Test | Neurodiver
12 sept. 2024

Timide plongée en cerveaux troubles

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Neurodiver

Suite d'un hit cyberpunk absolu, Neurodiver vous embarque cette fois dans une enquête à base de souvenirs modifiés. Ce novel game qui frise avec le genre point & click à l'univers si attachant a-t-il ce qu'il faut pour compléter les souvenirs mémorables de son aîné ?

L'histoire

Neurodiver débute quelques années après l'action de 2064 Read only Memories. Les robots ont connu leur révolution, les humains continuent leur vie tout en s'autorisant de multiples implants et une entreprise développe une activité toute nouvelle : les extrasens... des personnes capables de pouvoirs extra-sensoriels comme la télépathie ou l'exploration voire la modification de la mémoire humaine. Vous êtes l'une d'elles, jeune étudiante prise en formation dans cette entreprise créée par une extrasens. Avec une humano-cyborg comme garde du corps et un être synthétique transportable dans son bocal (le neurodiver en question), vous faites vos preuves avec une première exploration de souvenirs chez un ex-mercenaire qui n'a jamais été payé. Problème, les infos du payeur semblent avoir été effacées de sa mémoire. À vous de lever le voile sur ces obscurs trous de mémoire pour déjouer les plans d'un mystérieux Papillon Doré, décidé à attirer votre attention...

Si le pitch de base intrigue, la réalité l'est moins. Votre enquête se contente d'explorer des souvenirs de personnes désignées d'office, là où il y avait pourtant un réel concept d'exploration bien plus profonde : le concept du neurodiver est une formidable idée qui ouvre la porte à tant d'histoires non racontées. En effet, vous ne décidez pas qui rencontrer, ni comment recoller les morceaux de l'enquête : tout se déroule devant vous, comme un rêve éthérée dont vous partagez à la fois le rôle d'acteur et de spectateur.
Papillon de lumière, sous les projecteurs

Le principe


Neurodiver s'appuie sur la première exploration de cerveau pour vous prendre par la main et... ne jamais vous la lâcher. À la différence de son aîné 2064, le titre ne laisse aucune place à l'exploration. Fini le côté point & click qui faisait le sel du premier titre, les allers-retours entre lieux et personnages pour leur présenter une nouvelle pièce de votre inventaire ou leur re-poser une question dont la réponse cache peut-être un indice à peine perceptible... Non, Neurodiver s'engouffre à fond dans le principe du novel game, brisant le parfait équilibre qui fonctionnait si bien, pour ne proposer qu'un enchaînement de dialogues auxquels vous ne participez que peu. Les choix proposés n'ont strictement aucune incidence sur le déroulé, au mieux ils apportent des variantes dans quelques échanges.

Même si vous devez toujours explorer un lieu pour déclencher des interactions, celles-ci sont extrêmement faibles. Il ne vous reste plus qu'à cliquer sur les éléments illuminés sous votre curseur et écouter patiemment les dialogues pour vous imprégner de l'histoire passablement intéressante. Dans ce cas, pourquoi avoir conservé l'interface au curseur ? Un reliquat qui trahit ce que Neurodiver aurait pu être.
Le sel de 2064 a totalement fondu

Pour qui ?

C'est malheureusement le concept du jeu

Vous l'aurez compris, les fondamentaux posés par 2064 ont été nettoyés pour ne conserver que quelques principes pas très engageants. Neurodiver semble être un sous-produit, une déclinaison faite à la va-vite, ce qui est difficilement compréhensible. Après le succès du premier opus, l'attente des joueurs était forte. Il est également légitime de croire que l'équipe a bénéficié d'un bon budget pour penser cette suite. Alors pourquoi tout détruire pour produire un titre invisible ? Si vous faites partie de ceux qui ont été embarqués – voire même comme moi chamboulés – par l'univers de 2064, difficile de ne pas plonger dans Neurodiver pour prolonger de quelques minutes un rêve agréable. Mais au risque d'égratigner vos sentiments envers la saga plutôt que de renforcer votre attachement.
Le réveil difficile

L'anecdote

La chaleureuse ambiance a disparu

La mécanique générale de Neurodiver ressemble étrangement à un premier jeu issu d'une game jam : des idées intéressantes mais simplistes. Le jeu repose sur un cycle quotidien : chaque matin, vous vous réveillez, allez faire vos objectifs de discussions puis rentrez chez vous pour vous écrouler de sommeil. L'histoire se déroule sur une poignée de jours et la boucle de gameplay installée est indéboulonnable : chaque matin, vous devez vous rendre sur votre balcon pour admirer une nouvelle fois la vue et déclencher ainsi, dans le jeu, la boucle "sonnette de votre porte d'entrée". Votre escorte et là, la journée démarre. Idem le soir, où vous ressassez votre journée devant le soleil couchant de Neo San-Francisco. Si ce principe peut être OK pour un jour, en faire un passage obligé devient risible. La mécanique du jeu s'affiche sous vos yeux, ne laissant place à aucune surprise, aucune originalité, dans une parodie involontaire et ennuyeuse de Un jour sans fin. Tout s'enchaîne comme les pages d'un bouquin qui se tournent immanquablement dans le même sens. Mince, mais on est dans un jeu vidéo ou non ? J'en ai pas l'impression...
Le jour de la marmotte
Les Plus
  • Du pixel art très très joli
  • L'ambiance générale
  • Un jeu qui prône le respect et les différences
Les Moins
  • Une suite qui dénature ses principes fondateurs
  • Des idées sous-exploitées
  • Un scénario en patchwork
  • Quelques bugs de freeze
Résultat

Neurodiver avait tout pour prolonger la profonde expérience de 2064 mais il n'en n'est rien. Un titre qui se joue en une micro poignée d'heures, focalisé uniquement sur des dialogues sans choix ni conséquences, abandonnant son aspect point & click. Que s'est-il passé ?

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