Test | Aliens : Dark Descent
19 juin 2023

Remontée acide

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Aliens : Dark Descent

Les marines sont de retour dans Aliens : Dark Descent. Le problème, c'est qu'ils ne sont pas seuls : une nuée de Xénomorphes tueurs sème le chaos sur la planète Lethe. Et c'est à vous de faire le ménage dans ce jeu d'action tactique qui retranscrit à merveille l'ambiance poisseuse des films.

L'histoire

Ce n'est pas votre jour, Administrateur Maeko Hayes. Votre poisson rouge vous a mordu, vous avez renversé du café sur votre uniforme et vous avez failli sourire dans l'ascenseur. C'est pile le jour qu'un débile a choisi pour libérer un Xénomorphe dans votre satellite – vous allez récupérer une arme, jouer à cache-cache avec l'alien puis tout faire sauter, dans la plus pure tradition des films. Sauf que là, ce n'est que le tutoriel...
Récupérez une arme, évitez l'alien, faites tout sauter

Le principe

Apprenez à bien utiliser tourelles et lance-flammes pour barrer des chemins... et survivre.

Quand le jeu commence vraiment, la claque est magistrale. La nuit, les éclairs, la pluie. La navette de débarquement Cheyenne. Le véhicule de reconnaissance blindé M540 qui fait un clin d'œil aux fans de James Cameron. Les couloirs obscurs à balayer avec vos lampes torches... Le travail sur la lumière est dingue : non seulement la gestion des ombres est hyper réaliste, laissant souvent des indices (ou des ennemis) dans l'ombre, mais la poussière et la fumée sont admirablement gérées. Il suffit de lancer une fusée sur un groupe d'aliens pour s'en rendre compte – l'occasion de tester le gameplay de ce XCOM 2 en temps réel, au-delà de sa plastique irréprochable et de sa réinterprétation parfaite de l'univers des films.
Le jeu transpire la peur et l'amour des films

Le gameplay

Non seulement le jeu rend hommage aux éclairages bleus de Cameron, mais je suis en train de looter.

Contrairement à tous les jeux tactiques, Aliens : Dark Descent ne propose pas de tour par tour. Tout se passe en temps réel ; vous pouvez seulement ralentir l'action avec la touche espace. Autre différence : vous ne contrôlez pas chaque marine individuellement. Vous donnez un ordre et ils se déplacent en groupe, surveillant leurs flancs et leurs arrières – l'impression de diriger un vrai commando est saisissante. Chacun a sa personnalité, réagit différemment au stress (gâche ses munitions, vise moins bien etc) et peut même développer des phobies (flammes etc). Le tout marche vraiment bien, dynamisant un genre qui en avait besoin, un peu comme Gears Tactics en 2020.

C'est déjà suffisant pour faire un bon jeu. Mais là où les développeurs français de Tindalos Interactive ont eu une idée de génie, c'est avec le level design. Les différents niveaux, qui ont tous un agencement de pièces crédible (réfectoire, salle de contrôle, etc.), sont persistants. Si vous soudez une porte, ou faites sauter une barricade au C4, cela va rester en l'état. Pareil si vous lootez une caisse dont vous n'aviez pas besoin (soins, munitions, etc.) : elle restera vide si vous revenez plus tard. Ce qui est souvent nécessaire : il est vital d'ouvrir des raccourcis, un peu à la Dark Souls, puis de quitter le niveau en évacuant les blessés. Avant de revenir avec une équipe reposée et mieux équipée... surtout quand vous progressez dans la campagne solo et que la menace alien augmente en intensité. Ajoutez à cela une tension supplémentaire : si vous perdez un marine, c'est définitif. Vu l'expérience nécessaire pour manier les armes les plus avancées, lance-flammes et autres lance-roquettes, vous allez faire attention, très attention, à vos vétérans.
Ce jeu prend des risques avec les canons du genre... et ça marche !

Pour qui ?

Ces Gardiens fanatiques côtoient les aliens grâce à un Chestburster logé dans leur cage thoracique.

Tout n'est pas rouge sang pour autant pour les amoureux de jeux tactiques musclés. Aliens : Dark Descent souffre de ralentissements lors des changements de caméra, sur deux configurations différentes (Intel Core i5 avec RTX 3080, AMD Ryzen 7 6800HS avec Radeon RX 6700S). Il y a aussi des problèmes de pathfinding dans les niveaux tortueux – un marine quitte le groupe et trace son chemin tout seul, ou se bloque dans le décor (sans doute un hommage à Command & Conquer Remastered). Il y a aussi des bugs de collision, le blindé M540 passant à travers les portes fermées par exemple (ça nous arrange cela dit) ; quand ce n'est pas un marine inanimé qui flotte en l'air derrière celui censé le porter. Surtout, il y a les sauvegardes automatiques qui ruinent le rythme.

Le jeu sauvegarde n'importe comment : parfois toutes les 2-3 minutes, et parfois non. J'ai passé jusqu'à 28 minutes sans sauvegarde, la trouille au ventre, en me disant à chaque porte, après chaque combat : c'est bon, le jeu va sauvegarder maintenant. Même pas. En théorie, verrouiller une salle permet de se reposer et de sauvegarder, à la Resident Evil 2 Remake... à condition de garder des outils en réserve, indispensables pour souder les portes et bien sûr très rares. Frustrant. C'est dommage car la tension laisse la place à l'agacement, surtout avec la permadeath des Marines – quand on choisit ce type de gameplay, on ne peut se rater ni sur la technique, ni sur les sauvegardes. Carton rouge enfin pour ces grosses fenêtres pop-up « VOUS ALLEZ CANER, SOUHAITEZ-VOUS CONTINUER ? » qui ruinent tout effet de surprise avant une grosse attaque. Soit le jeu sauvegarde régulièrement et ne dit rien. Soit les sauvegardes sont rares et là, pourquoi pas – même si le recours à la narration environnementale ou aux dialogues serait plus subtil.
Il faut vraiment aimer les films pour pardonner les bugs

L'anecdote

Les promotions augmentent l'efficacité des marines. Et notre attachement aux vétérans.

Laissez-moi vous présenter Léon "Gamatomic" Sharp, un vétéran que j'ai protégé jalousement, comme une lionne élève ses petits. Malgré sa malchance légendaire (il est capable de se coincer le machin dans la braguette), Léon a été le premier à hériter du lance-flammes, payé une fortune à l'atelier. Le premier aussi à créer un mur de feu salvateur entre son groupe et la ruche, un peu énervée après que j'eus cramé leur Reine. Ah, je m'y étais attaché à Léon la Poisse.

Et puis paf, l'accident bête, une jambe coupée par un Broyeur – un nouvel alien qui charge comme un tricératops. Léon a perdu connaissance, il pissait le sang. Un Xénomorphe a commencé à le traîner pour en faire une pondeuse, je l'ai arrêté net au pompe. J'ai ramené Léon sur le dos d'un marine jusqu'au blindé M540. Évacuation en Cheyenne. Amputation. 6 jours à l'hosto, un trauma à guérir en plus, mais au final, lui et son lance-flammes ont fait des étincelles sur la station Pioneer comme sur les missions suivantes. Et je l'ai promu, la larme à l'œil. C'est comme dans XCOM 2 : vous les renommez, changez leurs fringues, personnalisez leur équipement, les faites gagner en compétences spéciales. Vous les bichonnez : infirmerie, unités de soins psy, entraînement. Et vous vous y attachez... jusqu'à la mission de trop. Priez pour que la dernière sauvegarde remonte à 3 minutes et pas à 28...
"N'handicapez pas vos enfants en leur rendant la vie facile" – Robert Heinlein
Les Plus
  • L'ambiance, la peur
  • Le contrôle du commando en temps réel, bien vu
  • Les niveaux persistants que l'on revisite pour finir les objectifs
  • L'IA des aliens qui donne vraiment l'impression d'être traqué
  • La maintenance de son commando : compétences, santé physique et mentale, armement...
  • Les éclairages, les décors somptueux
Les Moins
  • Les sauvegardes automatiques aléatoires
  • Les bugs
  • Le pathfinding
  • Les ralentissements pendant les cinématiques avec le moteur 3D
  • Les vidéos en précalculé, parfois vieillottes
  • Les visages et les dialogues, surtout au QG
Résultat

Aliens : Dark Descent a beaucoup de qualités, et autant de défauts. Côté pile, c'est un jeu qui a pris des risques payants avec son gameplay nerveux – gérer son commando en temps réel donne des sueurs froides et des bouffées d'adrénaline... quand ça marche. Côté face, les bugs et les sauvegardes aléatoires rendent la progression parfois frustrante, surtout avec la permadeath. Ce qui nous fait pardonner ces défauts ? L'ambiance incroyable. L'amour des films, qui inspirait déjà Alien : Isolation. Oh cette sensation d'être traqué en permanence ! La Reine Alien et ses projos bleus ! Le chat tigré de l'unité de soins psy ! Sans oublier les nouvelles créatures et la secte des adorateurs de Xénomorphes, un twist créatif qui varie objectifs et gameplay. Une belle lettre d'amour aux films et au genre tactique, si vous êtes prêt à en pardonner les fautes d'orthographe.

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