Danse avec l'élu
- Éditeur Rockstar Games
- Développeur Rockstar Games
- Sortie initiale 30 avr. 2010
- Genres Action, Aventure, Monde ouvert, Third Person Shooter
13 ans après sa sortie fracassante, Red Dead Redemption et son DLC Undead Nightmare débarquent en l'état sur Switch tel une énième rediffusion d'un vieux western. Le hit de Rockstar est-il aussi indémodable que cette arrivée inattendue le laisse entendre ? Sans mise à jour visuelle et sans grande surprise, la réponse n'est pas si évidente.
L'histoire
John débarque tout penaud devant le fort tenu par son ancien camarade de colt pour lui demander gentiment de se rendre, sur un malentendu ça peut fonctionner sait-on jamais. La politesse de notre héros manquera de lui coûter la vie, et c'est dans cette ambiance de far-west à la frontière mexicaine que John va se faire de nouveaux potes heureux de voir débarquer un étranger venu déloger l'indécrottable brigand dans son fortin. Vous y décelez là la recette miracle de Rockstar : enchaîner les missions et services jusqu'à ce que quelques personnages vous soient suffisamment redevables afin de vous aider à prendre le fort d'assaut. Manque de pot, votre cible s'est faite la malle au Mexique, c'est là que s'ouvre la deuxième partie du jeu. Qu'à cela ne tienne, un Mars et une Despe, et ça repart.
Le principe
Ça c'est bien sûr, John...
Alors si la mécanique est bien connue, comment aborder ce Red Dead vieux de 13 ans ? Clairement, plus que l'eau, des océans ont coulé sous les ponts du genre depuis. En bien, notamment graphiquement, évidemment. Mais aussi en moins bien, et c'est là que rejouer à Red Dead Redemption trouve son intérêt. Vous n'êtes pas encore assailli de notifications sur l'écran, d'icônes sur la carte, d'innombrables sous-missions de collection. En cela, Red Dead est un jeu posé, où se concentrer sur son trajet à cheval sans se soucier de s'arrêter tous les cinq mètres se révèle particulièrement agréable.
Même si le titre souffre de quelques allers-retours abusifs, de manque de clarté dans les situations déclenchées sur votre passage (par exemple quand deux protagonistes se frittent et vous interpellent, difficile de décerner la victime de l'assaillant, vous avez donc une chance sur deux d'abattre l'innocent), ou encore d'un abus de la mini-map qui vous révèle trop facilement les positions ennemies lors des canardages... Mis à part ces quelques erreurs acceptables, Red Dead Redemption se joue en réalité plutôt naturellement, et cela, nous l'avions peut-être collectivement oublié.
Le portage Switch
Le jeu est carrément méta en fait.
Cette version comprend l'extension Undead Nightmare qui prend place dans le même environnement de jeu. Une manière habile de revisiter New Austin, ses personnages, ses décors... le tout dans une lugubre ambiance de fin du monde où de nombreux Américains ont le réflexe de mettre cette épidémie sur le dos des Mexicains. Les dialogues sont acides, John reste fidèle à lui-même, à la fois intègre et bon samaritain local.
Pour qui ?
John s'est reconverti en dentiste mais étrangement aucun client ne lui laisse d'avis Google.
Pour poursuivre le focus sur ce portage, les utilisateurs de Switch que nous sommes ont le choix entre suivre l'aventure sur console de salon, avec une lisibilité optimale, et shooter des brutes en mode portable. Cette dernière option révèle, une fois n'est pas coutume, les limites de la console hybride de Nintendo : des missions de nuit difficilement lisibles, un HUD globalement trop petit, des sous-titres qu'il faudra agrandir au maximum dans les options pour avoir une chance de les décrypter... Même si jouer à Red Dead Redemption dans un train roulant à travers le désert (oui bon, imaginons) s'avère particulièrement grisant, il faudra faire avec le matériel qui vous est proposé, malgré le fait que le jeu soit originellement destiné à des consoles moins puissantes. La véritable question, au fond, est voulez-vous (re)jouer à un hit de 2010 ?
L'anecdote
Est-ce que t'es pas trop vieux pour ces conneries John ?
J'avais également oublié à quel point Red Dead Redemption est un jeu "simple". Entendez par là qu'il ne vous assomme pas à peine la botte posée sur la première planche de saloon poussiéreux venu : le jeu vous laisse tranquille. Il vous laisse jouer à votre rythme. Vous voulez rusher la campagne solo ? Pas de problème, enchaînez les missions principales. Vous voulez vous la couler douce ? Ça marche, achetez des chambres un peu partout, jouez au poker et au black-jack, répondez présent aux quelques sollicitations de la population locale. Mais même en voulant être partout à la fois, vous n'avez jamais 50 missions ouvertes en parallèle, au mieux trois ou quatre et encore, la plupart attendent juste que vous alliez collecter votre récompense. Et je suis sûr que comme moi, jouer à un jeu tranquillement, ça vous a manqué. Mince, qu'est-ce qu'on vieillit...
- Une aventure bien ficelée
- Un jeu pas trop intrusif
- Le mode Undead Nightmare
- Un plaisir de retourner dans cet univers sale et violent
- Visuellement d'une ancienne génération
- Tout juste lisible en écran portable, moyennant quelques ajustements d'interface
- Aucune amélioration apportée dans ce portage
Soyons honnêtes, l'appréciation première de ce portage n'était pas dingue. Mais au fil de ce test, force est de constater que Red Dead Redemption n'a pas vraiment perdu de sa superbe. Certes, il est graphiquement daté. Mais si vous parvenez à mettre cela de côté, vous apprécierez son côté posé, limité dans ses sollicitations, vous permettant de dérouler une aventure des grands chemins aux côtés de John Marston, ce cow-boy au grand cœur. Cerise sur le gâteau, Undead Nightmare revisite New Austin sous un angle fantastique bienvenu, l'occasion d'enfiler à nouveau ce Stetson qui vous va si bien. Allez, une dernière danse ?