Test | Infinity Strash : Dragon Quest The Adventure of Dai
17 févr. 2024

L'aventure bafouée

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Infinity Strash

Enfin l'aventure de Daï, ou bien de Fly pour les moins jeunes, est portée en jeu vidéo. Infinity Strash : Dragon Quest The Adventure of Dai nous promet un action-RPG splendide qui retrace l'aventure de ce héros mythique. Sur le papier, c'est top, ça fait appel à la nostalgie des plus vieux et vous vous dites qu'avec les technologies actuelles, ça ne peut que être bon. Mais la vérité est bien plus cruelle, ce Dragon Quest est une véritable déception.

L'histoire

Le jeu reprend la trame de l'œuvre originale. Que vous ayez lu les mangas ou vu le dessin animé, vous retrouverez tous les temps forts de l'œuvre à travers le jeu, mais pas comme vous l'imaginez. Le choix, curieux, a été de raconter l'histoire à travers des plans figés de l'animé. Le doublage est présent, mais tout le scénario est raconté à travers des captures d'écrans. C'est complètement improbable de faire ce choix mais c'est aussi extrêmement malhonnête car à aucun moment dans le trailer de sortie du jeu ce genre d'images figurent. Quand vous voyez les vidéos publiées pour la promotion du jeu, vous pensez tomber sur un travail de mise en scène grâce à des cinématiques réalisées avec le moteur du jeu. Vous ne vous attendez pas forcément à tout revoir car c'est tout bonnement impossible et cela demande un travail colossal, mais vous ne vous attendez pas à cela. Aucun effort n'a été fait sur ce plan, c'est un énorme doigt d'honneur aux fans et à l'œuvre elle même de la représenter d'une telle façon. Les images auraient pu rappeler le style manga, mais non, là encore, dans l'habillage de ces images, rien ne rappelle le manga. Ce sont littéralement des captures d'écrans de l'animé avec un contour immonde qui vous racontent l'histoire. Et c'est long, très long.

Vous avez le droit à de longs moments de scénario. Les vidéos peuvent durer 20 minutes car oui il y a beaucoup de matière et d'éléments scénaristiques dans Daï. Au lieu de montrer un épisode avec un montage à la Dragon Ball Kaï pour correspondre au moment de l'histoire et au moment où ils veulent nous amener, ils vous proposent des captures d'écrans. C'est une véritable honte pour un jeu Square Enix. Ces moments d'histoire sont d'autant plus interminables qu'ils sont divisés en chapitres. Vous devez parfois subir, car oui après un certain temps vous subissez, plusieurs chapitres d'histoire d'affilé avant de pouvoir combattre pendant cinq minutes. Ceux qui connaissent l'histoire passeront sûrement ces moments interminables et ceux qui ne connaissent pas se demanderont bien ce qui a rendu ce manga culte et génial. Ce choix des développeurs dessert le jeu tout comme l'œuvre dont il est issu. Mais l'enfer de Daï ne fait que commencer car elle se retranscrit aussi dans son gameplay.
Un bien triste gâchis

Les combats

Un tel moment gâché par une mise en scène de feignants.

Là encore, vous vous demandez ce qui a motivé les choix qui ont amené à proposer un tel gameplay. Le jeu comprend le mot "Adventure" dans son titre mais il n'en est rien. Alors que vous auriez imaginé un jeu avec de vastes niveaux, vous vous retrouvez avec soit des niveaux minuscules dans lesquels vous devez tuer des monstres sans aucun intérêt avec pour seul objectif de tuer tout le monde dans la zone, soit avec des combats de boss dans des arènes. Le jeu n'est qu'une succession d'arènes vides qui, il faut le reconnaître, retranscrivent bien les lieux iconiques du manga. Vous vous retrouvez finalement avec un soi-disant jeu de rôle qui aurait dû être un simple jeu de combat qui vous aurait permis d'incarner tous les personnages. Là, vous devez vous contenter de quatre personnages qui, lorsqu'ils sont tous dans l'arène, cassent le jeu et ne laissent aucune chance au boss que vous affrontez.

A contrario, quand vous êtes seul face à un boss, vous prenez des roustes comme dans un mauvais Souls-like où il est impossible d'esquiver ou de parer un coup correctement. Vous avez constamment une impression de lourdeur et surtout d'imprécision. Vous ne pouvez pas esquiver deux attaques successives alors que les boss enchaînent tous au moins trois attaques de base. Le jeu se transforme donc en un hit and run idiot dans lequel aucune stratégie n'est possible. Sa rigidité le rend inaccessible aux plus jeunes tant certains combats sont frustrants. Les boss ont tous une jauge de stamina qui, une fois mise à zéro après leur avoir tapé dessus comme un fou, vous donne la possibilité de leur taper encore plus dessus. Mais à part le fait qu'ils ne bougent pas pendant quelques secondes, vous n'avez pas l'impression de leur faire spécialement plus de dégâts. Si vous pensez qu'utiliser l'attaque spéciale de votre personnage changera la donne, sachez que ce n'est pas toujours vrai. Tout cela rend l'expérience vraiment bancale puisque vous devez passer le combat à fuir à défaut d'avoir un système d'esquive et de parade cohérent et bien pensé.
Des combats imprécis et brouillons, dommage, c'est l'essentiel du jeu

Le Sanctuaire

Les quêtes annexes sont pour la plupart honteuses.

Dans Infinity Strash : Dragon Quest The Adventure of Dai, il existe plusieurs types de missions. Les "missions" de scénario qui vous invitent simplement à subir les captures d'écran comme précisé plus haut, les missions de combat qui vous font revivre certains moments-clés de l'histoire, les missions secondaires qui vous font attaquer des monstres idiots et inutiles et le Sanctuaire. Ce dernier vous fait parcourir des salles les unes après les autres dans lesquelles vous devez affronter des monstres à la manière d'un rogue-like. Certaines salles vous donnent la mission de tuer tout le monde dans le temps imparti afin de récolter encore plus de récompenses. Ces récompenses récoltées vous permettent d'améliorer vos sorts et vos Souvenirs qui sont des cartes qui améliorent vos statistiques. Pour améliorer vos souvenirs, vous devez en récupérer des identiques dans le Sanctuaire ; vous les obtenez de manière aléatoire, il est donc compliqué d'améliorer un Souvenir spécifique. Vous faites évoluer vos personnages en fonction de ce que vous trouvez, pas en fonction de ce que vous désirez pour eux.

L'ajout de ce mode est plutôt judicieux mais il pâtit du gameplay approximatif et rend le tout plutôt laborieux. Le seul avantage est la possibilité de pouvoir enchaîner les combats rapidement et sans les missions de scénario. La progression reste très frustrante car vous n'avez clairement pas le choix et pas de stratégie à mettre en place pour orienter le loot de vos passages dans le Sanctuaire. De plus vous parcourez des salles carrées qui font toutes la même taille, l'ennui s'installe donc rapidement aussi dans ce mode.
Il fallait bien trouver un moyen de rallonger la durée de vie

Pour qui ?

Le moteur graphique du jeu est superbe et se prête bien à l'univers.

Le jeu commence avec un affrontement contre Baran qui vous fait perdre tout vos souvenirs et donc reprendre l'aventure depuis le début. Pourtant l'histoire de Daï est logique et propose une progression cohérente dans le développement des différents personnages : de l'apprentissage à la maturité. Le manga commence logiquement, le personnage principal passe par des phases d'apprentissage avec des entraînements mais les développeurs n'ont pas cru bon de reprendre ces scènes pour en faire des tutos lorsque vous devez apprendre une nouvelle technique. Tant d'erreurs et de mauvais choix font qu'il est impossible de conseiller ce Infinity Strash à qui que ce soit, surtout pas aux fans de l'œuvre originale. Il est également déconseillé aux néophytes qui voudraient la découvrir à travers le jeu, ils en seraient dégoûtés.
La déception assurée sur tous les plans pour les fans
Les Plus
  • La modélisation des personnages est parfaite
  • Le doublage japonais
  • Les combats de boss fidèles au manga
Les Moins
  • Le gameplay est lourd et approximatif
  • Les captures d'écran pour raconter l'histoire, une honte
  • Le Sanctuaire, un mauvais rogue-like
  • L'amélioration des personnages aléatoire
  • Les combats à quatre contre un cassent le jeu
  • Les missions secondaires inutiles qui permettent juste une montée de niveau
  • L'ennui s'installe vite, trop vite
Résultat

Infinity Strash est une véritable déception sur la plupart des plans. Sa mise en scène, ses choix de gameplay et sa répétitivité, ses modes de jeux annexes non aboutis. Vous souhaitez un RPG avec une mise en scène passionnante et intéressante ? Jouez à Final Fantasy VII Remake. Vous souhaitez un jeu avec des combats de boss qui offre un challenge équilibré et un gameplay bien calibré et pas frustrant ? Jouez à Sekiro. Vous souhaitez un jeu dans lequel vous parcourez des salles aléatoires avec un butin à la clé ? Jouez à Hades. Les développeurs ont essayé de tout faire, mais ils ont tout fait mal... Il eut été plus judicieux de se cantonner à une adaptation classique de l'œuvre d'origine, d'autant que sur le plan visuel (personnages et effets visuels) le jeu est extrêmement soigné. Mais le physique, ça ne fait pas tout !

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