L'illusion était presque imparfaite
- Éditeur Ubisoft
- Développeur Ivory Tower
- Sortie initiale 14 sept. 2023
- Genre Course
Le temps passe et les volets de The Crew s'enchaînent sans que l'on comprenne vraiment pourquoi. Partie d'un principe ambitieux basé sur un monde ouvert démesuré et agrémenté de multijoueur, la série semble s'être perdue à lorgner du côté de la concurrence et de Forza Horizon. Et on ne va pas y aller par quatre chemins : ce n'est pas The Crew Motorfest qui va changer cette impression.
L'ambiance
En tête de liste, des commentaires radio omniprésents par les personnages du jeu. Cela peut paraître futile de s'attarder là-dessus, mais ça ne l'est pas. Premièrement car il faut se rendre compte de la chose : toutes les trente secondes, quelqu'un commente votre façon de conduire (pire que votre mari ou votre femme), se sent obligé d'apporter des précisions sur votre véhicule, ou fait même des commentaires qui n'ont rien à voir avec tout ça (les vacances avec Gisèle ? Sérieusement ?). Deuxième point important dans cette histoire. Bien sûr qu'il est possible de supprimer les voix en question. Néanmoins, le fait que les développeurs n'aient pas eux-mêmes équilibré les dialogues pose question : comment dans de tels studios, personne ne peut se rendre compte d'une aberration pareille ? Et dès lors, comment le joueur peut-il espérer une mécanique de précision pour le reste ? Le symbole est là.
Le principe
Les adeptes des jeux de course accessibles ne seront pas dépaysés.
The Crew Motorfest a donc cette fâcheuse tendance à vouloir en faire trop plutôt que de proposer des bases solides. Ici, la conduite est relativement désuète quand on parle des voitures. Favorisé tout de même par un mode Performance en 60 fps, le jeu ronronne sans jamais exiger grand chose du joueur. À la rigueur, c'est un parti pris commun sur ce secteur accessible. Là où cela devient problématique, c'est lorsqu'on y ajoute les autres véhicules (motos, bateaux, etc.), et que l'accumulation renforce un sentiment plus global. Lancez une courses dans la mer et vous aurez avant tout l'impression de vaguement conduire un bateau téléguidé sur une base de loisir. Quand le bateau monte en gamme (ou plutôt en poids) ou que le temps fait des siennes, c'est cette fois-ci la physique étrange qui fait des siennes.
La progression
Les épreuves annexes ne sont pas des plus passionnantes.
Reste alors le truc relativement sympa de The Crew Motorfest : l'achat et la customisation des bolides. Sans atteindre l'abondance (la nunucherie ?) du système de loterie d'Horizon, le jeu d'Ubisoft reste généreux dans sa démarche. Aussi, débloquer des bolides permet souvent de débloquer des playlists, ce qui reste toujours bon à prendre. Avec plus de 600 véhicule, autant dire qu'il y a de quoi faire (est-ce même seulement possible de parvenir à tout acheter ?), et il faut en plus ajouter toute la composante multijoueur s'inspirant là-aussi de Forza, que ce soit pour son approche du monde ouvert, les courses, mais surtout pour la confection de livrées permettant à tout le monde de personnaliser et exhiber son bolide. Pour infos, des concours sont même présents dans un hub.
Pour qui ?
Quelques ambiances sont plus ou moins réussies.
La réflexion
Plus c'est gros, plus ça passe.
- Des ambiances visuelles parfois sympas
- Un contenu conséquent
- Des épreuves et véhicules relativement variés
- Le 60 fps qui donne du peps
- Un jeu qui oublie la notion de confort (voyage rapide, menus à foison, etc.)
- Beau de loin mais loin d'être beau (textures pas toujours jolies, clipping présent, etc.)
- Une conduite peu grisante, et encore moins réaliste
- Les véhicules secondaires (motos, bateaux, etc.) à l'intérêt discutable
- L'ambiance et la parlotte...
- Forza Horizon version Canada Dry
Lorgnant toujours du côté d'Horizon, The Crew Motorfest n'a qu'une seule raison d'être : le fait que le titre de Microsoft ne sorte pas chez la concurrence. Pastiche même pas déguisé (il en reprend le principe, la formule et même l'ambiance ainsi que l'esthétique), le titre d'Ubisoft fait tout moins bien que son modèle. Graphismes alternant entre le bon et le moins bon, conduite insipide (voire franchement discutable dans certaines situations), ambiance encore plus abrutissante que la licence de Playground Games (et franchement, faut le vouloir)... Finalement, The Crew Motorfest en devient presque philosophique : a-t-il le droit d'être salué sous prétexte qu'une place lui est laissée sur le plan commercial ? Certains jugeront que oui, et ils pourraient même trouver l'expérience sympathique. D'autres ne pourront s'empêcher de se demander le sens de tout ça.