Test | The Crew Motorfest
05 oct. 2023

L'illusion était presque imparfaite

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The Crew Motorfest

Le temps passe et les volets de The Crew s'enchaînent sans que l'on comprenne vraiment pourquoi. Partie d'un principe ambitieux basé sur un monde ouvert démesuré et agrémenté de multijoueur, la série semble s'être perdue à lorgner du côté de la concurrence et de Forza Horizon. Et on ne va pas y aller par quatre chemins : ce n'est pas The Crew Motorfest qui va changer cette impression.

L'ambiance

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'on ne prend vraiment plus le temps de s'emmerder dans le secteur des jeux de course. Comme son prédécesseur, The Crew Motorfest singe Forza Horizon au-delà du raisonnable : un lieu paradisiaque (Hawaï), des jeunes "coolos" et adeptes de bolides, une ambiance de festival... même l'interface et le cachet visuel (ballons colorés, etc.) reprennent ceux du jeu de Microsoft. Déjà, cela pose des questions sur la démarche même de l'expérience, rejetant visiblement (presque) toute envie de se différencier du jeu à succès. Ensuite, il faut le dire : en faisant ce choix, The Crew Motorfest donne parfois l'impression de copier ce qu'il y a de pire dans Horizon. Et ce n'est pas tout, puisque le titre pousse les curseurs pour rendre l'expérience encore plus agaçante.

En tête de liste, des commentaires radio omniprésents par les personnages du jeu. Cela peut paraître futile de s'attarder là-dessus, mais ça ne l'est pas. Premièrement car il faut se rendre compte de la chose : toutes les trente secondes, quelqu'un commente votre façon de conduire (pire que votre mari ou votre femme), se sent obligé d'apporter des précisions sur votre véhicule, ou fait même des commentaires qui n'ont rien à voir avec tout ça (les vacances avec Gisèle ? Sérieusement ?). Deuxième point important dans cette histoire. Bien sûr qu'il est possible de supprimer les voix en question. Néanmoins, le fait que les développeurs n'aient pas eux-mêmes équilibré les dialogues pose question : comment dans de tels studios, personne ne peut se rendre compte d'une aberration pareille ? Et dès lors, comment le joueur peut-il espérer une mécanique de précision pour le reste ? Le symbole est là.
"Regarde la route, Bichette !"

Le principe

Les adeptes des jeux de course accessibles ne seront pas dépaysés.

Comme son prédécesseur, The Crew Motorfest se tourne donc vers le nombre d'épreuves pour tenter de se différencier de son concurrent. Il y a bien sûr quelques étapes peu passionnantes proposant des activités semblables à des mini-jeux. C'est le cas pour le concours de drift ou les épreuves de draxter (remplissez une jauge et passez les rapports aux moments adéquats pour l'emporter). Si l'idée n'est pas mauvaise en soi, le titre peine à convaincre en matière de sensations. D'un côté, les épreuves de drift mettent en exergue les soucis de conduite du jeu. Pour le draxter, il s'agit d'un simple mini-jeu semblant être à la portée de tous et s'apparentant pour ainsi dire à du remplissage. Et bien sûr, ce constat vaut pour la plupart des activités que l'on qualifiera de "secondaires".

The Crew Motorfest a donc cette fâcheuse tendance à vouloir en faire trop plutôt que de proposer des bases solides. Ici, la conduite est relativement désuète quand on parle des voitures. Favorisé tout de même par un mode Performance en 60 fps, le jeu ronronne sans jamais exiger grand chose du joueur. À la rigueur, c'est un parti pris commun sur ce secteur accessible. Là où cela devient problématique, c'est lorsqu'on y ajoute les autres véhicules (motos, bateaux, etc.), et que l'accumulation renforce un sentiment plus global. Lancez une courses dans la mer et vous aurez avant tout l'impression de vaguement conduire un bateau téléguidé sur une base de loisir. Quand le bateau monte en gamme (ou plutôt en poids) ou que le temps fait des siennes, c'est cette fois-ci la physique étrange qui fait des siennes.
À l'Ouest d'Hawaï, rien de nouveau

La progression

Les épreuves annexes ne sont pas des plus passionnantes.

Un sentiment de futilité et de remplissage qui se poursuit dans le système de progression. Plutôt commun en soi (le joueur sélectionne des séries d'épreuves appelées playlists), ce dernier a la mauvais idée de nous imposer les trajets avant de débloquer le voyage rapide. Cette fonctionnalité nécessite ainsi de terminer une dizaine de playlists, soit entre 60 et 70 courses auxquelles il faut parfois ajouter des trajets de 10 km. Autant dire que tout cela prend un certain temps... et on se demande pour ainsi dire le but de ceci. Si la conduite avait été aux petits oignons, nous aurions pu penser voir en ce choix un certain amour de l'automobile, ou du dépaysement. En l'occurence, difficile de voir là-dedans autre chose qu'une atteinte au confort de jeu.

Reste alors le truc relativement sympa de The Crew Motorfest : l'achat et la customisation des bolides. Sans atteindre l'abondance (la nunucherie ?) du système de loterie d'Horizon, le jeu d'Ubisoft reste généreux dans sa démarche. Aussi, débloquer des bolides permet souvent de débloquer des playlists, ce qui reste toujours bon à prendre. Avec plus de 600 véhicule, autant dire qu'il y a de quoi faire (est-ce même seulement possible de parvenir à tout acheter ?), et il faut en plus ajouter toute la composante multijoueur s'inspirant là-aussi de Forza, que ce soit pour son approche du monde ouvert, les courses, mais surtout pour la confection de livrées permettant à tout le monde de personnaliser et exhiber son bolide. Pour infos, des concours sont même présents dans un hub.
Des véhicules à gogo

Pour qui ?

Quelques ambiances sont plus ou moins réussies.

The Crew Motorfest se destine sans surprise à ceux qui ne peuvent jouer à Forza Horizon. Ainsi, les joueurs PlayStation y trouveront une version Canada Dry du jeu de Microsoft. Cela peut sembler dur, mais d'un autre côté, il faut avouer que le titre d'Ubisoft semble être seul sur ce créneau multi-support. Bien sûr, si vous avez déjà joué à Horizon et n'avez pas été séduit, il y a très peu de chance que The Crew Motorfest y parvienne. De même, d'ailleurs, si vous avez joué au précédent volet sans être convaincu. Vous l'aurez compris, pas grand chose de neuf au pays des jeux de course "pour le fun".
Les joueurs PlayStation, peut-être...

La réflexion

Plus c'est gros, plus ça passe.

Il s'agit d'ailleurs d'un véritablement problème lié au genre. Depuis Forza Horizon 2, la formule initiale n'a finalement que peu changé. On peut même se demander si la solution de facilité, pour le jeu de Microsoft et Playground Games, en vue d'un éventuel sixième volet, ne serait pas de reprendre la seule spécificité de The Crew Motorfest : les véhicules en mer et dans les airs. Franchement, on espère qu'ils ne céderont jamais à cette tentation, tant le genre semble tourner en rond.
Le voleur volé ?
Les Plus
  • Des ambiances visuelles parfois sympas
  • Un contenu conséquent
  • Des épreuves et véhicules relativement variés
  • Le 60 fps qui donne du peps
Les Moins
  • Un jeu qui oublie la notion de confort (voyage rapide, menus à foison, etc.)
  • Beau de loin mais loin d'être beau (textures pas toujours jolies, clipping présent, etc.)
  • Une conduite peu grisante, et encore moins réaliste
  • Les véhicules secondaires (motos, bateaux, etc.) à l'intérêt discutable
  • L'ambiance et la parlotte...
  • Forza Horizon version Canada Dry
Résultat

Lorgnant toujours du côté d'Horizon, The Crew Motorfest n'a qu'une seule raison d'être : le fait que le titre de Microsoft ne sorte pas chez la concurrence. Pastiche même pas déguisé (il en reprend le principe, la formule et même l'ambiance ainsi que l'esthétique), le titre d'Ubisoft fait tout moins bien que son modèle. Graphismes alternant entre le bon et le moins bon, conduite insipide (voire franchement discutable dans certaines situations), ambiance encore plus abrutissante que la licence de Playground Games (et franchement, faut le vouloir)... Finalement, The Crew Motorfest en devient presque philosophique : a-t-il le droit d'être salué sous prétexte qu'une place lui est laissée sur le plan commercial ? Certains jugeront que oui, et ils pourraient même trouver l'expérience sympathique. D'autres ne pourront s'empêcher de se demander le sens de tout ça.

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