Viscéralement fascinant
- Éditeur Nightdive Studios
- Développeur Nightdive Studios
- Sortie initiale 30 mai 2023
- Genres Aventure, First Person Shooter
Quel sacré gloubi-boulga, la série des System Shock. Un projet de troisième opus a pointé le bout de son nez il y a quelques années avant de – probablement – passer à la trappe, au grand dam des fans. C'est le moment choisi par l'équipe de Nightdive Studios, fanatique de retrogaming des années 1990 et de la remasterisation d'oldies, pour ce remake ô combien alléchant de System Shock !
L'histoire
Le coup de polish
Cette cuvée permet dorénavent de visiter son petit chez soi.
De son côté, le pitch aujourd'hui simpliste de System Shock est loin de desservir sa proposition. Une IA malveillante prend le contrôle d'une station, il faut l'arrêter. Passé ensuite la caractérisation antédiluvienne du protagoniste qu'on oublie heureusement rapidement, la narration se trouve au service d'une complexité de gameplay suffisante pour pallier la banalité du propos de base. Ici, le gameplay prime avant l'histoire puisque la narration EST le gameplay.
C'est aussi sur son bestiaire confectionné avec crédibilité que le remake brille pour son coup de polish. Dans son univers ô combien réfléchi, System Shock ouvre une réalité où David Cronenberg aurait réalisé un Alien. Les corps défigurés côtoient la perfection des entités robotiques qui hantent la station. Un monde où Shodan cherche à forger les humains à son image sans atteindre une stabilité suffisante. D'autant plus que vous voilà prêt à dézinguer tout son travail. Mention spéciale à Shodan dont chaque intervention est à vous glacer le sang. Notez de plus que pour le plaisir des joueurs de la première heure, Nightdive Studios a fait à nouveau appel à Terri Brosius, l'interprète de l'époque. La mise en scène est largement magnifiée par la révision offerte par le studio.
Le concept
Et ça commence par un bon coup de tuyau dans les circuits !
Ne vous y trompez pas, malgré sa progression tentaculaire, System Shock reste un FPS centré sur l'action. Vous êtes là pour coller des balles dans la tête – ou dans la puce – de vos ennemis. Disséminé un peu partout, un large arsenal est à votre disposition. C'est là qu'intervient une surcouche légèrement jeu de rôlistique avec les augmentations persistantes ou temporaires que vous pouvez amasser – du boost au regain de santé, de la protection à l'amélioration de caractéristiques physiques ou d'armes. La difficulté se joue maintenant avec votre inventaire limité, une des très bonnes nouveautés proposées par le remake. À vous de faire les choix adaptés à votre approche préférée. Le sacrifice d'une arme, de collectibles ou de divers modules se fait au bénéfice d'autres éléments. Dommage que l'intelligence artificielle des ennemis soit prédictible, sans être une tare. System Shock Remake sait qu'il est un jeu, et le montre à chaque instant. À vous de comprendre le fonctionnement de chaque adversaire pour savoir comment le vaincre en prenant parti de ce qui vous entoure.
La Citadelle
Chaque étage sait vous accueillir avec toute la sympathie qu'il vous doit.
Votre objectif à court terme est de progresser dans la station. Vous commencez tout en bas et l'idée est de monter toujours plus haut. L'exploration est un mot-clé de votre expérience. Grandement récompensée, elle vous permet d'obtenir les outils, de résoudre des mécanismes – sous forme d'énigmes – et surtout les informations dont vous avez besoin pour progresser. Cette approche fait le pont entre l'idée du metroidvania et celle de l'immersive sim. Beaucoup d'allers-retours sont nécessaires pour mener à bien votre mission, puisque certains éléments permettent de débloquer des zones plus loin. Chaque expérience est aussi une opportunité d'en apprendre un peu plus. Bien analyser son environnement et faire attention à chaque mémo laissé par un habitant de la station est une brique narrative supplémentaire dans votre compréhension du monde.
L’environnement
Un cyberespace un peu plus éclatant qu'il y a 30 ans.
Par moments, vous êtes amené à parcourir le cyberespace. C'est tout simplement une représentation ludique de phases de hacking. Vous êtes plongé dans un genre de metaverse sous forme de shooter dans lequel l'objectif est de détruire – à la façon d'un Luke Skywalker qui détruirait l'Étoile Noire – un genre de flux en bout de parcours. Ces situations alternent parcours et dogfight avec son gameplay bien à lui. Une fois cela mené à bien, une porte verrouillée dans le monde réel se débloque et vous permet de continuer votre chemin. Ces portions de jeu se trouvent être éloignées du cœur de jeu et sont en deçà du reste de la proposition. Heureusement, celles-ci sont moins fréquentes et ne heurtent pas le flow du jeu. Le dernier passage dans le cyberespace – dont les détails sont omis pour éviter tout spoil – est malheureusement anticlimatique et son aspect brouillon dessert la section finale.
Pour qui ?
"See that mountain ? You can climb it." – Todd Howard, 2011
L'anecdote
Ça sentirait pas un peu l'alien par ici ?
Aux prémisses, c'est Ultima Underworld qui ouvre le bal du genre. Il pose les premières pierres, System Shock pose les suivantes, puis d'autres viennent ajouter les briques nécessaires à concrétiser un genre. Ainsi, certaines notions ne sont pas forcément présentes dans chacun des titres. Par exemple, le gameplay émergent ne fait véritablement que sa première apparition dans la série intéressée avec System Shock 2.
Le studio est initialement pionnier dans le genre, mais Arkane Studio est rapidement devenu un incontournable dans le milieu avec notamment Dishonored, Prey et d'autres. Warren Spector, ancien de Looking Glass Studios fait dorénavant équipe avec un collègue de l'époque au sein de OtherSide Entertainment. Après avoir espéré réaliser un System Shock 3, ils travailleraient dorénavant sur une nouvelle proposition d'immersive sim.
- Un incontournable du genre
- Une refonte visuelle largement à la hauteur du titre
- Une progression jouissive au possible
- Un remake qui ne se fiche pas de vous
- Mention spéciale à Shodan dont chaque intervention est à vous glacer le sang
- Une interface – carte – qui manque de lisibilité
Ce qui fait la force de System Shock Remake, c'est d'être toujours valable de nos jours. Et c'est énervant d'être toujours aussi bon 30 ans plus tard. La force de son gameplay novateur pour l'époque est un cocon amplement suffisant pour un remake. Classique du genre et viscéralement fascinant, il est temps de foncer. Et il ne reste qu'une chose à dire : à quand un System Shock 2 Remake ?