouciance adolescente à des problématiques plus adultes – qui ne sont pas évoquées dans ce test pour éviter tout spoil – avec plus ou moins de réussite. De l'autre, c'est avec beaucoup de maladresse qu'elle le met en place. Que ce soit avec une narration parfois bancale ou une technique parfois aux fraises, il n'est par moments pas si aisé de s'immerger totalement dans le récit. Néanmoins, le plaisir d'un jeu narratif allant aux sources de Life is Strange se fait ressentir manette en mains. Les ingrédients sont là : la période adolescente, de l'amitié, du surnaturel. Mention spéciale aux personnages aux représentations variées.