Test | Advance Wars 1+2 Re-Boot Camp

09 mai 2023

Sonnez l'alerte ! Le pays voisin nous envahit ! Mais quelle mouche l'a piquée ? Heureusement nos jeunes généraux Andy, Sami et Max, fraîchement sortis de l'académie, mènent la contre-attaque. Alors oui, beaucoup de personnages ne dépassent pas les 15 ans et sont pourtant à la tête d'armées, avouons que cela intrigue quelque peu. Où sont les adultes ? Et surtout : sur cette planète aux territoires limitrophes, tous semblent sortir de la même académie pour se mettre ensuite sur le coin de la figure à coup de canons de 37 mm. La guerre, mais version cour de récré. Quoi qu'il en soit, il faut défendre son territoire : vous représentez Orange Star et ses trois généraux, chacun ayant des capacités spéciales pouvant retourner le cours d'une bataille.

D'une contre-attaque légitime, l'équipe Orange Star devient sous son air bonhomme une véritable machine à tuer : si les dialogues entre les missions indiquent clairement que vous êtes en position de défense, la carte tactique affiche l'inverse. Vous traversez les pays ennemis, balayez leurs armées, mais disons que c'est pour le bien commun : un mystérieux général inconnu vous a tous montés les uns contre les autres, et les généraux ennemis l'admettent eux-mêmes... une bonne bataille permet de se retrouver et de lier des amitiés. Bienvenue dans le Fight Club.

La prouesse de Advance Wars 1+2 Re-Boot Camp, c'est de rendre accessible au plus grand nombre les mécaniques de grands jeux de stratégie au tour par tour. Sur une carte aux bordures délimitées et au terrain propice à des déplacements plus ou moins compliqués se situent généralement deux camps : le vôtre et celui de l'ennemi. Chacun abrite son quartier général, qui en cas de capture signifie la capitulation immédiate. Et aussi des villes neutres qui une fois capturées augmentent vos ressources. Ainsi que des bases terrestres, navales ou aériennes, pour produire des unités. Chacune ayant ses forces et ses faiblesses envers les unités ennemies qui sont en tout point identiques aux vôtres. Pour faire simple : c'est un pierre-feuille-ciseaux géant. Pour écraser l'adversaire, libre à vous d'être créatif. Vous pouvez l'avoir à l'usure, vous infiltrer derrière ses lignes pour capturer son QG, ou jouer au rouleau compresseur. Si les cartes laissent une certaine liberté, il n'est pas rare de tomber sur des missions où seule une approche précise mène à la victoire.

Lorsque c'est votre tour, à vous de déterminer quelles unités engager dans le combat, lesquelles protéger ou déplacer. Une fois vos actions terminées, c'est au tour de l'adversaire – vous ne pouvez plus rien faire, si ce n'est apprécier les animations de combat (que vous couperez rapidement) et prier pour qu'il n'ait pas vu votre fantassin parti en éclaireur pour tenter une capture rapide du QG... Ah, mince, si, son bombardier l'a vu et l'a exterminé. À chaque tour, votre personnage engrange de l'énergie qui une fois au maximum lui permet de libérer un pouvoir : Andy peut réparer 2 points de chaque unité ; Max voit sa force brute décuplée en combat direct ; Sonja peut scanner la carte et lever temporairement le brouillard de guerre... Les différents généraux proposent une variété d'atouts mais pour en profiter librement il faudra quitter le mode campagne, qui se limite aux trois principaux héros.

Aaaah, mais oui, c'est ça qu'on veut ! Pouvoir affronter autre chose que l'IA, se frotter à quelques cerveaux guerriers... Mais détrompez-vous. Advance Wars 1+2 Re-Boot Camp ne propose que deux modes de jeu : en local (ou sur la même console en se la passant), ou en ligne – uniquement avec des amis possédant le jeu. Vous l'aurez compris : impossible de lancer une escarmouche contre des inconnus. Ce qui a fait la force de Mario Kart 8 Deluxe chez Nintendo ou tout bêtement de titres comme Starcraft en son temps est ici complètement ignoré. Pourquoi ? Peut-être parce que les parties peuvent aisément durer entre 20 et 45 minutes et que le risque de déconnexion par abandon est trop grand ? Cela aurait pu être évité avec des cartes plus petites, un chrono de tour, un classement avec malus par abandon... ou juste la possibilité de jouer en local sur des cartes partagées publiquement. Mais non, rien de tout ça. Quel dommage, quel dommage !

Advance Wars 1+2 Re-Boot Camp s'adresse sans difficulté aux plus jeunes comme au plus aguerris. Si le jeu aurait pu partir dans des ramifications complexes de RPG à base de héros qui évoluent en cours d'aventure, il n'en n'est rien et c'est tant mieux. Le titre peut souffrir d'une certaine monotonie une fois les unités maîtrisées, d'autant que la campagne ne permet pas de varier les plaisirs en termes de généraux, mais la diversité des cartes et la difficulté croissante vous tiendront en haleine.

Annexer les deux titres dans un bundle risque aussi de vous étouffer au bout d'un moment. Le premier titre dispose d'une bonne durée de vie ; une pause avec un autre jeu avant d'enchaîner avec le second vous évitera l'essoufflement. Le deuxième titre reprend les bases du premier, avec quelques subtilités : deux paliers de pouvoirs, des objectifs de missions légèrement différents... et autant d'heures de jeu en perspective.

Quel plaisir de retrouver Advance Wars 1+2 Re-Boot Camp près de 20 ans après les avoir terminés à l'époque sur GBA. L'occasion de se rappeler que la série est arrivée chez nous avec ces épisodes mais qu'elle préexistait au Japon sur NES et Super Nintendo ! Et qu'après cela, des titres sur DS ont maintenu l'excitation de ce type de jeu guerrier mais bon esprit... avec avouons-le un côté dérangeant à voir ces bambins prendre les armes. J'ai pour ma part été enchanté de replonger dans les briefing de Nell, mais avec tout de même deux frustrations majeures liées au portage Switch.

D'abord, j'ai naïvement commencé à jouer en tapant du doigt sur mes unités, comme je le faisais à l'époque sur DS au stylet, mais... rien, pas de réponse. Le jeu n'est pas tactile ? Alors qu'il s'y prête particulièrement bien ?! Ensuite, j'ai ouvert l'éditeur de cartes et là je m'en suis donné à cœur joie. Tiens, une petite base par ici, allez, une chaîne de montagnes par-là... Une fois mon œuvre terminée, bon déjà il faut passer par douze menus pour la tester, mais surtout je ne pouvais pas l'uploader à la manière des niveaux de Super Mario Maker 2 ! Non, ces cartes créées à la sueur de mon front ne peuvent être jouées qu'avec mes amis qui possèdent le jeu. Autrement dit : pas grand monde !