Test | Dune : Spice Wars

19 sept. 2023

Dune : Spice Wars oppose cinq Maisons : Corrino (l'Empereur), Harkonnen (les brutes), Atréides (les grosses victimes qui accouchent d'un sauveur), les Fremen (les natifs), et les Contrebandiers (les filous). Tous se disputent l'Épice, une ressource aussi rare que précieuse. Tous se livrent une guerre sans merci pour la récolter – une guerre où tous les coups sont permis, comme assassiner un rival. Tous se battent surtout pour leur propre survie sur Arrakis, la planète aride qui est la vraie star du jeu : entre ses vers des sables, ses tempêtes Coriolis et ses déserts profonds mortels, vos unités vont souffrir.

Si vous pensez que Dune : Spice Wars est un jeu de stratégie en temps réel où vous pouvez produire des unités à la chaîne et les vomir sur vos ennemis, vous allez être déçu : pas de zerg rush ici. Vous êtes dans un 4X, pour eXplore, eXpand, eXploit et eXterminate (exploration, expansion, exploitation et extermination). Que ce soit dans la campagne solo ou dans les escarmouches en multi, une partie classique commence avec un ornithoptère, un véhicule de reconnaissance aérien qui va dévoiler la carte et les ressources. Vous allez ensuite assigner vos premières unités à la conquête de bastions, seul moyen de créer des bâtiments et de collecter des ressources – notamment la fameuse Épice, ou encore de l'eau pour survivre. Vous pouvez commercer avec les autres maisons, mener des missions d'espionnage, faire des recherches technologiques et procéder à des votes pour obtenir des bonus. Bref, ne croyez pas que la force seule suffise : vous pouvez perdre la partie même si vous dominez le champ de bataille... dans la lignée des Humankind et autres Stellaris.

La vraie différence avec ces autres 4X, c'est le terrain de jeu : Arrakis, la planète hostile conçue par l'auteur de science-fiction Frank Herbert et immortalisée au cinéma par David Lynch ou encore Denis Villeneuve. Vous envoyez une moissonneuse récolter l'Épice, ou une armée conquérir une base ennemie ? Les vibrations dans le sol vont attirer les vers des sables, capables d'engloutir vos unités. Vous traversez une étendue de désert profond pour prendre l'ennemi à revers ? Attention, elle épuise les rations de vos hommes tellement vite que beaucoup vont mourir. Vous avez regroupé toutes vos unités au même endroit ? Une tempête peut à tout moment les frapper – et si vous les déplacez, vous risquez d'affronter les périls précédemment cités. La planète Arrakis vous oblige à adapter vos stratégies et à utiliser au mieux les particularités de la Maison choisie. C'est un énorme atout par rapport à n'importe quel autre 4X dont le terrain est généralement neutre.

Ne vous laissez pas surprendre par les graphismes très réussis et par la popularité du livre comme des films : Spice Wars est un 4X exigeant, aride, au rythme posé. Même si le jeu se déroule en temps réel, sans les "tours" à passer de la plupart des 4X, une bataille se gagne lentement, avec des groupes d'unités très longs à produire et à déployer. C'est vraiment la réflexion qui est mise en avant, pas la capacité à multiplier les casernes et les unités. Chaque Maison encourage une façon de jouer, comme la diplomatie pour les Atréides et le pillage pour les Harkonnen, avec à chaque fois trois avantages et un handicap ; ce qui renouvelle beaucoup l'intérêt d'une partie à l'autre. Si vous aimez les 4X, foncez : à leurs mécaniques classiques, Spice Wars ajoute la prise en compte du terrain, particulièrement hostile – un vrai bonheur, notamment pour les fans.

Si j'insiste autant sur le fait que Spice Wars n'est pas un jeu de stratégie en temps réel, c'est que son ancêtre a littéralement inventé le genre. Sorti en 1992, Dune II: Battle for Arrakis a posé les bases : construction, création d'unités, destruction. Deux ans après, c'est WarCraft qui embrayait avec des mécaniques et une interface comparables, puis Command & Conquer dont je vous conseille le Remaster. Mais le jeu qui m'a le plus marqué à l'époque est Dune 2000, une relecture de l'ancêtre avec des graphismes et une interface modernisés. Voir à quel point l'univers de Frank Herbert traverse les époques tout en captivant l'imagination des développeurs est incroyable – Arrakis, la planète des sables, n'a pas fini de nous faire rêver.