Test | Grounded
21 juin 2024

La Switch au fond du trou

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Grounded

Pour qui a grandi dans les années 1990, le film Chérie, j'ai rétréci les gosses vous a certainement marqué à vie. Quelle idée géniale de se retrouver réduit à la taille de fourmi, explorer un jardin parsemé de ballons et jouets abandonnés, survivre dans un milieu d'ordinaire inoffensif mais devenu une terrible jungle où la mort rode derrière chaque brin d'herbe. C'est le pitch de départ de Grounded, et sincèrement que rêver de mieux pour réinventer un environnement pourtant si familier ? Un peu plus de puissance dans le capot de la Switch, peut-être...

L'histoire

Par une belle matinée ensoleillée, dans une maison de banlieue américaine on ne peut plus typique, la télé tourne en fond sonore tandis que le petit déj des ados est servi. Mais, étrangement, personne n'est là pour l'engloutir. La télé bascule sur les actus, qui annoncent une terrible nouvelle : des enfants du quartier ont été enlevés, la police est sur le coup mais personne ne sait où ils sont. C'est comme s'ils s'étaient volatilisés... Il ne faudra pas chercher bien loin, car nos ados sont tout simplement dans le jardin de la maison, réduits à la taille d'insecte. Grounded démarre sur le réveil de votre personnage dans une valise avec protections en mousse, ouverte à même le sol. Aucun souvenir de comment vous avez atterri là. Ce n'est que plus tard, lors de la découverte de laboratoires hightech disséminés sur la carte, que vous comprenez qu'un savant fou vous a clairement ciblé, vous et vos petits potes, en vous utilisant comme cobayes pour ses expérimentations foireuses.
C'est quoi cette grosse mite

Le principe

La science infuse, vous en voulez une tasse ?

Grounded mélange tout un tas de classiques que vous connaissez par cœur. Une bonne dose de Chérie, j'ai rétréci les gosses pour l'univers : un jardin en pagaille, des insectes par dizaines, certains vaquants à leurs activités, d'autres vous prenant pour leur prochaine proie... Mais aussi des balles, cannettes, boîtes de céréales, outils de jardinage abandonnés ça et là, faisant pour vous des repères tels une tour Eiffel visible au loin. Ajoutez une mécanique de craft et d'exploration, façon ARK : Survival Evolved et tous les jeux du même genre. Au gré de votre exploration entre brins d'herbe et branchettes, vous glanez des ressources, fabriquez des armes, améliorez vos outils, constituez des protections... progressivement, vous parvenez à apprivoiser ce monde qui vous entoure, à la fois bien connu et tellement nouveau.

Grâce à des labos éparpillés par votre mystérieux kindappeur, vous apprenez à décortiquer des morceaux d'insecte, à combiner des éléments entre eux, améliorant vos compétences et connaissances de manière assez linéaire. Et comme tout jeu de craft, vos ressources sont comptées et les objets nécessitent plusieurs matériaux travaillés pour être constitués. C'est là que Grounded ouvre un champ vertigineux, truffé de menus et sous-menus, par catégorie de produits (attaque, abris, nourriture, protections, etc.), avec de multiples ramifications.
Lara Craft chez les minipousses

Le multi

Spiderman en vue.

Grounded s'est lancé comme un jeu avant tout multijoueur, où la coopération prend tout son sens. Et c'est toujours le cas sur Switch, qui autorise le jeu multi entre amis connectés sur Switch ou même sur d'autres plateformes. Un très bon point, qui nécessite tout de même de bien se coordonner avec ses contacts pour réaliser une session en même temps. À plusieurs, vous pouvez donc vous répartir les tâches, définir des rôles, avancer plus vite dans l'aventure.

La version Switch se joue également très bien en solo. L'aventure est un peu plus aride, le sentiment de solitude l'emporte souvent, personne ne viendra vous filer un coup de main dans les situations tendues. Sous la terrasse, personne ne vous entendra crier.
La solidité de votre amitié testée grandeur nature

Le portage Switch

Le nombre de fonctions disponibles à l'écran fait très peur.

La gestion de l'interface de gestion uniquement à la manette manque de fluidité, contraignant le jeu à proposer des raccourcis mais sans pour autant faciliter l'usage. Il n'est donc pas rare de voir attribué deux boutons différents pour la même action, selon l'écran dans lequel vous vous trouvez. Sans compter qu'une action sera différente si vous pressez le bouton ou si vous le laissez enfoncé : autant dire que l'effort d'apprentissage pour maîtriser l'interface découragera plus d'un joueur téméraire. Détail important : se perdre dans les menus de craft ne met pas pause le jeu, vous avez donc tout le loisir de vous faire bouffer pendant que vous tentez de comprendre comment fabriquer tel ou tel objet.

L'autre point noir porte sur les capacités de la console de Nintendo. Ne faites pas l'erreur de regarder des images du jeu originel, les comparer avec ce portage vous retournera l'estomac. La Switch peine à afficher un décor correct, la visibilité ne dépasse pas les 10 mètres (enfin dans le jeu ça représente 10 centimètres), les textures se chargent grossièrement, la console finissant même par ramer sévèrement lorsque plus de 5 insectes se présentent à l'écran. En résumé : une expérience qui peine à vous immerger dans l'aventure.
Accroche-toi, petite machine !

Pour qui ?

Splish splash splosh

Après ses premières minutes de découverte émerveillée, Grounded révèle son aspect survie qui n'a rien d'une promenade de santé. Ne vous fiez pas à l'univers un peu enfantin qui s'en dégage, ici tout est question de vie ou de mort. Si les jeux de survie et craft sont votre dada, explorer l'univers miniature que ce terrain propose sera une véritable bouffée d'air frais – du moins, légèrement rance dans sa version Switch. Si au contraire vous êtes là pour faire du camping, faire griller une patte de sauterelle en se racontant des histoires au coin du feu, admirer le jardin et ses jolies bêbêtes, eh bien... vous ne vivrez pas longtemps. L'univers de Grounded est impitoyable, et malheureusement votre meilleur outil qu'est la Switch se révèle trop rouillé pour vous être utile à vous en tirer sain et sauf.
Bienvenue dans l'enfer vert

L'anecdote

Espérance de vie moyenne par session de jeu : 4 minutes.

Au tout début de ce test, j'ai mis le jeu entre les mains de Junior, 6 ans, qui a résumé son expérience de quelques minutes par "Wow, c'est trop génial !". Mais dès qu'il a fallu ouvrir des menus pour se fabriquer une hachette, il a lâché l'affaire. Ce que je comprends, j'ai presque eu envie de faire pareil. Grounded est un jeu plein de promesses mais dont la prise en mains, en tout cas sur Switch, manque cruellement de fluidité. Tout semble complexe, chargé, pénible. Mon expérience mi-figue mi-raisin s'est sensiblement améliorée quand j'ai cessé d'explorer dans tous les sens pour me focaliser sur les quelques objectifs affichés à l'écran (dénués de marqueurs sur la carte, débrouillez-vous). Une fois la confiance rétablie, elle est retombée au plus bas lorsque j'ai dû rejoindre le deuxième laboratoire, celui niché dans un arbre au sud de la carte. Je pense que je ne suis jamais autant mort dans un jeu vidéo. Quand il faut sauter de brindille en champignon à une hauteur vertigineuse, une fois sur deux le petit corps de mon fébrile personnage se retrouve éclaté au sol. Sincèrement, quelqu'un a réussi à rejoindre ce 2e laboratoire ?
L'être humain n'est pas fait pour les hauteurs
Les Plus
  • La promesse de base
  • Explorer le jardin
Les Moins
  • Lâché dans la nature sans aucun guide
  • La mort du haut de chaque branche d'arbre
  • L'interface façon NASA
  • Le lag de la Switch
Résultat

Grounded est plein de promesses. Mais la Switch est là pour les tacler d'un coup sec derrière la nuque. Une interface chargée au point d'être rebutante, des graphismes dignes de 2005, un lag à la limite du supportable : non, Grounded ne mérite pas ça. Si ces aspects ne vous arrêtent pas, notez que le titre d'Obsidian n'est pas tendre avec ses joueurs. La mort rode et l'esprit bon enfant de Chérie, j'ai rétréci les gosses est vite remplacé par une ambiance de survivaliste forcené. Vous allez tailler, creuser, mourir, concasser, couper, trancher, mourir, fuir, sauter, tomber, mourir, sans relâche et sans répit.

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